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Billet de blog 24 octobre 2025

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COP30 au Brésil : adaptation ou prévention ?

La COP30 (Conférence des Nations Unies sur le changement climatique) aura lieu cette année en novembre à Belem,  capitale de l'Etat du Para (Amazonie) au Brésil. Cette COP30 suscite de l'espoir, puisqu'elle se tient dans un pays gouverné par la gauche, sous l'égide du président Lula. 

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COP 30 A BELEM DO PARA,  BRESIL

Adaptation ou prévention ?

La COP 30 (Conférence des Nations Unies sur le changement climatique) aura lieu cette année en novembre à Belém, capitale de l'État du Pará (Amazonie) au Brésil. Cette COP 30 suscite de l'espoir, puisqu'elle se tient dans un pays gouverné par la gauche, sous l'égide du président Lula. Mais il faut constater que le pollueur nᵒ 1 de la planète, les États-Unis, est absent, Donald Trump – négationniste fanatique du changement climatique – ayant retiré son pays de cette instance internationale.

         Malheureusement, une décision récente des autorités brésiliennes jette une ombre sur cette réunion : c'est l'autorisation à exploiter le pétrole situé sous la mer, près de l'embouchure de la rivière Amazone.  Les écologistes brésiliens dénoncent cette décision, qui représente un risque énorme – en cas d'accident des forages maritimes – de "vague noire" détruisant les fragiles écosystèmes de la forêt amazonienne. En outre, si les énormes quantités de pétrole gisant sous la mer dans cette région sont extraites, commercialisées et brûlées, ce sera une contribution décisive pour le changement climatique. 

        Dans ces conditions, que peut-on attendre de cette COP 30 ? Il faut dire que le bilan des 29 précédentes n'est pas glorieux : certes, quelques résolutions ont été prises mais… jamais mises en pratique. Les émissions n'ont jamais cessé de croître, l'accumulation des gaz à effet de serre atteint des proportions inouïes, et la dangereuse limite de 1,5°C (au-dessus de l'époque préindustrielle) est déjà atteinte. 

       Quelles sont les ambitions des organisateurs de la nouvelle COP ? On peut en avoir une idée en lisant un entretien récent avec André Correa do Lago, nommé par Lula pour présider la COP 30. Diplomate avec une longue expérience en développement soutenable, il est actuellement secrétaire pour le Climat, l'Énergie et le Développement au ministère des Affaires étrangères brésilien. Dans cet entretien, Corrêa do Lago déclare : "J'aimerais beaucoup que les gens se rappellent de la COP30 comme une COP de l'adaptation."  

      Que veut dire cela ? Certes, l'adaptation aux conséquences du changement climatique – incendies de forêts, tornades, inondations catastrophiques, températures insoutenables, sécheresse, désertification, manque d'eau douce, montée du niveau de la mer, etc. (la liste est immense) – est nécessaire, notamment dans les pays du Sud, premières victimes de ces dégâts.

        Mais donner ainsi la priorité à l'adaptation plutôt qu'à la prévention est une façon indirecte de se résigner à l'inévitabilité du changement climatique.  C'est un discours qu'on entend de plus en pluschez les gouvernants de différents pays du monde.  La logique de cet argument est simple : puisqu'il est impossible de se passer des énergies fossiles, du transport globalisé des marchandises, de l'agriculture industrielle et des autres multiples activités économiques responsables du changement climatique, mais nécessaires au bon fonctionnement de l'économie capitaliste, il ne nous reste que la possibilité de s'adapter. 

        Si dans un premier moment, l'adaptation est encore possible, à partir d'une certaine élévation de la température – 2 degrés ?  3ᵉ degré ? Personne ne peut le dire : elle deviendra impossible. Comment s'adaptersi la température dépasse les 50°C ?  Si l'eau potable devient une denrée rare ?  On pourrait multiplier les exemples. 

        Il ne nous reste pas beaucoup de temps pour empêcher une catastrophe qui mettrait en danger la survie humaine sur cette planète.  Et, contrairement à ce que pensent des habitants de Mars comme Elon Musk, il n'y a pas de planète B. Si la COP 30 privilégie l'adaptation sur la prévention, elle restera dans la mémoire des gens comme la COP de la capitulation. 

      Heureusement va se réunir à Belém do Pará, au même moment que la COP, un Sommet des peuples, où participeront des mouvements écologistes, paysans, indigènes, féministes, écosocialistes et autres, qui discuteront des véritables solutions à la crise écologique, et qui prendront les rues de Belém do Pará pour protester contre l'inaction des gouvernements, et affirmer la nécessité de rompre avec le système. Ce sont des semeurs d'avenir, qui refusent la résignation et le conformisme.     

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