Par le professeur Mark R. Cohen, de l'Université de Princeton.
"Le droit des Juifs" — le droit des dhimmis dans l'islam du Moyen-Âge :
"En ce qui concerne le statut juridique des Juifs, deux différences fondamentales entre la chrétienté et l'islam doivent être établies dès le départ. La première, c'est que, pour l'islam, les Juifs et les autres non-musulmans vivant dans des territoires placés sous l'autorité des musulmans sont soumis à la loi musulmane (tout en jouissant d'une certaine autonomie interne pour les questions religieuses et la plupart des questions civiles). L'Eglise médiévale, au contraire, avait tendance à placer les Juifs en dehors de sa juridiction. De plus, alors que l'Etat chrétien médiéval resserra peu à peu son empire sur les Juifs jusqu'au moment où ils finirent par devenir une "propriété" royale d'un genre particulier, située en dehors du champ d'application du droit public, la loi musulmane ne reconnut jamais aux autorités en place des droits de propriété sur les non-musulmans. Ceux-ci, certes, étaient des sujets de seconde classe, mais ils étaient des sujets et ne constituaient pas un bétail."
(Chapitre IV, Sous le Croissant et sous la Croix, Les Juifs au Moyen-Âge, traduit de l'américain par Jean-Pierre Ricard, Seuil, 2008)
Bibliographie sur le sujet et commentaire donnés par ce professeur américain :
Les juristes résument ce statut par la formule iltizâm hukm (ou ahkâm) al-islam (soumission à la juridiction ou à l'autorité musulmane). L'étude la plus importante consacrée au statut juridique des chrétiens et des Juifs en terre d'islam est le livre d'Antoine Fattal, juriste arabe chrétien, Le Statut légal des non-musulmans en pays d'islam, Beyrouth, 1958. Elle n'a pas été remplacée par le livre plus récent de Hassan al-Zayn, Al-awdâ 'al-qânûniyya li'l-nasârâ wa 'l-yahûd fi'l-diyâr al-islâmiyya hattâ al-fath al-'uthmânî (La condition juridique des chrétiens et des Juifs dans les pays musulmans jusqu'à la conquête ottomane), Beyrouth, 1988, qui relève de la littérature apologétique par son insistance sur la tolérance et la liberté dont bénéficièrent les non-musulmans.
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C'est dire combien l'ouvrage de Shlomo Sand est fallacieux et un tissu d'âneries sur une prétendue conversion forcée des Juifs de Palestine par les envahisseurs musulmans ! C'est en vérité un livre de pure propagande pro-palestinienne, très fragile. On peut le démolir très facilement. Il suffit d'être cultivé. Ce que ne sont pas forcément les partisans de Shlomo Sand...