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Billet de blog 6 avril 2016

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journée contre la précarité à l'université

Journée contre la précarité à l'université le13 avril

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Appel à une journée d’action nationale des précaires de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) le 13 avril 2016

Premiers signataires :
Assemblée Générale des précaires de l’ESR de Paris 8 et institutions rattachées,
Collectif des enseignant.e.s/chercheur.e.s précaires d’Aix-Marseille
Assemblée Générale des doctorant.e.s de Paris 1
Collectif des précaires de Toulouse Le Mirail

Ce 31 mars, le mouvement contre la loi travail a une nouvelle fois pris de l’ampleur en
réunissant plus d'1,2 millions de manifestant.e.s. Après plusieurs semaines de mobilisation des
lycéen.ne.s, étudiant.e.s et salarié.e.s dans toute la France, la colère s'organise et ouvre de
nouvelles perspectives. Autour de ce projet de loi s’est cristallisé un ras-le-bol général contre
la précarité et contre le fait que nos conditions de travail ne cessent de se dégrader.


Nous, enseignant.e.s-chercheur.e.s et/ou chercheur.e.s non-titulaires de l’ESR,
(docteur.e.s sans postes, doctorant.e.s sans financement, vacataires, contractuel.le.s, ATER...),
comme d'autres, connaissons bien cette précarité. Caractère dérogatoire des vacations qui
privent d'un certain nombre de droits sociaux, vacations payées des mois plus tard, aberration
de devoir payer notre propre employeur pour pouvoir travailler à travers les frais d’inscription,
délais d'attente ubuesques des allocations chômage, décalage de l'entrée en vigueur des
contrats doctoraux et d'ATER par rapport au début des enseignements entraînant un décalage
d'un à plusieurs mois du versement du premier salaire, conditions matérielles et
psychologiques de travail dégradées, suppression d'un mois de salaire pour les contractuel.le.s
enchaînant sur un poste d'ATER, contrats antidatés, situations de travail gratuit, annulation à
la dernière minute de vacations attribué.e.s à des doctorant.e.s qui n'ont pas d'autres moyens
de financement, dépassement des heures de service sans rémunération complémentaire,
pressions et pratiques de censure, etc. Bref, autant de situations qui feraient l'objet de
condamnations pénales et/ou prud'homales en-dehors du secteur public.


Réuni.e.s en AGs ou en collectifs, nous nous mobilisons depuis plusieurs semaines, voire
plusieurs mois, pour l’amélioration de nos conditions de travail, immédiatement et à long
terme, dans de nombreuses institutions (Aix-Marseille, Bordeaux, Lyon 2, Nord, Paris 1, Paris 8,
Poitiers, Science Po Paris, Strasbourg, Toulouse...). Ces dernières semaines, nous nous sommes
impliqué.e.s de diverses manières dans le mouvement contre la loi travail. Nous sommes déjà
le futur que nous prépare la loi El Khomri. Ces situations de précarité, que la loi travail en tant
qu’offensive idéologique majeure va renforcer pour l’ensemble des travailleur.e.s, du public
comme du privé, ne sont pas acceptables.

Nous, précaires de l’ESR, nous nous engageons dès ces prochains jours à :


- amplifier les mobilisations locales, sectorielles des précaires de l’ESR, en les articulant
avec la mobilisation contre la loi travail,
- affirmer notre solidarité avec les étudiant.e.s grévistes et parfois réprimé.e.s,
- nous mobiliser contre le projet de loi travail et pour conquérir de nouveaux droits pour
les enseignant.e.s/chercheur.e.s précaires de l’ESR et d’ailleurs, et faire respecter ceux
existants.


Nous avons passé du temps à partager nos expériences de travail précaire, à échanger sur nos
conditions de travail dégradées. Il s'est vite imposé qu'il nous fallait à tout prix éviter l'isolement
et la gestion individuelle de ces conditions de travail inacceptables ! Nous avons pour certain.e.s
construit collectivement des revendications, et il reste difficile de les porter localement, pris.e.s
dans les logiques d’individualisation, d’atomisation, de domination et de concurrence propres
à notre situation de travail. Nous décidons alors de tout mettre en œuvre pour nous organiser
collectivement et à l’échelle nationale, affirmant ainsi, malgré des réalités locales diverses,
notre unité et notre solidarité.


C’est pourquoi nous appelons l’ensemble des non-titulaires de l’ESR :


- à se constituer en collectifs locaux et/ou en assemblée générale pour discuter de la
mobilisation en cours et de nos conditions de travail,
- à construire des solidarités locales et nationales avec nos collègues BIATSS et
enseignant.e.s-chercheur.e.s/chercheur.e.s titulaires ainsi qu’avec les étudiant.e.s,
participant ainsi à visibiliser nos situations de travail,
- à discuter de l’organisation d’une première rencontre nationale des non-titulaires de
l’ESR mobilisé.e.s,
- à rejoindre et diffuser cet appel, à prendre contact avec nous.


La précarité affecte nos vies. Elle est aussi au-delà des réalités individuelles un mode de gestion
dramatique des institutions : la précarité est aujourd'hui une base forte de l'organisation du
travail dans l'ESR qui attaque et transforme les conditions de recherche, d'étude, de travail et
d'emploi.


Dès aujourd’hui, nous appelons à une première journée d’action nationale des précaires de l’ESR
le mercredi 13 avril selon des formes d’actions à décider localement : semaine sans précaires,
rassemblements, actions, assemblées générales, débats... il nous faut sortir des routines et des
clivages habituels, investir d'autres espaces pour parler et nous écouter. Cette journée sera
le point de départ de ce qui devra être une nouvelle étape dans la mobilisation des non-titulaires
de l’ESR, s’appuyant sur les expériences passées de mobilisations et des organisations syndicales
et professionnelles.

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