Un discours du Bourget de plus ne sert à plus rien... en tout cas ne peut plus servir à Hollande.
Le premier avait pour seul objectif de participer à contrer la montée de Mélenchon que le PS pensait handicapant. Purement tactique, le discours du Bourget n'engageait que ceux qui voulaient y croire et surtout il a été perçu comme "un bon coup" politique par beaucoup de socialistes, rien de plus.
Bien évidemment il ne s'agit plus de discourir, il faut montrer par l'action, une action autant que possible cohérente, qui s'attaque aux problèmes. Il faut avoir un dessein ambitieux(*), désigner les leviers de l'action et obtenir le concours des forces sociales vivantes pour mettre en mouvement ces leviers.
La manière dont une partie du PS a pris le pouvoir sur le PS d'abord, puis sur une partie de la gauche et sur ses alliés verts pour enfin le prendre sur le Pays est un bel exercice d'usage des travers dangereux de la 5 ème République. Rien de moins, rien de plus
Ainsi, sauf à démontrer justement la dangerosité de cette république et l'habileté tactique de Hollande, cette prise de pouvoir ne prépare en rien la mise en oeuvre d'une politique à la hauteur des enjeux. On en est là !
L'essentiel du programme de Hollande est hélas déjà réalisé : écarter Sarkosy du pouvoir : Au final, nous en avons eu pour nos votes utiles,
Mais pour ce résultat, n'importe quel autre candidat du PS, (et pas seulement du PS d'ailleurs), aurait pu faire l'affaire ! Il nous a même fait peur Hollande, un peu de plus il n'y arrivait pas ! Pour réussir Hollande a bien eu besoin au deuxième tour d'électeurs qui ne lui faisaient pas confiance pour la suite ... et Mélenchon a bien le droit de parler des 4 millions d'électeurs qui se sont massivement portés sur Hollande pour assurer sa victoire quand on s'aperçoit que si seulement 1/4 avait fait défaut, Sarkosy réussissait l'impensable.
Le pouvoir socialiste tétanisé ! Pourquoi ?
Il faut d'abord retenir de la séquence électorale qui vient de se passer qu'elle aboutit à un pouvoir qui semble tétanisé.
La raison principale de la tétanie du pouvoir socialiste en place c'est que désormais ceux qui le détiennent sans partage ne peuvent que le perdre et déjà aucun n'ose bouger craignant le faux pas qui en ferait la première victime; Dans un tel climat l'ambition de chacun se limite à sauver sa place ... car tous ont un "désir d'avenir".
le PS est plus inquiet de son avenir que ce celui du Pays, c'est aussi une des leçons de la séquence électorale. mais celà ne doit pas trop surprendre, ce mal atteint quasi systèmatiquement toutes les "institutions" protégés par un système, elle finissent toute par être plus préoccupée d'elle que de ce pour quoi elle ont été fondée.
la 5ème protège le PS et l'UMP, si l'on veut bousculer l'un ou l'autre sans prendre le risque d'une aventure extrème, il faut être radical avec la 5 ème : la tuer pour faire naître la 6ème (**).
Mais sur ce point comment compter sur un PS, et surtout le courant droitier en place qui le domine, pour vouloir sincèrement changer une régle du jeu qui lui est favorable et dont il a su si bien se servir ? Ne comptons pas plus sur eux que sur l'autre "rentier" du système de la 5 ème, l'UMP.
Une commission pilotée par Jospin et Bachelot est un signe fort d'immobilisme. Vous imaginez Jospin faire la critique de ce qu'il a construit avec Chirac qui a eu pour effet de renforcer les travers de la 5 ème et accroitre sa dangerosité pour la démocratie et maintenant proposer de le défaire ?
(*) Un dessein ambitieux c'est avant tout des propositions claires qui présentent des alternatives crédibles , possibles, servant sans ambiguité l'intérêt général, suffisamment radicales (et non extrémistes, ne pas confondre) pour être nettement perçues par le plus grand nombre et concrètes pour que les forces vives du pays puissent s'en saisir, c'est à dire non seulement les soutenir, mais les faire vivre par l'action, par un engagement qui a du sens. Mais pour ça il ne faut pas avoir peur de ces forces vives et faut aussi les vivifier ou les revivifier et non pas s'en méfier ....