Le peuple grec vient de manifester, aux dernières élections législatives, la plus noire ingratitude. Voyons. La Grèce a la chance de compter avec un gouvernement d’union nationale, incluant les deux partis les plus importants du pays –la Nouvelle Démocratie (centre-droite) et le Pasok (centre-gauche) qui s’alternent au pouvoir depuis un demi-siècle– et dirigé par un technicien compétent, le banquier Papademos. Ce gouvernement, qui jouit de la confiance des marchés financiers, a signé un Mémorandum avec la Troika (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) très avantageux, grâce auquel il a pu recevoir des centaines de milliards d’euros, et ainsi tenir ses engagements –i.e. commencer à payer son énorme dette. Certes, le Memorandum implique une réduction des salaires et des pensions : c’est indispensable pour rétablir la competitivité de la Grèce. Il est vrai aussi que le chômage a beaucoup augmenté, mais comment réduire les salaires, s’il n’y a pas un volant conséquent de chômeurs ? Enfin, il est regrettable que la pauvrété a atteint des degrés inconnus en Grèce depuis la Deuxième guerre mondiale, mais il s’agit, comme l’a bien expliqué le gouvernement grec, d’une situation transitoire, en attendant que l’économie redémarre, d’ici quelques années.
Or, que fait le peuple grec dans ces éléctions ? Faisant preuve d’ingratitude aussi bien envers ce gouvernement, si raisonnable et si compétent, qu’envers les génereux donateurs européens et le FMI, il a massivement voté contre les deux grands partis, Nouvelle Démocratie et PASOK, qui ont perdu la plupart de leurs électeurs. Pire encore, ils ont placé en second, avec 16,80%, SYRIZA, un parti de la gauche radicale, qui propose rien que la suspension du payement de la dette pour trois ans, la nationalisation des banques, et la mise au rancard du Memorandum !
Confrontés à ce peuple ingrat et intraitable, que va faire le gouvernement grec ? Il envisage de nouvelles eléctions, tout de suite, pour donner une chance au peuple grec de se repentir, et de corriger son grave erreur. Mais c’est une demi-mesure. Quelle garantie a-t-il que le peuple grec ne persistera dans sa position négative et irresponsable ? Aucune, hélas… Il faut alors envisager une autre solution, bien plus radicale : puisque le peuple grec n’a pas été à la hauteur des attentes de son gouvernement, la seule alternative c’est , pour le gouvernement, de dissoudre le peuple et d’élire un autre.