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Billet de blog 25 juillet 2010

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Bettencourt, Haïti : La comparaison qui fait mal

Ou comment un simple individu peut être comparé à un pays de 9 millions d'habitants!

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Ou comment un simple individu peut être comparé à un pays de 9 millions d'habitants!

Le titre est saugrenu, je le reconnais. Mais l'idée m'en est venue suite à une coïncidence de chiffres issue de mon précédent billet : Haïti, l'invité surprise du 14 juillet.

Précisons tout de suite que je n'ai rien contre Mme Bettencourt. Il se trouve simplement qu'elle fait, à son corps défendant, la une de l'actualité, et que beaucoup de chiffres sont dévoilés.

Elle a beaucoup d'argent mais est plutôt généreuse. Entre ses dons aux fondations, les salaires et indemnités de ses employés, les legs divers et variés à sa fille ou son "ami", les dons en cash soupconnés d'aller aux politiques ou aux partis, .... on ne peut pas la qualifier de pingre.

L'état aussi est généreux envers elle. Comme elle sait s'entourer de gestionnaires de fortune avisés et compétents, le bouclier fiscal marche à fond et pour finir elle n'est imposée au total qu'à 9% (cf les calculs du Canard Enchaîné). En fait, le paradis fiscal, c'est la France. Il faut juste savoir se servir de toutes les niches.

On est donc loin du schéma du pauvre propriétaire de l'ile de Ré, qui du simple fait de l'augmentation de la valeur de son terrain était mis à genoux pas l'impôt sur la fortune, ce qui nous a été rabâché par TF1 en long et en large durant la campagne présidentielle!

Revenons au sujet. On nous cite des sommes impressionnantes qui sont difficile à appréhender. Milliard, millions, centaines de milliers d'Euros ...

Quand on sait que 95% des français ont un revenu annuel inférieur à 150000 Euros, on devine bien qu'il faut se projeter en années voir en générations pour avoir une base de comparaison. La plus petite enveloppe mentionnée, 50000 Euros, c'est déjà 4 ans de salaire pour au moins 30% des ménages français.

Or quel était le sujet de mon billet d'hier : Des clones des Yes Men, canadiens, en plagiant le site du Ministère des affaires étrangère français, ont rappelé à la France, le 14 juillet, qu'elle avait fait payer Haïti environ 17 milliards d'Euros pour le prix de son indépendance et de l'émancipation de ses esclaves. Haïti a mis 122 ans (1825-1947) a apurer cette "indemnité".

D'où le tilt: 17 milliards d'Euros c'est aussi la fortune estimée de Mme Bettencourt d'après la revue Challenges.

Haïti, c'est un pays d'environ 9 millions d'habitants dont le PIB est de 6,5 milliards de dollars (source FMI) soit 5 milliards d'Euros ce qui se compare très bien avec la fortune de Mme Bettencourt (17 milliards d'Euros) ou ses "dons" à son "ami" évalués à 1 milliard d'Euros.

Comme vous vous en souvenez peut être, Haïti a été frappé d'un terrible tremblement de terre le 12 janvier 2010. Sans même parler des morts et des blessés, le pays est à plat et à reconstruire.

Après l'aide d'urgence consécutive au séisme, une conférence internationale des donateurs était organisée à New York (ONU) le 31 mars 2010 pour structurer les promesses de dons afin d'aider à la reconstruction du pays.

Comme le pilotage en était américain (Bill Clinton) cela a du chagriner notre président qui a organisé une "Conférence des villes et régions du monde pour Haïti" à la Martinique, le 23 Mars. C'est pour présider cette conférence que Mr Joyandet a loué ce jet privé à 100000 Euros car il devait rentrer rapidement. Cela se comprend, il n'y avait presque personne.

Par contre, à l'ONU, le 31 Mars 2010 il y avait du monde (150 pays) et c'était du sérieux. Le cumul des promesses d'aide à la reconstruction d'Haïti est de 5 milliards de dollars sur l'exercice 2010-2011 soit 3,85 milliards d'Euros, somme qui se compare bien avec les milliards associés à Mme Bettencourt, à son "ami" ou à sa fille.

Qu'a proposé la France lors de cette conférence ? Il suffit de lire l'intervention de Bernard Kouchner. Au milieu du bla-bla de circonstance, on relève :

"L’aide française s’élèvera, pour les seules années 2010 et 2011, à 180 millions d’euros, auxquels s’ajoutent l’annulation immédiate et déjà effectuée des 56 millions d’euros de la dette bilatérale haïtienne et les contributions directes de la France à l’aide européenne et multilatérale.

Où ira l’aide publique française ? la France a décidé de consacrer 20 millions d’euros à l’aide budgétaire par an, dont 5 millions d’euros seront décaissés avant la fin de ce mois."

Nous ne sommes donc plus dans la même échelle: fini les milliards d'Euros, il s'agit de millions. Puisque c'est l'état qui donne, cela se compare à ce que redonne l'état à Mme Bettencourt au titre de bouclier fiscal: 30 millions d'euros cette année, 100 millions d'euros sur les quatres dernières années ... Là aussi on est dans des ordres de grandeur comparables.

Voilà, l'exercice est fini mais on pourrait le continuer.

Il est quand même frappant qu'il faille mettre un pays de 9 millions d'habitants, certes très pauvre, en face d'une seule contribuable pour avoir des ordres de grandeur comparables. Mme Bettencourt ne fait que servir d'exemple. J'aurais pu prendre d'autres membres du Premier Cercle mais l'investigation aurait été plus laborieuse.

Pour finir, à propos de l'aide à la reconstruction d'Haïti, du moins des promesses, CNN vient de mener une enquête récente (15 juillet) : D'après cette enquête, seuls quatre pays ont versés quelque chose à la commission chargée de recueillir les fonds : Le Brésil, la Norvège, l'Estonie et l'Australie.

Et pourtant l'été est la saison des ouragans au Antilles ... Ne nous pressons pas.

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