Le journaliste se faisant l’écho de plusieurs auditeurs :
- Avez-vous voté la loi sur la prescription des délits financiers ....
Le député (l’air étonné, où alors il le joue bien !):
Quelle loi ? Elle été votée quand ?
Le journaliste (un rien gêné, il sent que sans le vouloir il a posé une question piège ) :
Heu, fin janvier début février, je pense
Le député (avec une innocence ou inconscience ou duplicité difficiles à interpréter) :
Ah bon, je ne sais pas, faut dire que je ne suis pas souvent à l’Assemblée en ce moment. Mon vote a -t-il été utilisé automatiquement, ce qui arrive dans les groupes, je ne sais pas …je ne peux pas dire ...
Et puis s’en suit tout un développement totalement hors sujet, le député assurant qu’il fera tout pour que cesse un tout autre problème sans rapport avec cette loi, loi qu’il dit ne pas connaître et qui le concerne pourtant directement en tant que parlementaire car ce que l’Assemblée vient de voter permet d’amnistier les malversations financières des parlementaires commises avant 2005, c’est une forme d’auto amnistie que les députés se sont octroyée par cette loi, pourtant inconnue du député et qu’il pourrait bien avoir voté sans le savoir la semaine dernière!Il ne sait pas ne peut pas répondre ! "je ne peux pas vous dire !"
Hum ça sent la bourde, le journaliste à tout de même du nez, ça sent la bourde difficile à récupérer, alors, toujours un peu gêné mais encore et toujours tout à fait bienveillant, le journaliste de donner gentiment et modestement ce conseil au député:
-vous devriez vous intéresser à cette loi parce que beaucoup d’auditeurs semblent s’y intéresser.
Et puis on passe vite à autre chose.
Les auditeurs auraient aimé voir un député, celui là précisément, réagir tout autrement ! Bien sûr le député aurait dû en savoir plus sur cette loi qu’il a sans doute voté ( à l’insu de son plein gré ? Ça arrive souvent on dirait!), loi qui le concerne justement en tant que parlementaire
Les auditeurs auraient aussi aimé voir le journaliste se montrer plus percutant ! Oui, le journaliste aurait pu lui faire remarquer que c’est bien légitimement que les auditeurs s’y intéressent à cette loi et donc à son vote et que sa réponse est fâcheuse, et même très fâcheuse vu le contexte des affaires actuelles concernant notamment l’ancien député Fillon, Et combien d’autres ? Combien d'autres députés, élus depuis plus de 12 ans donc déjà bien avant 2005, combien ont voté ou laissé voter cette loi " automatiquement" !
La scéne vous intéresse et vous voulez savoir qui étaient les acteurs de cette tragi-comédie ?
Le lieu : les studios de France Inter
Heure de la représentation de 8 h à 9 h ce lundi 27 février ( je doute que la scène soit rejouée même avec d'autres acteurs )
L’extrait du dialogue ci dessus c’est vers 8h 50
Dans le rôle du journaliste : Patrick Cohen,
Ah oui vous voulez bien sùr savoir qui tient le rôle du député ! Vous avez bien raison c’est en effet important.
Dans le rôle du député : Benoît Hamon.
Auront -ils un Oscar ou un César ? Peut-être mais pour distinguer quelle qualité ? Certainement pas leur "professionnalisme" en tout cas ! Peut-être l'oscar de la gaffe pour l'un et l'oscar de la complaisance servile pour l'autre!
Moralité, (si j’ose dire)
Je vous ai annoncé Marianne dans le titre. Qui est Marianne ?
Pour Marianne la scène se passe la veille, dimanche 26 février. Marianne me dit :
-Est-ce que j’ai les qualités pour être députée ?
Et elle ajoute
-Et puis je ne sais pas si j’ai envie de me retrouver dans ce milieu que je ne connais pas, je ne me reconnais pas dans cette « caste » politique, je ne me vois pas en faire partie.
Cette jeune femme, sollicitée pour se porter candidate, craint qu’on ne la pousse que parce qu’elle est une femme et qu’il faut la parité et que donc on se moque de savoir si elle peut ou pas, si elle a ou pas les qualités attendues. Elle dit que ce n’est pas trés valorisant d’être désignée quand on soupçonne que ça puisse être dans ces conditions, seulement parce qu'on est femme et qu'il faut la parité !
Convenons-en, elle a raison, ce n'est pas valorisant, ça ne donne pas envie, cependant j'ai tout de même essayé de la rassurer !
Marianne si beaucoup font appel à toi c’est qu’ils savent que tu as largement les qualités requises, sur ce point aucun doute, ils le savent parce qu'ils te connaissent et t'ont vu à l'oeuvre.
et j'ai poursuivi ainsi :
je comprends bien, Marianne, que tu n’aies pas un fort attrait pour intégrer un milieu à la fois machiste, rude et même parfois rustre, Ok ce n'est pas franchement le climat relationnel dont on peut rêver quand on mise comme toi plus sur la solidarité, le débat d’idée que sur les coups tordus, plus sur 'intérêt général" que sur la satisfaction d'intérêt privés, ceux d'un clan, d'une caste, ou d'amis, voire ceux de sa propre famille voire simplement sur des intérêts tout à fait personnels.
Je ne suis pas sûr d'avoir hier convaincu Marianne.
Alors ce matin je vais compléter ma réponse et lui adresser ce simple courriel :
Marianne,
tu aurais bien mieux tenue ta place sur les bancs de l’Assemblée que Benoît, car toi hier tu étais dans la manifestation contre la corruption et tu étais parfaitement au courant de cette loi que les députés se sont taillée pour leur propre intérêt, s’amnistiant des délits de détournements de fonds publics dont ils ont pu être coupables il y a plus de 12 ans : Tout ce qu’ils ont pu faire avant 2005 ils l’ont eux même discrètement effacé de l'ardoise à payer et un député candidat à la présidence de la République dis n’en rien savoir ! De quoi mettre en colère le plus passif des citoyens ! De quoi te faire réagir Marianne !
Voit-tu Marianne, ce type là, Benoît, ne se pose nullement la question de ses qualités quand il se déclare apte à devenir le Président d’une République où il détiendrait un étendue de pouvoir inégalée dans l’ensemble des pays démocratiques. Non lui ne se pose pas de questions, Marianne. Et toi, tu t’en poses, ce qui t’honore certes, mais te paralyse, dommage ! Vraiment dommage. Et à travers toi je penses à tous ces citoyens qui n’osent pas, et plus particulièrement aux citoyennes qui sont encore plus nombreuses à ne pas oser affirmer leur civisme,
Marianne, il faut basculer de leur piédestal ces êtres politiques là, et imposer une nouvelle manière de faire de la politique par une 6 ème République qui donne autant envie aux femmes qu’aux hommes d’être des élu(e)s, et qui en revanche dégoûte les opportunistes de venir y faire carrière. Et l’opportunisme semble bien une « qualité » plus répandue chez les hommes que chez les femmes, raison majeure de l’introuvable parité pourtant nécessaire. C’est urgent Marianne de te mobiliser : Elles et ils seront nombreux derrière toi à te soutenir pour bousculer la table ou se repaissent les opportunistes ! Lance toi Marianne ! Ose ! Nous avons besoin de toi insoumise !
....