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Billet de blog 22 avril 2022

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Ni Marine, Ni Le Pen !

Une défense du mot d'ordre d'ATTAC : "Battre Le Pen dans les urnes et Macron dans la rue !".

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NI MARINE, NI LE PEN !

            Je reprends ici le mot d’ordre ironique du « Canard Enchaîné ». Mais j’ajouterais tout de suite celui d’ATTAC, qui me semble profondément juste : Battre Le Pen dans les urnes et Macron dans la rue !

           Je considère Emmanuel Macron comme un véritable ennemi du peuple, un répresentant organique du grand capital, un serviteur zélé de l’implacable logique destructrice du néo-libéralisme. Et comme j’explique dans un papier publié dans ce blog il y a quelques semaines   (co-écrit avec Eleni Varikas et Sonia Herzbrun-Dayan), il est le responsable des pires violences policières en France, depuis la fin de la guerre d’Algérie. Et pourtant, je serais obligé de voter pour lui.

           La responsabilité de ce désastreux deuxième tour incombe, comme l’explique très bien Daniel Bertho dans son blog, aux forces de gauche qui ont privilégié leurs intérêts de boutique, plutôt que la possibilité d’élire le candidat de la gauche radicale au deuxième tour : une marche raté par une différence de 1,3%.    

            Resultat des courses : le 24 avril, le seul moyen d’êviter que Marine Le Pen ne soit élue c’est de voter pour Emmanuel Macron. Le vote blanc, le nul ou l’abstention ne suffisent pas, c’est une question de simple arithmétique.

           Emmanuel Macron n’a rien fait, à part quelques vagues formules écologiques, pour gagner les voix des electeurs de gauche, en particulier ceux qui ont porté leur voix pour Jean-Luc Melenchon. Il s’st accroché, bec et ongles, à sa proposition de rallonger l’age de la retraite à 65 ans : une mesure injuste, économiquement injustifiée et profondement impopulaire. Il ressemble, de ce point de vue, à son ex-patron, François Hollande, qui, par la brutale imposition de la loi travail - contre les syndicats, contre l’opinion publique et contre une bonne partie des députés de sa majorité – a réussi à se suicider politiquement et à éliminer son parti du champ politique. Et pourtant, le 24 avril, je n’ai pas d’autre choix que voter pour lui…Pour une raison très simple : il faut barrer la route à Marine Le Pen.

       Que répresente Marine Le Pen ? Malgré la nouvelle façade, la peinture en couleur rose et les mille trucages de la « dédiabolisation », l’heritière de Jean-Marie Le Pen, et son parti « Rassemblement National », sont une force typiquement néo-fasciste. Comme le dit très bien Edwy Plenel, « Marine Le Pen est l’ultime avatar d’une sombre généalogie dont la France n’a pas encore réussi à se délivrer », une généalogie qui va du Maréchal Pétain à Jean Marie Le Pen, en passant par l’OAS et Ordre Nouveau.

           Le neo-fascisme partage avec le fascisme classique plusieurs aspects importants : autoritarisme, limitation et/ou suppression des libertés démocratiques, culte du chef, nationalisme réactionnaire, xenophobie, racisme, persécution de boucs expiatoires (musulmans, juifs, tsiganes, immigrés, etc). Mais le néo-fascisme n’est pas la répétition du fascisme classique des années 1930 : pas de troupes de choc, pas (encore) d’Etat totalitaire, pas de génocide des « corps étrangers ». Et surtout, pas de politique économique corporatiste : le néo-fascisme est plutôt favorable au néo-libéralisme, dans une version « nationale ».

     Le néo-fascisme est un danger mortel non seulement pour les plus vulnérables  -   les sans-papiers, les immigrés et leurs descendants, les tsiganes - mais pour l’ensemble des classes populaires.   Il represente une ménace directe pour la démocratie, pour les libertés – de presse, d’organisation, d’expression, de grève - et pour l’environnement : par son climato-scepticisme, il est l’adversaire de toute mesure sérieuse pour tenter d’affronter la catastrophe écologique.  Pour tous ces aspects, Je renvoie à l’article récent d’Ugo Palheta   : https://www.contretemps.eu/le-pen-danger-fasciste-objections/.

       No Pasaran ! Il faut tout faire pour éviter que la France devienne un régime néo-fasciste,   c’est une question de vie et de mort.   Ce sera donc, la rage au cœur, un vote pour Emmanuel Macron.

     En espérant qu’on pourra, lors des législatives, changer la donne.   Et,  dans la rue,  combattre les politiques néfastes de Macron.  

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