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Billet de blog 1 avril 2010

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Défaite de la droite aux élections régionales, une aubaine pour Sarkozy ?

La droite a triplement chuté aux régionales:Les présidents des régions de gauche ont été reconduits très largement, la droite fait un très mauvais score (à relativiser quand même vu la progression du FN) et l'abstension est à un niveau très élevé.

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La droite a triplement chuté aux régionales:

Les présidents des régions de gauche ont été reconduits très largement, la droite fait un très mauvais score (à relativiser quand même vu la progression du FN) et l'abstension est à un niveau très élevé.

C'est le signe d'un fossé de plus en plus grand entre les français et la classe politique mais aussi probablement le signe d'un mécontentement d'électeurs de droite qui ont préféré s'abstenir plutôt que de voter à gauche, au Modem ou au FN.

Enfin, de par le simple fait que la politique des 3 dernières années a été volontairement personnalisée à outrance sur l'action du président de la république, c'est indéniablement une défaite de Nicolas Sarkozy.

Donc une défaite pour Nicolas Sarkozy ce qui peut mettre du baume au coeur du peuple de gauche (si cette notion a un sens).

Mais une des caractéristiques majeures de la vie politique française est que l'élection importante est l'élection présidentielle. C'est d'autant plus vrai depuis la réforme du quinquennat car désormais les élections législatives sont couplées aux présidentielles ce qui rend quasi-mécanique l'obtention d'une majorité législative en cohérence du résultat de l'élection présidentielle qui l'a juste précédée. Donc, une fois le président élu, il y a fort à parier qu'il disposera d'une majorité ad-hoc pour 5 ans comme on peut le constater actuellement avec l'absence de remise en cause par la droite de sa ligne directrice malgré la sanction des régionales.

Une autre caractéristique de l'élection présidentielle est la personnalisation du scrutin. Certes, on vote pour un programme, voire une tendance, mais on vote aussi pour un candidat bien précis et sa personnalité joue indéniablement sur le résultat.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait fait le ménage à droite et émergeait indéniablement comme LE candidat. A gauche, il a fallut passer par des primaires au sein du PS dont Ségolène Royal est sortie vainqueur haut la main. Néanmoins, les barons du PS, déçus et frustrés, ont peu apprécié cette défaite et ne se sont pas privés de distiller quelque coups bas et autre peaux de bananes.

A droite il y a bien quelques soubressauts (Villepin, Juppé) mais pour l'instant, Nicolas Sarkozy reste le patron. C'est leur problème.

A gauche il y a deux énormes problèmes:

- L'absence de programme capable de fédérer le PS, EE et le PG (j'oublie le NPA car il est dans une attitude dont le refus semble être le principal programme).

- L'absence de personnalité indiscutable pour mener la barque aux élections présidentielles.

Sur le programme, c'est loin d'être évident. Le PS a ses courants, EE est un amalgame de sensibilités multiples autour des verts (altermondialistes, anti-chasse, faucheurs d' OGM, ...) et le PG est lui aussi un amalgame avec le PC historique comme composante principale.

Coté personnalité capable de mener la bataille avec le charisme imposé par la personnalisation du scrutin, c'est aussi loin d'être évident. La domination électorale du PS, avérée aux régionales peut faire penser que le candidat ad-hoc devrait être issu de cette tendance. Mais le PS est toujours le royaume des éléphants.

Il ne manque pas de personnalités ambitieuses, les historiques bien sur plus quelques quadras aux dents longues qui pointent le bout de leur nez.

Au premier abord, on pourrait imaginer que Ségolène Royal de par sa légitimité électorale (primaire avant 2007, présidentielles 2007, régionales 2010) et sa fibre écologiste tienne la corde mais sa personnalité semble être clivante pour beaucoup comme on peut le deviner en lisant les réactions sur les blogs de Mediapart. D'ailleurs le congrès de La Rochelle Reims fut édifiant à cet égard avec une espèce de coallition informelle "tout sauf Ségolène" sans parler des soupçons sur le traficotage des résultats!

Bref la gauche est loin d'être prête, avec un programme dans les limbes et un/une candidat/e pas évident/e à identifier.

Daniel Cohn-Bendit a fait le même constat concernant Europe Ecologie. L'amalgame multitandance, c'est sympa mais cela ne fait pas un parti politique.

Alors pourquoi cette défaite de la droite serait une aubaine pour Sarkozy !

Revenons à 2002. Lionel Jospin qui comme Nicolas Sarkozy ne manque ni d'égo ni de suffisance, a attaqué l'élection présidentiellle en dillettante, fort de son bilan et des bons résultats aux élections intermédiaires précédentes. La gauche s'est présentée au premier tour en ordre dispersé, chacun voulant faire entendre sa petite musique. On peut aussi évoquer le rôle de média tels que TF1 qui avant les élections ont fait une sur-enchère de faits divers à connotation sécuritaire. On connait le résultat, Jean-Marie Le Pen en deuxième position et par réaction un plébiscite pour Jacques Chirac.

De plus, cette élection a créé les conditions politiques adéquates pour que Nicolas Sarkozy prenne la main sur l'UMP et élabore un programme destiné à siphonner les voix du FN, l'électeur de droite trouvant probablement moins honteux de voter pour une UMP plus "radicale" (nettoyage des banlieux au Kärcher") que pour un FN étiqueté "raciste".

Si la droite avait réitéré aux régionales les résultats des élections européennes, une situation similaire (inversée gauche droite) aurait pu se produire en 2012. Mais la droite a perdu lourdement et est donc prévenue. La gauche est contente, l'optimisme refleuri mais aussi toutes les ambitions. Or comme évoqué précédemment, la gauche est loin d'être prête.

Quoique l'on pense de Nicolas Sarkozy, il faut reconnaitre que c'est un sacré animal politique. Il a désormais deux ans pour revoir son look, ses discours, mettre de l'eau dans son vin et peut être capitaliser sur une éventuelle sortie de crise avant les élections.

Car, comme dit le proverbe, un homme averti en vaut deux.

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