Dans un article publié par la rédaction de Médiapart (lire ici), Nawel Gafsia et Henri Braun, avocats, dénoncent l'attitude de la France envers la Tunisie, exhortée par le gouvernement (par la voix de Juppé) à ne pas franchir la «ligne rouge» après la victoire du parti Ennahdha lors des élections.
D'accord, et je dirais même plus …
… en précisant d'abord que, si Juppé, au nom de la France, ferait bien mieux en effet de se montrer plus discret et modeste, ça ne doit pas nous empêcher, français ou pas, nous démocrates de tous les pays, d'être à la fois patients, mais aussi critiques et en tout cas vigilants, quant aux respects des valeurs démocratiques...
Critiques et singulièrement vigilants en France où elles ne sont pas en ce moment particulièrement en bonne santé, et ailleurs aussi, y compris en Tunisie donc.
"Rien n'est jamais acquis à l'homme, ni sa force ni sa faiblesse ..."
La démocratie reste toujours un combat, qu'il faut inlassablement mener. Jamais parfaite, jamais définitivement installée, elle est surtout une manière humaines de marcher ensemble respectant l'égalité de droit entre humains, liberté de penser et d'agir dans un cadre légal, et fraternité et solidarité envers tous nos "frères humains"(*) défavorisés, notamment par les accidents de la vie., et auxquels l'égalité de droit ne suffit pas, ne suffira jamais à garantir l'égalité de fait.
Être démocrate, c'est d'abord s'estimer capable de penser par soi-même.
C'est ensuite admettre que les règles de vie de la collectivité ne soient pas dictées d'autorité par un "souverain" autre que le peuple, par un "souverain" d'un autre lieu ou d'un autre temps.
C'est pourquoi il y a forcément quelque chose d'incompatible entre démocratie et application de la Charia, ou de tout autre "tables de la loi". Le premier objet de la démocratie est justement de définir ces tables de la loi du "vivre ensemble" : des tables qui ne sont pas révélées mais construites et adoptées par le '' peuple souverain'' qui doit pouvoir les faire évoluer.
Charia ou néolibéralisme ? : même incompatibilité avec la démocratie
Quand je parle de la Charia, c'est notamment en référence aux élections Tunisiennes (ne parlons pas de la Libye!), mais je pourrais tout aussi bien parler d'une autre "table de la loi", le néolibéralisme, qui comme nous le constatons se présente comme une loi incontournable et tente de s'imposer aux peuples.
Grecs et italiens sont en premières lignes en ce moment et subissent de plein fouet ce diktat, mais peu ou prou, tous les peuples sont désormais sommés de se soumettre, bon gré, mal gré.
Et le fait de se soumettre d'avance pour ne pas avoir à se soumettre plus tard n'est que le fruit d'un esprit plus "collabo" que "résistant" . Suivez mon regard : je parle de nous Peuple de France !
C'est notamment pourquoi, Monsieur Juppé ferait bien mieux de s'inquiéter de la santé de la démocratie française avant de s’inquiéter de celle de la Tunisie.
C'est pourquoi je considère que les rédacteurs de l'article ne sont pas allés aussi loin que j'eusse aimé, pour dénoncer y compris l'outrecuidance et la mauvaise posture de Juppé pour parler de démocratie : quand on plie aussi servilement l'échine devant les puissances d'argent au point de renier la démocratie, il faudrait avoir la pudeur de se taire !
Que chacun balaye devant sa porte d'abord. !
(*) l'expression "frères humains" ne doit pas faire oublier que plus de la moitié de nos "frères humains", sont des soeurs ! Il est très fâcheux que beaucoup de "tables de la lois" fassent de nos "soeurs humaines" des "sous-frères" : c'est même ce qui disqualifie irrémédiablement , pour en faire les bases d'une démocratie, ces "tables de la loi" dictée par un "souverain" d'un autre temps,
Pour penser au sens de sa vie, dans le cadre de ses convictions personnelles et privées, je n'en dis rien quant à leur pertinence ...pourvu qu'elles respectent l'indépendance d'esprit qui est un droit
"naturel" et imprescriptible de chaque homme et femme, ce qui inclut notamment, le droit de pouvoir les renier un jour sans subir de pression "sociale".