La douleur, la peine, la souffrance se disent en hébreu (kéhév) : כאב.
En permutant les lettres, on peut former les expressions suivantes :
1. Comme un père (ka-hav) : כ-אב
2. En toi l'enseignement (bakha-h (aleph)) : בך-א
À quoi sert la douleur ? A-t-elle un sens ?
Les anagrammes du mot "douleur" en hébreu (kéhév) dévoilent un aspect inhabituel de celle que nous considérons en général comme une ennemie. Mais nous pouvons découvrir l'aspect rassurant de la douleur, et ainsi en faire notre alliée.
Kéhév, la douleur, la peine, la souffrance, peut en effet se lire "ka-hav", comme un père. Le rôle du père, comme celui de la douleur, est de nous indiquer d'éventuels dangers, de nous alerter, d'attirer notre attention sur ce qui souffre et demande à être soigné. Tout comme le ferait un bon père, la douleur tire la sonnette d'alarme, afin de nous prévenir que nous devons agir pour retrouver la joie de vivre et l'insouciance de la vie.
L'autre anagramme, "en toi l'enseignement", suggère, quant à elle, une autre fonction de la douleur, surtout lorsque celle-ci est d'ordre moral. La peine et la souffrance nous révoltent, et nous en accusons très souvent les autres d'en être la cause. Mais si les autres peuvent nous toucher, ce n'est qu'à l'endroit où nous avons déjà une blessure, une ancienne souffrance non encore reconnue, une énigme en nous, un mystère bien à nous. Finalement cette anagramme nous renvoie à nous-mêmes. La douleur enseigne sur soi-même. Mais qu'enseigne-t-elle ?
Le rôle de la douleur est de nous recentrer sur nous-mêmes. Elle nous force en quelque sorte à sortir du lot commun pour trouver en nous ce que nous avons de plus unique et de plus spécifique en nous, comme le dit la lettre "aleph" א qui signifie aussi unité et unicité.
En toi "aleph", bekha-h, בך-א, peut donc aussi signifier : en toi se trouve l'unité. Toute prise de conscience sur notre façon d'être "unique" nous révèle à nous-mêmes. La douleur nous aide à nous recentrer sur l'essentiel, sur notre façon d'être unique, autrement dit sur notre identité.
L'Un pour les Juifs s'est révélé au mont Sinaï. L'identité juive n'en est pas pour autant une essence figée, mais un questionnement infini sur l'identité. L'identité juive n'est pas une essence mais un abîme.