Quand on mène une campagne avec un programme dont le fil directeur est vaguement entre deux eaux et en pratiquant des "coups médiatiques" tacticiens à des fins purement courtermistes sur des sondages (exemple type les fameux 75 % sortis du chapeau au Bourget pour un simple "effet" sur la campagne du vote utile) il ne faut pas s'étonner d'avoir de gros problèmes de pilotage ensuite, une fois le "pouvoir en poche".
Une fois au pouvoir que faire en effet ? : Ce que les gens ont cru entendre selon leur interprétation ? ou ce qu'on pensait faire sans vouloir le dire tout en ne le niant surtout pas vraiment, sans toutefois démentir totalement le contraire, mais sans affirmer non plus que ce qui est mal entendu peut être vrai, mais seulement vraisemblable ou plausible, peut-être possible, quoique pas franchement probable, ou pourrait l'être selon certaines circonstances qui ne sont peut-être pas celles qu'on croit ou qu'on aurait pu croire au moment ou on a dit ce qu'on a dit ? Vous avez compris ? Comme dit l'autre(*) : "si vous m'avez compris c'est que je me suis mal exprimé"
Voilà une devise qui sied assez bien à Hollande.
Bien sûr la 5ème République ne sort pas indemne de 5 ans de pratique sarkosyste, il l'a bien "colorée", imprégnée renforçant son travers monarchiste ...
le premier ministre ne sert plus à rien, les ministres vont au chateau pour faire une sorte de lobbying auprès des conseillers en vogue du monarque, que le monarque soit normal ou pas. Louis Capet le dernier des monarques de l'ancien régime, était au fond assez normal, en témoigne son air bonhomme et la simplicité de ses passions..la serrurerie par exemple ! mais un régime politique finit toujours par surplomber ses acteurs, même les normaux, à supposé qu'à ce niveau de responsabilité ça puisse exister sous la 5 ème !
La 5ème s'impose comme un monstre (**).
Mais là encore Monsieur Hollande est entre deux eaux, il parle de "moralisation" pour revoir les institutions à la marge, encore une fois on fait dans le symbolique en pratique, ce qui permet de tenir un discours seulement, mais qui n'agit pas sur le réel, j'allais dire surtout pas !
Je parle de monsieur Hollande, car même si on tente de nous orienter vers le premier ministre, c'est bien de la Présidence qu'il s'agit, c'est bien lui l'élu de ce printemps, c'est bien à lui qu'il faut et faudra réclamer des comptes.
Le langage "habile" pendant la campagne permettant de bons coups pour se faire élire ne peut aboutir qu'à un vaste et vague malentendu et donc inéluctablement au scénario actuel, d'autant plus quand le cadre institutionnel est celui de la 5 ème République.
Il faut en tirer les conclusions. On ne peut compter sur Hollande et sur le PS seul pour les tirer.
Première chose: faire que la démocratie refasse surface, ce qui veut dire intéresser le peuple souverain à ses affaires ... si j'ose dire à la première occasion. La première c'est la ratification du traité européen, donc débat et délibération par référendum.
Deuxième chose, dans l'ordre des urgences ... réunir une constituante pour tourner au plus tôt la page de cette 5 ème République.
Le reste n'est que travail de com' et contre com', affaire d'un certain microcosme journalistico-politico-affairiste dont les acteurs principaux se concentrent à plus de 90 % sur un rayon de 500 m autour du Chateau.
(*) l'autre, c'est Alan Greenspan, ex-patron de la Réserve fédérale américaine ... un vrai néolibéral qui lui s'assume comme tel et sait de quoi il parle !
(**) au sens ou Henri Gregoire l'emploie, notamment lorsqu'il qualifie l'ancien régime à travers la fonction du "roi" : Les rois sont dans l'ordre moral ce que sont les monstres dans l'ordre physique.
A noter encore que Henri Grégoire membre de la constituante de la 1er République réclama l'abolition totale des privilèges, proposa le premier la motion formelle d'abolir le droit d’aînesse, et combattit le cens du marc d'argent, exigeant l'instauration du suffrage universel.
Un exemple à suivre de nos jours encore, c'est pourquoi je me plais à le citer ici.