C'est resté très discret dans la presse américaine mais la proximité du procès fait que cela commence à transpirer.
En effet, le mois prochain une poignée de soldats américains, membre d'une section d'un bataillon d'une unité de combat en Afghanistan va être jugée par un tribunal militaire de la région de Seatle.
L'acte d'accusation est grave car il leur être reproché le meurtre délibéré de civils afghans, qu'ils auraient ciblés comme au tir aux pigeons, pour le "sport". Je vais rester sobre mais pour pouvez lire les trois pages de l'article du Washington Post.
Cela fait bien évidemment penser aux débordements de la prison d'Abou Ghraib, en Iraq, ou, plus lointain, au massacre de My Lai durant la guerre du Vietnam.
Il est évident que ce sordide comportement ne va pas aider à faire avancer la stratégie américaine qui espère gagner le coeur et l'esprit du peuple afghan, surtout si le scandale se répand.
La guerre n'est jamais une belle chose même lorsqu'on y trouve des justifications.
Dans le cas de l'Afghanistan, l'OTAN, en suivant les américains, est partie à la chasse de Ben Laden et autres membres d'Al Qaida, protégés par les Talibans, alors au pouvoir sur une grande partie de l'Afghanistan. C'était en 2001 après les attentats du World Trade Center. En deux mois, l'affaire était presque pliée, les Talibans pratiquement éliminés et Al Qaida dispersée.
Tout est dans le presque car tout à son obsession irakienne, Georges W. Bush laisse l'Afghanistan dans un état intermédiaire, une sorte de "travail inachevé". Et l'OTAN devient une sorte de force d'occupation permanente. Evidemment, les Talibans se sont ré-infiltrés et la population s'est lassée de cette occupation et de toutes les bavures qui l'ont accompagnée.
Cela fera bientôt 9 ans! Quand on pense que la seconde guerre mondiale a duré moins de 6 ans il y a du quoi se poser des questions. Que les afghans en aient marre semble compréhensible.
Etre soldat n'est pas sans risques. A la guerre, l'on peut être tué ou blessé. Des camarades y restent. Si l'on en revient, même physiquement intègre, cela laisse en général des traces psychologiques profondes. L'entrainement, la discipline, etc ... sont aussi là pour vous "déshumaniser" un petit peu, car il s'agit aussi de tuer.
Mais être soldat dans une guerre qui tourne à l'absurde, jouet de politiques irrésolues, inconsistantes et à géométrie variables, dans un pays guère compréhensible, où l'ennemi est presque indissociable du civil nécessite une sacré dose d'auto-motivation. Quelques uns d'entre eux ont, semble t-il, pété un plomb.
Je sens poindre un immense gâchis. La guerre est vraiment une saloperie. Certains s'ingénient à la rendre encore plus absurde.
A lire, le billet de Pierre Clément : Le retour du printemps.