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Billet de blog 19 juillet 2009

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Electricité : Doit-on payer des taxes sur les économies d’énergies ?

Le titre est volontairement provocateur mais c’est la réaction instinctive à la décision rendue par la « Commission de Régulation de l’Energie » ou CRE dans le conflit qui oppose EDF et d’autres producteurs d’énergie (ex Poweo) à Voltalis.

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Le titre est volontairement provocateur mais c’est la réaction instinctive à la décision rendue par la « Commission de Régulation de l’Energie » ou CRE dans le conflit qui oppose EDF et d’autres producteurs d’énergie (ex Poweo) à Voltalis.

En fait, c’est assez subtil et pas forcément clair pour tout le monde. Pour saisir le sujet je vous renvoie à la lecture de l’article du NouvelObs ou de l’AFP.

Le 17 Juillet, la CRE a publié une note explicative motivant sa décision. Elle est consultable ici.

Voltalis a eu une idée de génie : Faire des économies d’énergie en modulant la charge de la consommation. Si vous acceptez que la consommation de certains de vos équipements soit modulée vous serez rétribué en échange et en plus vous contribuez à diminuer les émissions de CO2. C’est expliqué sur leur site web.

Comment ca marche ? Pour comprendre, il faut se mettre dans la tête que l’électricité ne se stocke pas (ce n’est pas les quelques barrages qu’EDF remplit en période creuse qui y changent grand-chose). Comme on n’éteint pas ou n’allume pas une centrale nucléaire en un claquement de doigts, EDF est donc en « surproduction » potentielle pour la consommation courante et, en période de pointe allume des centrales thermiques classiques (charbon, gaz, pétrole) ou ouvre les vannes des barrages. Si cela ne suffit pas, on importe de l’électricité de l’étranger. Si la production n’arrive pas à répondre à la demande il faut procéder à des délestages (coupures de courant). Si les délestages sont insuffisants, tout ou partie du réseau peut s’effondrer brutalement comme en novembre 2006.

L’idée « géniale » de Voltalis est d’utiliser vos gros consommateurs individuels (chauffe-eau, chauffage, climatisation, …) pour niveler les pics. La gêne est mineure car ces gros consommateurs ont une forte inertie thermique (si votre chauffage électrique s’enclenche 30 minutes plus tard, vous n’allez pas vous en rendre compte). Pour ce faire, ils utilisent un système de boitiers de commande breveté qui dialogue avec leur site central qui suit la demande globale d’énergie.

Je vais prendre un exemple un peu débile mais que j’espère parlant. Il est 14h, c’est la fin du repas. Dix millions de foyers quittent la table, rangent la vaisselle dans le lave vaisselle (qui consomme 500W) et appuient sur le bouton marche. A 14h30, la vaisselle est propre mais elle ne sera sortie qu’à 20h pour le diner. Ce comportement collectif a généré un pic de consommation de 5 Giga Watts entre 14h et 14h30. Ce pic étant régulier et prévisible, EDF (entre autres) l’intègre dans sa production. En caricaturant, nous avons donc 5 Giga Watts de potentiel de production qui partent en chaleur après 14h30.

Maintenant comme entre 14h et 19h il y a dix tranches de 30 minutes, l’on aurait pu étaler ce pic sans gêner personne : Le lave vaisselle allumé à 19h aurait remplit sa mission à temps pour le diner ! Les 5 Giga Watts utilisés en seulement en pointe deviennent alors 500 Méga Watts qui servent désormais tout le temps. D’où l’économie …

Donc, Voltalis vend à RTE (Réseau de Transport d’Electricité, responsable de l’équilibrage de la distribution) sa capacité de délestage (avec vos appareils) et vous rémunère en échange.

Là où cela se complique c’est que Voltalis effectue un transvasement économique entre producteurs d’électricité. C’est l’argumentaire qui motive la décision de la CRE. A lire et à relire ici ou .

C’est un peu tiré par les cheveux mais il y a une certaine logique (économique) dans la décision de la CRE.

Ne nous trompons pas. Voltalis n’est pas une entreprise « sainte ». Elle est là pour faire du business et comme tant d’autres, use et abuse de la vague verte.

Néanmoins, derrière son idée il y a un vrai potentiel d’économies et donc de diminution de la pollution.

Ce potentiel naissant va-t-il être tué par cette affaire de taxes en devenir …

A suivre.

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