Pour en arriver à Alep .. en attendant d'autres villes martyres !
Depuis un bon siècle le Moyen Orient (arabe ou pas, musulman ou pas, car ce n'est pas le fond de la question) est l'objet de convoitise de la part des puissances occidentales, puis de l'URSS, puis de la Russie entrant "naturellement" dans le jeu d'influence dès lors qu'elle se considère ou reconsidère comme une puissance pas seulement régionale,... comme se considèrent bien sûr les Etats-Unis, et avant encore et toujours, la France et la Grande Bretagne, et ponctuellement l'Allemagne et même l'Italie en leur temps, pour ne parler que des acteurs non régionaux, bien que la Russie en soit pratiquement un, du moins le plus proche, ce qu'on oublie un peu vite et facilement en occident !
Je ne suis donc pas surpris de trouver dans le champ d'influence tous ces pays, et notamment la Russie, je me dis qu'il ne manque encore évidemment que la Chine, mais ça ne saurait tarder, elle pointe son nez.
La guerre idéale : juste et suivant les bonnes règles.
Je ne crois pas les "démocraties", toujours bien plus démocrates que les autres régimes à l'extérieur de leur frontière (elles ne le sont pas toujours autant qu'on le dit ou le croit à l'intérieur d'ailleurs) dés lors qu'elles sont en guerre, et quelle que soit la guerre...
Faut-il passer en revue tous les conflits depuis la fin de la deuxième guerre mondiale ... des "événements d'Algérie" à la deuxième guerre du Golfe, en passant par l'Indochine/Vietnam, le conflit israélo-palestinien, la guerre Iran/Irak des années 80 (bien instrumentalisée par les occidentaux) l'Afghanistan de l'occupation anglaise à celle de l'URSS, creuset de la fabrication de Al Qaida par les USA contre l'URSS ...
Dans chacun de ces conflits, de la torture aux crimes de guerre ou contre l'humanité aucune des puissance que je viens de citer ne s'est privés de tels moyens condamnables .. certains les revendiquant d'ailleurs (tortures et mines anti-personnelles pour les USA, à titre d'exemple : mais s'ils étaient les seuls "occidentaux" à avoir déraillé ! )
Bref la guerre n'a pas vraiment de règle, en dépit de ce qu'ici où là on voudrait nous faire croire : certains feraient une guerre juste et propre, on a même inventé le terme de chirurgicale pour tenter de nous le faire croire ! La chirurgie occidentale en Irak ce sont des dizaines de milliers de morts civils.
N'empêche, depuis que la guerre existe on a toujours entendu parlé de guerres justes, non sans rappeler que c'est tout de même assez souvent le vaincu qui est désigné par le vainqueur comme celui qui menait une guerre injuste. Le vainqueur a toujours raison, puisque c’est lui qui écrit l’histoire le plus souvent et qu’il a, pour la faire connaître, sa « bonne presse ».
Le bourrage de crane, conséquence de la guerre ou préalable à la guerre ?
Rien de tout ça n'est nouveau, le bourrage de crane fait parti de la guerre, il en est même toujours un préalable d’ailleurs, mieux l’annonciateur. La vérité serait la première victime de la guerre, c’est bien connu, mais il vaudrait mieux dire que le mensonge est la première arme de la guerre. Aussi désarmer le mensonge serait tout de même la meilleure manière de se passer de la guerre. Hélas, le plus souvent le mensonge est le seul moyen employé pour tenter de désarmer le mensonge de l’ennemi. Voilà qui s'appelle de l'engrenage, et à ce jeu là chacun gagne auprès de sa propre population... en s'en contente, puisque c'est le but même du jeu : avoir raison pour soi chez soi.
Le mensonge sert d’abord à fabriquer l’ennemi.
Nous en sommes là, à cette étape qui consiste à fabriquer un ennemi, et ceux qui battent le tambour aujourd’hui pour en découdre, demain, après un nombre certains de morts, de civils notamment, vous diront qu’il faut bien sûr négocier avec les belligérants pour faire la paix : pour faire la paix il faut avoir fait la guerre, pour faire la guerre il faut avoir un ennemi commun, pour avoir un ennemi il faut mentir !
Quand la guerre devient une solution pour certains ... au moment où les peuples se mettent à « mal voter »
La crise de l’industrie financière mondiale provoque des remous de fond et pour éviter des solutions jugées aventureuses par les tenants et le bénéficiaires de cette industrie folle, ces derniers ont-ils d’autres solutions que la désignation d’un ennemi et d’une « bonne guerre » ? Voilà aussi qui n’est pas nouveau.
Il y a toujours l’ennemi intérieur à trouver et désigner bien sûr : sur ce plan c’est bien engagé en France, vous m’avez compris. Ce qui est toujours efficace c’est de le relier avec un ennemi extérieur.. Avouez que sur ce point on est sur la « bonne » voie !
Non, je ne parle pas de la finance ! La finance n’est pas notre ennemie pour la « bonne » presse (ou alors comme elle le fut pour Hollande, de manière circonstancielle, le temps d'un discours). la finance est un peu plus souvent pointée comme ennemie dans les réseaux sociaux .. mais souvenons-nous que les réseaux sociaux véhiculent n’importe quelle information, selon la « bonne » presse !
Néanmoins, et selon la « bonne » presse elle même, cette finance s’invite et engage plus sûrement, et insidieusement bien sûr, dans les présidentielles françaises que la Russie a pu le faire dans les élections américaines et ne le fera en France en 2017 : depuis quelques jours, exactement à la même période qu’en 2012, voilà qu’on nous parle du taux d’emprunt de l’État auprès des banques, qui va monter, de la dette qui va donc redevenir insupportable, de la faillite du pays qui risque de s’en suivre. Et vous savez bien pourquoi les taux vont remonter en France surtout et plus qu’ailleurs ? Parce que bien sûr la France risque de ne plus être fiable : elle risque de mal voter au printemps.
Vous savez ce que ça veut dire « mal voter » pour la finance, je ne vous en dit pas plus, ce serait vous prendre pour des demeurés que vous n’êtes pas. Certes les peuples qui votent se montrent de plus en plus imprévisibles et dangereux, ils se mettent à voter contre les consignes pourtant bien et abondamment éclairées par la « bonne presse » qui entend bien ce que la finance lui explique et tente de vous l'inculquer.. Allez savoir pourquoi tant de zèle ? Peut-être pour le comprendre lire le récent livre de Jacques Généreux « La déconomie »
La manipulation est en route sur ce terrain là aussi … et je crains fort que l’ingérence des puissances financières soient bien plus pesante que celle de la Russie avec ses hackers !
Méfiez-vous des réseaux sociaux.. nous dit la « bonne presse »
Je sais que beaucoup pensent ici (et dans la "bonne" presse en général) que la presse « professionnelle » est plus fiable que les réseaux sociaux !!! Sur quoi se basent-ils ? En tout cas pas sur l’expérience et l’histoire : que l’on pense à Timisoara et aux armes de destruction massive de Sadam Hussein si on veut des illustrations. On me dira que la « bonne presse », embarquée avec nos troupes, ne dit pas que des contre-vérités et de vrais mensonges assumés, j’en conviens, il lui arrive même de mener de « saints » combats, surtout quand il n’y a pas d’enjeux guerriers, … et que ça ne contrevient pas à la ligne éditoriale. Des conditions pas toujours réunies ! Surtout actuellement.
« Mieux vaut tourner sept fois sa crosse dans la main »,(Brassens)
Alors je resterai en dehors des va-t-en guerre et des donneurs de leçons de démocratie, me rappelant ce que ma chère France, patrie des droits de l’homme etc etc .., a été capable de faire en régime de croisière républicain en dehors de ses frontières et même parfois à l’intérieur des frontières de son empire. Je ne crois pourtant pas nos compatriotes d’alors plus médiocres et sanguinaires que mes contemporains, je pense même que parfois ils ont pu être plus vigilants.
La Russie se comporte comme n’importe laquelle des puissances essayant de sauver ou gagner de l’influence dans une zone qu’elle juge stratégique, ou sur des questions financières et économiques qui lui semblent pour sa puissance tout autant déterminantes et stratégiques. Poutine estime, semble-t-il, que son pays à les moyens d’exister en tant que tel sur la planète, et c’est à ce titre qu’il mène une politique qui bien sûr ne nous convient pas, d'autant que depuis bientôt 30 ans on avait cru pouvoir effacer la Russie du champ d’influence.
Et demain il faudra aussi faire avec la Chine, comme il faut déjà compter sur l’Iran régionalement, la Turquie, et comme toujours, sur nos vassaux ou nos obligés du coin que sont par exemple d’une d’une part l’Arabie saoudite et d’autre part Israél. Oui oui, ça fait du monde qui entend exister... certains sont chez eux, d'autres moins !
Moi je veux bien que subitement on se souvienne de démocratie et qu’on sorte la balance pour mesurer la vertu de chacun des maîtres légaux de tous les pays acteurs sur la scène du Moyen Orient, mais qui détient la « bonne » balance ? Nous pouvons nous auto-désigner bien sûr, c’est plus commode, mais alors il ne faudrait pas s’étonner que d’autres en fassent de même.
Reste l’ONU. Sinon ?
L’ONU ? Ah oui se n’est pas parfait, c'est entendu, mais c’est tout de même le machin des occidentaux au départ non ? Alors on fait quoi, on s’érige en un groupe G x (X variable selon la cause ?) pour se substituer à l’ONU ? Ou bien on sort l’impartiale et vertueuse OTAN pour éviter le conseil de sécurité de l’ONU ? Ou bien on fait avec ce qu’on a, c'est à dire l’ONU, telle qu’elle est, et puis si ça ne convient pas, pourquoi s’interdire d’agir pour tenter d’en changer les règles ? Qui avez-vous entendu faire des propositions sur ce point ? (*)
Certes, pas très démocratiques quand même l’ONU rétorquerez-vous fort justement. Ce droit de veto donné à 5 membres permanents c’est quoi ? C’est admettre que l’un des 5 pays peut passer outre toute disposition ou résolution au seul motif que ça ne sert pas ses intérêts, sans avoir d’ailleurs à s’en justifier. Ce droit a été reconnu à l’URSS, la Russie en a hérité, la France en dispose et en a usé en sont temps, du temps des « événements » d’Algérie elle a pu bloquer toutes les résolutions qu’elle jugea menaçantes pour sa souveraineté en Algérie.
Poutine, Bachar et les autres
Poutine, Bachar et bien d’autres, on aimerait bien que leur peuple respectif s’en débarrasse, mais il se trouve que la plupart de ces dirigeants sont légaux, chez eux autant qu’un Franco en Espagne en sont temps (que l’on supporta assez bien comme voisin pendant 40 ans) en tout cas plus qu’un Pinochet que la CIA installa à la place d’Aliende au Chili en 1973 …
On peut faire le compte du nombre de régimes dictatoriaux soutenus, maintenus voire installés au pouvoir par les « démocraties » occidentales (On oubliera pas la France en Afrique) et le nombre d’interventions ayant permis l’instauration de la démocratie … le solde est loin d’être globalement positif, c'est le moins qu'on puisse dire !
On oubliera pas les derniers exploits occidentaux en la matière, de l’Irak à l’Afghanistan en passant par la Libye …
Moi je veux bien juger tranquillement dans mon fauteuil qu’il vaut mieux pour les civils libyens être massacrés par des milices aux mains d’obscurs intérêts que par les sbires de Kadhafi, mais que peut valoir mon jugement ?
Je ne sais pas quel tyran vaut mieux que Bachar pour les syriens, et j’en suis désolé, je veux bien admettre qu’il existe des syriens démocrates, mais je compte plus sur les syriens eux-même pour les désigner, fut-ce par la force, qu’à nos propres capacités, simplement parce que sur ce point nous avons largement fait la preuve de notre incapacité.
La guerre comme solution …
En Libye aussi il y avait des démocrates qu’on allait aider et qui allaient etc etc … Résultat ? Nous serions-nous trompé sur ces démocrates ? On ne les aurait pas assez aidé une fois Kadhafi physiquement éliminé ? Mais alors pourquoi cette coupable défaillance ? Plus facile de balancer des bombes que de semer les vertus de nos démocraties ?
Je suis navré, mais tant que je n’aurais pas sur ce point des réponses un tant soit peu argumentées, fut-ce de BHL, qui devrait tout de même avoir quelque chose à dire sur le sujet, je me refuserai à la moindre ingérence pour désigner les bons démocrates à mettre en place pour remplacer les dirigeants légaux, fussent-ils jugés comme des dictateurs selon nos sources bien informées, qui ne se trompent certes pas toujours sur ce point quand elles ont envie de dénoncer quelqu’un.
Quand elles ont envie, ou intérêt, les dénoncer est rarement très difficile.
Ce qui est plus difficile c’est l’installation patiente, acharnée, hésitante, de la démocratie dans n’importe quel pays qui en est historiquement privé, et ce n’est pas les tunisiens qui me contrediront, pour ne citer que cet exemple situé dans le champ des pays du « printemps arabe » et je ne vois aucun exemple où elle fut imposée ou simplement octroyée par une guerre menée par des démocraties… sur font d’intérêt économiques notamment. La démoncratie n'est et ne sera sans doute encore possible que grâce à un combat et une conquête des peuples pour l'arracher aux théocrates, et autres aristocrates ou oligarques ou autocrates, et encore n’est-ce jamais définitif…
Et pour nos amis russes, on peut toujours essayer de les convaincre que nos démocraties sont exemplaires… mais pour ça ne faudrait-il pas d’abord qu’elles le soient ? Ce n’est pas gagné !
En attendant si on parlait avec leur représentant, en commençant par considérer leur pays comme aussi légitime ou illégitime que le notre à se mêler des affaires du Moyen-Orient, on serait plus efficace contre la guerre ..
Mais encore faut-il penser la guerre comme le mal suprême, et non comme une solution pour défendre la « bonne cause » ! Et ça, non plus, ce n'est pas gagné !
(*) Ah si, page 90, proposition 56 du programme "l'Avenir en commun"