Un courant qui le dépasse
Le courant qui a porté à 17 % le vote pour Arnaud Montebourg au primaire du PS, n'est pas un courant PS, il est bien plus large, "ses" voix sont autant celles de Mélenchon, voire d'Eva Joly que les siennes.
Ce courant de Gauche est structurable en s'appuyant autant sur le front de Gauche, EELV, que sur la frange du PS prête à s'ouvrir qui a suivi Montebourg en interne. ll trouvera même d'autres "ions" potentiels provenant des radicaux de gauche voire de droite.
Un noyau fort autour de Mélenchon-Montebourg-Eva Joly peut provoquer un effet d'attraction important de toute une catégorie d'électeurs, actuellement électrons libres, qui sont pourtant acquis à une vision politique "alternative" sur les 5 points essentiels que sont :
- la question de la croissance sélective et soutenable
- la démondialisation et le protectionnisme "intelligent"
- le contrôle du pouvoir financier
- la justice sociale, l'égalité et l'affirmation d'une laîcité ferme et sereine
- la refonte des instituions républicaines
Les électeurs "électrons libres" cherchent à se fixer.
La plupart de ces "électrons libres" qui cherchent où se fixer se précipite actuellement autour des moindre pôles "alternatifs" en phase avec la plupart de ces 5 points.
Au premier tour des primaires citoyennes, c'est la candidature de Montebourg qui a donné l'occasion d'une expression publique à ce groupe d'électrons libres en voie d'agrégation. Aux primaires EELV ce sont quasi les mêmes qui ont infléchit les résultats en faveur d'Eva Joly, prenant déjà de court les "sondages".
A mesure que ce groupe se manifeste, il s'étoffe, car ses membres se rendent comptent qu'ils sont portés et porteurs d'un courant alternatif.
Ces présidentielles devraient être l'occasion de faire naître une offre politique alternative qui amplifie et consacre l'existence politique de ce courant.
Un courant porté par la classe intermédiaire, mais pas au sens des CSP
Je crois utile de lire, ou relire "après la démocratie" d'Emmanuel TODD. Le groupe social porteur du courant en voie de constitution, Emmanuel TODD l'a identifié : il ne se définit pas par les traditionnelles CSP (Catégories socio-Professionnelles) mais à partir de la structure "éducative" de la population.
Pour résumer : C'est la classe éducative montante moyenne/supérieure qui peut être celle qui fera basculer vers le changement de logique que prône Montebourg, Mélenchon et Eva Joly.
Dans toute révolution c'est la toujours la classe charnière intermédiaire qui assure la bascule, la classe dominée ne pouvant seul secouer le joug, il lui faut une alliée : la classe intermédiaire. Sauf qu'il ne faut plus raisonner à partir de la notion de classe fondée sur les CSP, pour définir les contours de cette classe intermédiaire.
On ne se débarrassera pas du sarkosisme en virant Sarkosy par un simple vote réputé "utile"
L'ouvrage d'Emmanuel TODD apporte bien d'autres éclairages et c'est pourquoi le lire (ou le relire) me semble indispensable avant de se lancer dans les présidentielles. Sa lecture rend parfaitement intelligible les mouvements qui travaillent actuellement le corps social et électoral. Elle permet aussi de s'apercevoir que pour sortir du sarkosisme, il ne suffira pas de battre Sarkosy en 2012, car Sarkosy n'est qu'un produit d'un système, et au delà de sa personne, il existe beaucoup de "génériques" aussi néfaste à la santé de la démocratie qu'un médicaments "générique" d'un mauvais médicament des laboratoires Servier peut l'être pour la santé publique
En somme, Sarkosy c'est l'effet, pas la cause des dérives de notre démocratie.
Le sarkosisme a des tas de génériques, y compris à gauche
En sommes nous bien convaincus ? Surtout quand nous raisonnons en vote "utile" : la réflexion d' Emmanuel TODD nous permet de mieux apprécier ce que peut-être le vrai vote utile. Au premier tour des primaires citoyenne, qui peut encore prétendre que le vote Montebourg n'a pas été un vote véritablement "utile " ?