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Billet de blog 10 avril 2014

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Pour une politique de l'offre ... de l'offre politique à Gauche ou la leçon de Grenoble

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qu'est-ce qui a fait qu'à Grenoble la liste du rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes a fait dès le premier tour 30 % laissant la liste PS derrière à 25 %, sachant que Hollande avait fait en 2012 64 % au deuxième tour des élections présidentielles ?

Simplement et pour faire court,

1/ parce que c'était un rassemblement de citoyens issus de mouvements associatifs et de collectifs engagés dans la vie de la cité et le PS local pensait pouvoir s'affranchir de leur avis pour mener à bien sa politique que lui estimait être la bonne pour la ville.

2 /parce que EE-LV et le PG ont osé ensemble soutenir cette dynamique citoyenne, annonçant clairement leurs couleurs, le vert et le rouge.

De 20 à 25 % que représentait théoriquement sur le papier cette alliance vert/rouge au vu des résultats électoraux précédents, municipales de 2008 et présidentielles de 2012, le score a pourtant bondi à 30 % au premier tour des municipales 2014

Mais cette avertissement ne fut pas compris par le PS local, et dans un article que chacun trouvera sur le site de FR3 Alpes, Simon Labouret, « notre politologue de Sciences Po » comme le qualifie FR 3 Alpes, revient sur les résultats du second tour avec ce titre

Comprendre la victoire d’Eric Piolle à Grenoble (3) : l’amplification du second tour

Si vous êtes Grenoblois et connaissez un tant soit peu le contexte local, vous lirez sans doute avec intérêt l'ensemble de l'article, sinon vous pouvez très bien vous en tenir à la dernière partie que je me permets de reproduire ci-après, tant elle est généralisable en dehors du contexte grenoblois.

Après nous avoir expliqué le pari de Safar, candidat PS, qui s'entête à ne pas comprendre le message des urnes envoyé au premier tour (oui, lui aussi, lui déjà) le politologue de FR3 Alpes, nous parle de la manière dont la droite et le Ps réunis ont tenté de « sauver le soldat Safar »

Pour comprendre ce qui suit : Chamussy c'est l'UMP et l'UDI, Bonsy et Longevialle disons divers droit ou centre droit, les deux derniers ayant ouvertement déclaré voter Safar au deuxième tour

Laissons maintenant la parole à Simon Labouret, le politologue de FR 3 Alpes

La tectonique des transferts électoraux (pour simplifier et schématiser : du FN vers Chamussy, de Longevialle, Chamussy et Bonzy vers Safar, de Safar vers Piolle) a surtout profité à Éric Piolle au second tour, d’autant que ce dernier a pu compter sur le renfort massif d’abstentionnistes du premier tour, notamment dans des zones de force de la gauche. Ce dernier point constitue l’ultime clé pour comprendre la progression de la liste EELV-PG-citoyens au second tour. 

Bref les états major des droites et du PS sont tous désavoués par une partie de leurs électeurs qui glissent tous sur leur gauche et viennent ainsi apporter la victoire à la liste « gauchiste » verte et rouge. Je rappelle qu'entre les deux tours du FN au PS local la liste du rassemblement était qualifié d'un assemblage explosif d'écologistes intégristes avec les mélenchonnistes au combien dangereux, comme chacun sait et comme il se doit. Tous ont voulu faire peur, ils ont échoué.

Mais poursuivons la lecture de la conclusion de Simon Labouret, en ayant en tête que le sud de la ville, c'est par exemple la Villeneuve, enfin ce qu'on appelle parfois les "quartiers" ou "les cités", enfin vous voyez, là où vivent les plus défavorisés de nos concitoyens, là où le vote FN est censé progresser.

« Alors que beaucoup d’observateurs et de responsables politiques pensaient qu’une plus forte participation, notamment dans le sud de la ville, profiterait à la liste Safar, il n’en a rien été : ce qui faisait l’attrait du second tour pour une majeure partie des nouveaux votants, ce n’était pas de sauver le pouvoir socialiste mais bien davantage de participer à sa chute. Surfant sur sa nouvelle stature médiatique et sur sa légitimité accrue à incarner une alternative à gauche, Éric Piolle a bénéficié d’une dynamique irrésistible : la possibilité de renverser la table sans casser les murs – c’est-à-dire éjecter le PS sans faire basculer la ville à droite – était bien trop alléchante pour toute une partie des électeurs de gauche, notamment parmi ceux qui étaient les plus mécontents du gouvernement. De ce point de vue, la campagne de diabolisation de la liste Piolle menée par la droite et par les socialistes, a sans doute facilité le travail de mobilisation des abstentionnistes en faveur d’Éric Piolle, en donnant envie à beaucoup d’électeurs de gauche de se défouler contre le pouvoir socialiste local et national. »

Bon tout est dit ou presque : reste à discuter du terme « se défouler »

Car sur ce point je ne peux suivre l'analyse du politologue de FR 3, qui après avoir fait preuve d'une certaine clairvoyance retombe dans une erreur d'appréciation fatale, aussi fatale que fut l'erreur de Safar, aussi fatale que l'erreur de Hollande l'ayant conduit à promouvoir Valls à la tête d'un gouvernement ne remaniant que la communication.

Non le vote des grenoblois n'est pas un simple défoulement ou mouvement d'humeur, ; il s'agit d'un vote responsable et conscient qui invite à une autre politique à la fois quant à la méthode et sur les contenus.

Tenez, on connaît les brèves de comptoirs, en voici une qui nous vient je suppose du bar de l'Assemblée Nationale et qui explique la défaite du PS par les mauvais scores dans les « quartiers » avec cette fine analyse : c'est à cause du mariage pour tous, nos compatriotes de confession musulmanes auraient rejetés le PS parce que mécontents du mariage pour tous  ! Ben voyons, on les a bien vu tous défiler dans les rues et fournir le gros des troupes : au fait je ne me souviens plus très bien, ils étaient devant ou derrières les divisions de "catholiques" menés par Christine Boutin ?

Pour l'homophobie comme pour l'antisémitisme, ce pays n'a pas attendu le secours des musulmans pour montrer ses tristes dispositions...

Que le PS continue à se raconter des histoires de mauvaise communication, de pédagogie insuffisante en y ajoutant des raisons « sociétales » comme la question du mariage pour tous, il ne fera que justifier et amplifier une vague nationale dont le séisme grenoblois est annonciateur.

Dans les quartiers, comme ailleurs, quand on peut enfin voter pour une autre politique avec d'autres femmes et  hommes et d'autres méthodes, parce qu'une offre crédible est faite, on retrouve la voie des urnes et on se prononce avec détermination et clarté.

Le PS qui se lance dans la politique de l'offre, se trompe de sujet : c'est l'offre politique qu'il faut en effet développer.

La stratégie du Front de gauche c'est bien la promotion d'une offre politique de gauche. Il serait bon que tous ceux qui pensent qu'une autre politique avec d'autres contenus et méthodes est non seulement possible mais indispensable, contribuent a renforcer cette offre politique.

Au deuxième Meeting de la liste Eric Piolle EE-LV / PG se retrouvaient ensemble  sur le même plateau :

Tous doivent en tirer les bonnes conclusions, à commencer pour le prochain scrutin, celui des européennes.

Ensemble ils peuvent mobiliser et rassembler une majorité d'électeurs qui puissent s'exprimer ainsi

l'Europe oui, mais autrement

Autrement c'est à dire : nous voulons sortir :

  • d'un capitalisme mortifère, qui pour survivre impose l'austérité aux peuples
  • d'une Europe asociale, qui engendre les inégalités,
  • d'un système productiviste dangereux pour la planète,
  • d'une Europe qui autorise et même favorise par ces institutions une pratique assassine de la démocratie ?

Il est possible d'envoyer ce message clair qui n'a pas besoin de beaucoup de pédagogie et/ou de fortune en communication pour être entendu et compris du plus grand nombre.

Au de là de nos frontières aussi ce message serait entendu compris et amplifié.

Mesdames et Messieurs c'est le moment de parler aux citoyens de l'offre... oui mais de l'offre politique. Nous sommes prèts

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