Ce n'est qu'un vulgaire fait divers mais il est particulièrement révélateur des dérives récentes du comportement de la police.
Vendredi 26 mars (ou le 2 avril selon les sources), devant le lycée Antonin Artaud (Marseille - 13ème), à 10h des lycéens font une pause cigarette. Une dispute éclate entre trois lycéens d'une classe de première et une lycéenne d'une autre classe de première. Echange de noms d'oiseaux et jet d'un bouchon de liège d'après la victime. Pas de violence, pas d'histoire de drogue, de dealer, rien, les trois garçons étant d'illustres inconnus des services de police comme l'on dit habituellement.
Bref que du banal dans le style dispute de cours de récréation (même pas de bagarre!). Mais pas de chance. La mêre de la "victime", prévenue par sa fille, est commandant au commissariat de police de Plan-de-Cuques, une commune voisine de Marseille.
Dans la demi-heure qui suit, 12 policiers (dont la commandante) déboulent au lycée et exigent du proviseur la remise des trois coupables de ce crime de lèse fille de policier! Le proviseur, pris de court et craignant une émeute si l'arrestation se produit à la sortie du lycée, cède et voila nos trois gamins embarqués au commissariat de Plan-de-Cuques.
Après, c'est la totale, fouille, interrogatoire, photos anthropométriques, fichage, prise d'ADN et même menottage. Puis transfert dans un commissariat de Marseilles (tiens donc, un petit problème de compétence de juridiction ??) où cela recommence. Au total, huit heures de garde à vue et il a fallut l'intervention d'un avocat pour que cela cesse!
Pour en savoir plus, Le Figaro, L'Express qui reprend Reuter, etc...
Bref, un vrai délire.
Ce n'est pas la première fois que des dérives policières vis à vis des jeunes, des abus de la garde à vue, etc ... sont signalés et dénoncés mais dans ce cas présent il semble que l'on ait franchit un seuil dans le dérappage.
- La commandante, officier de police judiciaire, fait un usage à des fins privées des agents de son commissariat et ceux ci suivent ...
- La disproportion des faits est flagrante: Une dispute de cours de récréation sans violences et hop, la totale. De plus les trois jeunes arrêtés semblent n'avoir aucun passé connu des instances policières ou judiciaires.
- L'arrestation a eu lieu au sein du lycée, sans commission rogatoire, sans demande du proviseur, sans plainte déposée, sans flagrant délit, ... Est-ce bien légal ?
- etc.
Enfin, il ne faut pas s'étonner si la police se coupe de la jeunesse après tous ces abus.
A force d'user et d'abuser à droite du verbiage sécuritaire alors qu'il n'y a aucun progrès dans ce domaine comme le montrent l'analyse fine des statistiques, Mr Sarkozy a probablement réussit à créer les conditions psychologiques de tels dérappages.
Alors, Mr le Président, vous qui faites une loi à chaque fait divers, voici une nouvelle occasion de sévir.