Adieu Mimi ma camarade .Tu es décédée à 90 ans dans un hôpital de Marseille ou malgré ce que j'avais demandé on ne m'a pas averti de l'aggravation de ton état !Ton nom était Mireille Jourdan .Ton père instituteur révoqué par Vichy était dans ce village résistant du Champsaur (Chauffayer )le responsable de l"A.S. L'autre instituteur était lui le responsable des FTP /Les deux malgré leurs affiliations différentes n'étaient pas hostiles l'un avec l'autre..Dans le village il y avait deux familles juives -dont la mienne - Hébergées par Jean Jourdan .Et comme il m'arrivait de porter des plis de l'un à l'autre mon "pseudo-bien que nous étions là avec nos faux papiers (j'en ai gardé un à mon faux nom Kervol ) était "le petit juif de chez Jourdan "Au moment des combats sur la route dite Napoléon après le débarquement en Provence on a appris qu'une colonne allemande partait de Gap et empruntait cette route vers Grenoble harcelée par les maquis.Elle fit halte à Chauffayer et nous nous étions en contre bas du village.Là Jean Jourdan nous a demndé en nous confiant une paire de jumelles d'aller vers le petit village qui surplombait la route qui faisait à partir de Chauffayer un vaste cercle qui lui faisait franchir la rivière Séveraisse .Au passage harcelé par les maquisards les allemands brulèrent un ferme et tuèrent deux résistants capturés au passage dont l'un -je ne savais pas que c'était lui avait été au lycée de Gap dans ma classe de troisième !Avec Mimi nous nous sommes postés à 200 m de la route qui passait en contre bas et avons vu passer la colonne qui tiraillait au hasard mais les balles nous passaient au dessus .Nous avons vu la colonne se diriger vers le barrage du Sautet puis Corps et de là ou nous étions nous pouvions la suivre sur 6 à 8 kilomètres Nous sommes Mimi et moi revenus à Chauffayer pour y trouver l'avant garde américaine entourée par des FFI et nous avons pu ( je baragouinais un peu l'anglais) leur montrer ce que nous avions vu sur une carte.Puis avec un paquet de cigarettes pour mon père -qui après de multiples péripéties nous avait rejoint à Chauffayer -et qui n'avait plus de Gauloises car dénué de carte de tabac.Alors que j'étais tout fier ( j'avais juste 15 ans et Mimi 17 Ma mère en vraie mère juive angoissée m'a flanqué une paire de claque pour me punir (mais céla été très momentané !!) de l'avoir angoissée par mon comportement avantureux C-était la Libération ! Nous avons gardé sans cesse des liens étroits avec le village -Sans demander pour eux que la famille Jourdan soient nommés "Justes" car nous considérions que c'était à la République française d'honorer ceux qui avaient accuelli et protégé les juifs persécutés /J'ai pu obtenir la Légion d'honneur pour Jean Jourdan - et les palmes académiques pour son épouse qui a vécu jusqu'à 107 ans doyennes des Hautes-Alpes Moi j'ai été dispensé de l'oral du premier bac en 1945 .Mimi a fait sa pharmacie et a exercé à Grimaud dans le midi puis a habité Marseille à sa retraite.A la mort de ses parents elle n'avait pas d'autre famille et j'ai continué à avoir des liens chaleureux et j'allais régulièrement la voir à Marseille Nous nous écrivions mutuellement Elle m(appelait Loulou et moi je la nommais Mimi.Dans sa dernière lettre que je garde précieusement elle me disait avec humour que nous avions contribué à la victoire finale -mais c(est quand même assez exagéré !)J'ai voulu par ce récit l'honorer comme elle le méritait !
Billet de blog 8 mars 2018
Adieu Mimi
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