Le 10 octobre, en marge d'une manifestation autorisée contre la politique carcérale, une centaine de "casseurs" assez violents ont saccagé un certain nombre de bâtiments symboliques (banque, etc.) et se sont évanouis dans la nature. La police n'avait rien vu venir. C'est donc le prétexte idéal pour M. Hortefeux, qui ressort en catimini, par voie de décrets publiés dimanche, une version légèrement modifiée du fichier Edwige (Le 16, c'était la saint Edwige! Encore une provocation ?).
A Poitiers, dans la soirée du 10, la police a arrêté 8 personnes dont 3 ont été condamnées en comparution immédiate à de la prison ferme. Le parquet a d'ailleurs fait appel trouvant probablement les peines trop clémentes. Or, d'après de nombreux témoins, les personnes interpellées n'auraient absolument pas pris part aux violences et aux dégradations. Vrai ou faux, aucune idée mais il est certain qu'il fallait trouver des boucs émissaires pour cacher le fiasco des forces de l'ordre.
Un comité de soutient s'est donc constitué. Vous pouvez consulter son blog ICI.
Samedi 17, une marche silencieuse d'environ 1000 personnes, en soutien aux inculpés, se dirigeait vers le monument de la Résistance. Un cordon de police les attendait, prêt à en découdre au moindre incident. Or il y en a eu un, verbal, lorsqu'un homme de 59 ans cardiaque a comparé le procureur à Maurice Papon. Arretez les .... Lire la suite sur La Nouvelle République ICI et LA.
Pourquoi ce billet : Tout simplement parce que j'ai reçu ce témoignage accompagné de quelques photos. Je vous le communique tel quel:
"Comment la police peut-elle faire en sorte, sous nos yeux incrédules, de tenter de casser une manifestation nombreuse et totalement calme et responsable ... et ce dans quel but ?
Cet après-midi, le rassemblement de soutien aux 2 jeunes poitevins condamnés en comparution immédiate malgré les nombreux témoignages qui prouvent qu'ils n'avaient en rien participé aux violences, s'est rendu en cortège en un lieu infiniment symbolique : le monument de la Résistance du Parc de Blossac ...POITIERS.
La manifestation, d'un millier de personnes environ et calme( voir photos), comme l'avaient souhaité les familles, entourait le monument ( voir photo ) pour un moment de recueillement . C'était sans doute insupportable pour une police que Hortefeux avait chapitré, il y a peu ...
Un homme, visiblement faible ( on a appris depuis qu'il avait subi une très grave opération, il y a peu), a tenu des paroles qui n'ont pas plu au responsable départemental de la police (il n'y a eu de la part de cet homme ni acte ni geste, que des paroles, j'en témoigne). Il a été arrêté et emmené, soulevé par les bras par 2 policiers ...
On ne pouvait s'empêcher de se dire naïvement que ce n'était pas possible, que c'était pour lui porter secours et que le SAMU allait arriver ... même si les policiers semblaient manquer des plus élémentaires notions de secourisme !
Candides que nous étions : c'était bien une arrestation et assez musclée en plus, et les manifestants qui s'indignaient, mais toujours pacifiquement, ont été menacés de Flash -Ball (voir photo - l'homme arrêté est en rouge)...Sur ce les grilles du Parc ont été refermées sur la manifestation et 3 autres personnes, dont là encore les paroles n'ont pas plu ( toujours pas d'actes), ont été arrêtées !
Il ne faisait pas bon dire ce que l'on pensait cet après-midi à Poitiers !!!
Mais là encore on peut se demander "à qui profite le crime" ? Qui a intérêt à tenter à ce qu'une manifestation, dont la dignité sautait au yeux et qui réunissait les générations, soit déconsidérée ?
Les poitevins ne sauraient être dupes : ils n'accepteront pas que leur ville devienne un laboratoire d' expérimentation pour la culture des peurs sécuritaires et l'acceptation des privations de liberté : privation de liberté au sens propre par l'incarcération d'innocents et privation de la liberté de parole pour les citoyens ...
Poitiers, samedi 17 octobre 2009
Françoise Poteau, ancienne conseillère municipale de Poitiers"