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Billet de blog 26 avril 2022

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Union de la Gauche : deux salles, deux ambiances

Alors que la nécessaire Union de la Gauche est au cœur des débats dans cette préparation des législatives, certaines divisions sont encore à l'œuvre et certains semblent prêts à faire exploser l'Union en plein vol pour favoriser la lutte des places.

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La troisième élimination de Jean-Luc Mélenchon au premier tour d'une élection présidentielle aura décidément laissé des traces à Gauche. D'un côté l'Union Populaire sort comme la grande gagnante à gauche avec ses 21,95% des suffrages exprimés. Ce score semble légitimer la stratégie du camp Insoumis qui a rassemblé près de cinq fois plus d'électeurs que son premier poursuivant à gauche, Europe Écologie Les Verts (4,63% des votes exprimés). De l'autre, on a des partis de gauche qui paraissent laminés. Le Parti Socialiste (PS) et le Parti Communiste Français (PCF) sortent presque indemnes financièrement mais sont pourfendus par leurs maigres scores (respectivement 1,75% et 2,28%). Anne Hidalgo sort particulièrement fragilisée elle est trois fois moins haut que le candidat socialiste de 2017. Fabien Roussel a voulu relancer le PCF - c'est ce pour quoi il avait été choisi - mais n'a finalement fait guère mieux que les précédents scores communistes aux présidentielles. EELV n'est pas dans la même situation. Si - comme cela a été dit précédemment - ils pèsent plus que les deux derniers, l'endettement du parti ainsi que l'apparente débâcle de ce score suite aux municipales et aux européennes viennent enfoncer la campagne désastreuses des écologistes.

La salle de l'Union

C'est semble-t-il le camp majoritaire dans la gauche à l'heure actuelle. En effet, les cadres dirigeants de l'ensemble des partis (du NPA au PS en passant par EELV) semblent en majorité accepter l'idée d'une union derrière la France Insoumise qui apparaît comme la force centrale à l'heure actuelle. Les socialistes ont voté le mardi 19 avril pour entamer des négociations avec les partisans de l'Union Populaire (UP). Le Nouveau Parti Anticapitaliste a également affirmé être favorable à ce processus via un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Du côté d'EELV, Julien Bayou et Sandrine Rousseau semblent être des promoteurs affirmés d'un accord aux législatives. La position de cette dernière hier (le 26 avril) dans l'émission À l'air libre de Mediapart montre bien une volonté ferme de faire l'Union et de ne pas s'enfermer dans des désaccords fratricides. Quant à Fabien Roussel, il a affirmé vouloir l'Union même s'il a voulu tirer son épingle du jeu en proposant un désaccord en dix axes préservant les positions de chacun.

La salle des égouts

C'est l'univers le plus nauséabond. Ceux qui refusent l'Union. Il est clair qu'en mobilisant l'électorat  de gauche (une union pourrait y contribuer en résonnant de l'espoir), une cohabitation semble probable même si le chemin ne sera pas aisé. D'autres ont fait un choix diamétralement opposé. Ils disent vouloir préserver l'identité de leur parti, ne pas vouloir signer la fin de celui-ci, ne pas accepter de se fondre dans l'Union Populaire. 

Tout cela, ce sont les vieux paris qui remontent à la surface. Chacun irait de son côté, chercher des sièges quitte à désespérer complètement les électeurs. Ces gens portent des noms : Yannick Jadot, Carole Delga (et les socialistes qui, comme elle, n'ont pas pris part au vote du 19 avril), Stéphane Le Foll (dont la crédibilité politique semble limitée). Ici, seuls quelques-uns sont cités. Le but n'est évidemment pas de les vouer aux gémonies mais de les placer devant leur responsabilité. La Gauche, éparpillée, n'a aucune chance. Les électeurs ne se déplaceront pas ou empêcheront par leur dispersion l'accès au second tour des législatives. Est-ce sérieux de tenir cette position ? Est-il pertinent de souhaiter que le PS face cavalier seul alors que le parti est dans un état végétatif (les victoires aux régionales ne font que cacher l'état réel de la situation, cette situation se desagrègera avec le temps) ? Est-il normal de refuser de se placer derrière la France Insoumise alors qu'elle a montré sa place centrale à gauche via les deux dernières présidentielles ? Tout cela pour une guerre d'égo. L'un ne voulant pas se mettre derrière Mélenchon par égoïsme, l'autre car sa ligne serait soit disant dangereuse. Le candidat écologiste s'est fait remarqué pour avoir beaucoup tapé à gauche. Aujourd'hui, il ne veut pas se mettre derrière Mélenchon. Qui serait le chef de la coalition ? Qui serait plus légitime ? Mélenchon on l'aime où on le déteste mais nier sa prédominance à gauche semble désespéré autant qu'inutile.

Sandrine Rousseau l'a dit, les cadres n'imaginent pas la colère du peuple de gauche qui ne comprendrait pas une nouvelle division. Jadot et ses camarades égoïstes feraient bien de tenter de le comprendre surtout s'ils croient vraiment que la situation sociale et écologique est catastrophique.

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