UN ARTISTE INSPIRE : SERGIO BIRGA
La Galerie Saphir, 69 rue du Temple, Paris 3e, expose, du 11/12 2024 au 12/1/2025 une merveilleuse retrospective des gravures de Sergio Birga (1940-2021), un artiste inspiré et doué d'une force expressive unique. Ne à Florence, Birga commence dès sa jeunesse à dessiner, peindre et graver. Proche de la gauche radicale italienne et de Dario Fo - dont il fera un beau portrait - il va rencontrer en Suisse et Allemagne les derniers survivants du grand mouvement expressionniste : Erich Haeckel, Ludwig Meidner , Oskar Kokoschka et Otto Dix (qui trace de lui un rapide dessin à la plume). Ses gravures sont profondément marquées par l'esprit radical et subversif des expressionnistes, comme le témoignent des oeuvres comme le dyptique "Technocrate et Militaire" (1961) ou la gravure "Le Prisonnier" (1962). Ses oeuvres des années 1960 dénoncent aussi la guerre du Vietnam - "Marines" (1962) - et la justice policière au service du capital (""Les chiens de garde", 1968). Il pratique aussi les auto-portraits, dont le premier, datant de 1962, s'intitule "Autoportrait révolté". A partir de sa rencontre avec Annie, celle qui sera sa compagne de toute une vie, il s'installe en 1967 à Paris. Dans les années qui suivent, il va aborder dans ses gravures une grande diversité de thèmes - la destruction des Halles, la musique de Jazz, la Bible, l'épidémie du coronavirus - toujours dans ce style expressionniste très personnel.
Mais il y a une oeuvre littéraire qui va l'inspirer tout au long de sa vie, depuis 1963 jusqu'a ses derniers jours : celle de Franz Kafka, dont il fera un beau portrait. Il va dédier des gravures remarquables à des romans comme " L'Amérique", "Le Procès" ou "Le Chateau", ainsi qu'à des récits de l'écrivain pragois, comme "La métamporhose", "La colonie pénitentiaire", "Le cavalier du seau", ou "Le Verdict". L'affiche de l'exposition, que nous réproduisons ici, capte avec une profonde sensibilité, l'esprit de Unheimlichkeit, "inquiétante étrangété", de l'univers kafkaïen : on y voit, sous une lune rouge et grimaçante, un homme qui pérsecute un deuxième. Il s'agit d'un petit récit de Kafka, intitulé "Les passants qui courent".
Personnage singulier, indifférente aux modes et au commerce des arts, Sergio Birga est une artiste à part, dont les oeuvres relèvent d'un art cultivé, subversif, sensible à la poèsie, la littérature, les mythes et les paraboles. Ne ratez pas l'occasion offerte par l'exposition de la Galerie Saphir !

