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Billet de blog 17 novembre 2012

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Notre-Dame-des-Landes contre la centralisation des transports

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En moins de deux siècles, la centralisation des transports a concentré 20 % de la population française sur 2 % du territoire, en créant une extraordinaire distorsion de concurrence au profit de l'Île-de-France (4 % de la population au début du XIXème siècle, quand Paris avait une population ...égale à celle du tout nouveau département des Côtes-du-Nord).

La centralisation ferroviaire, volonté politique exprimée par la loi du 11 juin 1842, a accéléré les choses notamment sous le Second Empire. La centralisation aérienne n'a rien arrangé, et depuis l'affectation au trafic commercial du petit terrain d'aviation de Château-Bougon au sud de la Loire vers 1950, Le Bourget a fait place à Orly I puis Orly II, puis Roissy 1, 2, 3, 4. Parce que la centralisation appelle la centralisation.

On en arrive à la réalisation du Grand Paris, qui pour le prix de 50 aéroports de Notre-Dame-des-Landes, au moins, va donner un vigoureux coup de fouet au développement économique de ...l'Île-de-France et à la centralisation économique et humaine. On prévoit la construction de 70 000 logements par an pendant 25  ans autour des "pôles de développement" qui devront donc augmenter de 3 ou quatre millions d'habitants la population de la région. Au train où vont les choses, c'est le quart ou le tiers de la population qui sera concentré dans la région parisienne avant la fin du siècle.

Pour gérer ça, il faut  accélérer encore les trajets "province"-Paris. Le meilleur trajet pour aller de Nantes à Bordeaux passe déjà par Montparnasse, et le meilleur trajet Brest-Nantes passe déjà par Rennes en bénéficiant de la vitesse et de la fréquence des TGV Bretagne - Paris. Bientôt, il faudra sans doute remonter jusqu'au Mans, sinon Paris. Les transversales pour relier la Bretagne au sud de la France et de l'Europe ne sont pas près d'être revitalisées. Et l'Île-de-France, rendue par conséquent encore plus "attractive" va concentrer encore plus de population, d'activités, de sièges d'entreprises, d'emplois de direction et de dividendes.

Ce qui me frappe dans le débat sur Notre-Dame-des-Landes, c'est que ce fond des choses n'est jamais abordé. Paris n'a pas de prix. La centralisation n'a pas dévoré les meilleures terres de France, les LGV (emprise moyenne au sol de 60 m) ne consomment pas 600 ha de terres aux 100 km, Vinci et Eiffage n'en sont pas les constructeurs-partenaires privés et privilégiés, la centralisation ne multiplie pas les longs trajets inutiles, elle ne gêne pas le développement du fret ferroviaire, qui progresse en Allemagne et décline en France, etc.

S'il doit y avoir débat, c'est sur cette monstruosité française qui, loin d'avoir tiré le pays derrière elle comme l'imagine Pierre Veltz, a vidé ses campagnes sans remplir ses villes de proximité, lesquelles n'ont donc pu croître comme dans le reste de l'Europe, ni servir de débouché au secteur agricole ni animer ces transversales intra et inter-régionales, qui sont au contraire de plus en plus abandonnées. La vie urbaine s'y est du coup longtemps endormie.

Mais on attendra sans doute longtemps un tel débat. Les médias sont aussi concentrés à Paris que la culture et le pouvoir. Ils préfèrent traiter le sujet de Notre-Dame-des-Landes comme un gros fait divers local. Et le jeu des tirs à vue sur le Premier ministre nantais y prospère, comme le désir de voir se perpétuer un déséquilibre territorial dont on aurait pu imaginer que se saisirait la Ministre de l'Égalité des Territoires plutôt que d'endosser la continuité des programmes du Grand Paris.

L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes a ses inconvénients, mais c'est avant tout une possibilité de relocaliser un peu du trafic détourné vers Paris, un bouquet de transversales modulables. Et bien entendu, il entraîne une diminution du trafic par passager en supprimant nombre des 20 000 navettes annuelles entre les aéroports bretons et ceux de Paris. Plus au moins deux équivalents-TGV par jour. Plus près du coeur de la clientèle actuelle et potentielle, il peut en effet satisfaire plus de demandes de lignes que Nantes Atlantique, ce qui n'est jamais évoqué par les opposants.

Je ne suis ni actionnaire de Vinci ni un inconditionnel de Jean-Marc Ayrault, dont j'apprécie cependant les qualités. Mais c'est contre la centralisation que le combat me paraît urgent, pas contre une tentative de la corriger.

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