Un certain nombre d'abonnés ont décidé de se mettre en "grève de blog" suite à une avalanche de commentaires insultants, agressifs, injurieux ponctués d'attaques personnelles, tout cela sans relation bien explicite avec le sujet du billet.
Face à la nature de ces agressions souvent inadmissibles, je soutiens les victimes (grévistes ou non) et reste solidaire.
Néanmoins, je ne rentre pas dans la logique de la "grève du blog" sensée mettre la pression sur Mediapart pour obtenir une modération ou l'éviction de la "racaille". Un coup de Karcher sur la dalle de Mediapart !?
En effet, faire la grève du blog c'est se taire et donc d'une certaine manière acter de la victoire du troll (du moins si c'était son but). Demander à Géraldine Delacroix de faire la police, c'est probablement surhumain et Mediapart n'a probablement pas les moyens de payer la dizaine de personnes qu'il faudrait pour suivre tous les fils. De plus sur quel critère appliquer cette "modération" ou censure quand il est si simple de pourrir un billet tout en restant strictement dans le cadre de la charte et de la loi. Il suffit de poster un commentaire toutes les 5 minutes du style "Votre billet est nul -- vous m'ennuyez -- je vais me coucher" pour pourrir un fil de discussion et susciter l'énervement.
Face à cela, certains pronent la technique du "don't feed the troll" qui consiste à ne pas répondre à l'indésirable. C'est le pari du stoïcisme contre la lassitude. Exprimé différemment, la victime du troll fait le gros dos, ne s'exprime pas, ne répond pas, jusqu'à ce que le troll se lasse. Dans les faits, même si cela se tient comme raisonnement intellectuel (en math on dirait : limite quand temps s'approche de l'infini de connerie face à silence tend vers 0). Pour cela il faut avoir les nerf, être de bonne humeur, être imperméable aux conneries et insultes même virtuelles et il faudrait en plus que tous les participants au billet adoptent la même technique.
Je pense que c'est un doux rêve compte tenu de l'opignâtreté de certains et de la diversité de la nature humaine.
Ne nous voilons pas la façe :
La logique du billet de blog est un peu celle du message dans la bouteille jetée à la mer. C'est une possibilité de s'exprimer mise dans la nature d'internet. Des millions ne verront même pas le message. Certains le liront seulement. D'autres cliqueront recommander ou mettront un petit commentaire laconique voir un smiley. Dans certains cas une discussion intelligente, amusante, poétique, parfois polémique s'établit mais de temps en temps on récolte un "nuisible" quand ce n'est pas pire.
Que faire alors ?
Il y a bien sur la possibilité récente d'interdire tous les commentaires. Oui mais quid de l'échange, de la convivialité et de l'aspect participatif théoriquement cher à Mediapart ?
On peut demander à la rédaction de faire le ménage à postériori ce qu'elle a commencer à faire, mais c'est assez désordonné et peut rendre des billets complètement incompréhensible. De plus, par effet mécanique (contraintes informatiques) des pans entiers du dialogue peuvent disparaître. En plus se pose encore la question du critère d'éradication des messages quand il reste dans le cadre légal ou dans celui de la charte.
En fait on revient au vieux débat de la liberté d'expression versus le droit de s'indigner, de se révolter, de s'exprimer. Or, quel que soit le cadre (la loi, la charte) il y aura toujours des failles.
En y réfléchissant, je me demande si une solution ne serait pas de donner à chacun le contrôle sur son blog comme cela se pratique sur un certain nombre de systèmes:
Nous avons déjà la possibilité de créer une liste de contacts, de blogs, etc. bref de thèmes que l'on souhaite suivre et auquel on souhaite éventuellement y participer. Certains systèmes de blog permettent aussi d'exclure.
Il est ainsi possible d'imaginer une liste noire gérée individuellemment par celui qui tient son blog (pas forcément publique), ce qui permettrait d'exclure les commentaires de ces rares individus qui s'acharnent. Leur liberté d'expression serait certes restreinte mais, utilisant leur propre blog, ils ont tout loisir de s'exprimer quitte à faire du copier coller de ce qui les fâche comme c'est fait sur les derniers billets de Nefertari.
Bon, c'est juste une idée qui ne me plait que moyennement car cela risque de créer des espèces de salons "mondains" où on serait tous d'accord dans un micro-univers virtuel.
A débattre et ce fil est ouvert. Mais je réaffirme ma solidarité avec les grévistes face aux agresssions.