par Nicole et Paul Benaïm (Guysen International News)

(Pierre-André Taguieff)
Depuis plusieurs mois la presse française se fait l’écho des consignes de boycott d’organisations palestiniennes à l’égard d’Israël. Cette campagne est soutenue par quelques personnalités françaises avec à leur tête Stéphane Hessel, ancien ambassadeur de France en Israël.
« Je sais, le Hamas qui avait gagné les dernières élections législatives n’a pas pu éviter que des rockets (sic) soient envoyées sur les villes israéliennes en réponse à la situation d’isolement et de blocus dans laquelle se trouvaient les Gazaouis. ».
Cette phrase, extraite de l’opuscule « Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel, apôtre de la non-violence, se passe de commentaires : elle en dit long sur l’objectivité de l’ancien diplomate. Le texte de 13 pages portant sur les sujets qui dans le monde d’aujourd’hui soulèvent son indignation, en compte 2 sur le seul conflit israélo-arabe !
Avant d’entrer dans le vif du sujet, (les silences de Stéphane Hessel), il n’est pas inutile de rappeler les attaques dont ont fait l’objet deux écrivains :
- le politologue Pierre-André Taguieff (photo d'en-tête) pour s’être permis d’égratigner Stéphane Hessel,
- Monique Cantor-Sperber, philosophe, directrice de l’Ecole Normale Supérieure, pour avoir refusé que se tienne rue d’Ulm un meeting politique.
Le point de départ d’une polémique
A la manière des écrivains des XVIIème et du XIXème siècle, Pierre-André Taguieff a paraphrasé le quatrain célèbre de Voltaire écrite à propos de son ennemi, Jean Fréron, défenseur zélé des idées monarchiques et religieuses.
L'autre jour, au fond d'un vallon,
Un serpent piqua Jean Fréron :
Que pensez-vous qu'il arriva ?
Ce fut le serpent qui creva.
Pierre-André Taguieff a reproduit ce quatrain sur « son mur » de face-book en remplaçant le nom de Jean Fréron par celui de Stéphane Hessel !
Autrefois il était fréquent que des écrivains pourfendissent ainsi leurs ennemis, tel Victor Hugo transformant le nom de Sainte-Beuve en Sainte-Bave, et les choses en restaient là, jusqu’à la réplique de la victime.
Voilà ce qu'on peut trouver comme âneries sur Mediapart à propos de ce quatrain de Voltaire, par des abonnés, dont l'un se targue d'être chercheur auprès de Thomas Römer, au Collège de France, Christophe Lemardelé. On peut pourra juger ici du niveau... d'inculture de tous ces gens :
Commentaires trouvés sur Médiapart :
"Qu'on puisse s'en prendre ainsi à un homme tel que Stéphane Hessel est très inquiétant" (Maris Lavin, le 26/10/2010 13:0)
Réponse de Christophe Lemardelé à Marie Lavin :
"Surtout quand on parle de lui comme d'un serpent venimeux dont il faudrait écraser la tête... Cette manière de s'exprimer ne peut être celle de quelqu'un qui lutte contre l'antisémitisme". (Cristophe Lemardelé, 6/102010 13:46)
On voit ce qu'il en est en fait de la lutte de Stéphane Hessel contre l'anti-sémitisme. Lire mon article sur les déclarations scandaleuses de Stéphane Hessel, en allemand, dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, mais traduits dans "Quand Stéphane s'engage...".
Mais ce sont ces mêmes gens qui, arguant malhonnêtement de leur titre d'historien, font la promotion du livre contestés par de très nombreux historiens, de Shlomo Sand :
"Le problème n'est pas religieux, il s'agit là d'identité, les religions ont bien des torts mais n'ont pas produit le racisme. Il importe de lire le livre de Shlomo Sand, L'invention du peuple juif, qui est avant tout d'histoire mais qui parle aussi très bien dans sa préface de la dérive identitaire juive et de la dérive nationaliste israélienne actuelles."
26/10/2010 14:37, par christophe lemardelé.
L'hostilité virulente aux Juifs n'est pas absente non plus au Collège de France...! Même dans l'entourage du bibliste Thomas Römer.
On trouve semblable inanité dans un article de Guillaume Weill-Raynal, invité de Mediapart... Toute la rédaction "collabore" à la bêtise collective alors même qu'ils se réclament de Voltaire... Mensonge et hypocrisie bat son plein sur Mdp.
Ces mœurs sont ignorées aujourd’hui : la presse s’est saisie de l’affaire, faisant du jeu de mots sorti de l’esprit caustique du politologue un crime de lèse-majesté. Ainsi Jean-Emmanuel Ducoin écrivait sur son blog un article incendiaire intitulé « « Quand Pierre-André Taguieff insulte Stéphane Hessel » et nombre de sesconfrères journalistes lui emboitèrent le pas, en même temps que la direction du MRAP qui, en poussant des cris d’orfraie lançait une campagne contre lui**: il avait commis un crime de lèse-majesté !
Dans un texte remarquable Pierre -André Taguieff, répondant aux questions du CRIF, résume parfaitement cette situation, brosse un portrait impartial de Stéphane Hessel, et tente d’expliquer sa dérive antisioniste.
L’annulation d’un « colloque » rue d’Ulm

(Monique Cantor-Sperber)
Monique Canto-Sperber a osé décider l’annulation d’un meeting pro-palestinien qui devait se tenir dans les locaux de la rue d’Ulm sous la présidence de Stéphane Hessel : ce meeting devait promouvoir le boycottage universitaire d’Israël.
De ce fait, la directrice de l’Ecole Normale Supérieure s’est attirée les foudres des partisans, de l’ancien diplomate, l’accusant d’avoir « bafoué la liberté d’expression ! » On affirmait qu’elle avait cédé aux pressions du CRIF, rumeur sans fondement, répandue rapidement sur Internet et dans la presse.
Dans l’article publié dans Le Monde, Monique Cantor-Sperber expose les raisons de cette annulation : la réunion devait être un débat entre normaliens sur le thème de la liberté d’expression. Il s’agissait en réalité d’un meeting organisé par le collectif Paix-Justice- Palestine qui soutient le boycottage des universités israéliennes, ce dont les organisateurs s’étaient bien gardés d’informer la direction de l’école.
« J’avais été trompée sur la nature exacte de cette réunion, ce qui est à soi seul un motif d’annulation. », écrit la philosophe.
Quelques sujets d’indignation qui ont échappé à Stéphane Hessel
Parmi ces sujets on pourrait citer par exemple :
l’assassinat impuni de Rafiq Hariri, la détention scandaleuse du soldat israélien Gilad Shalit, les lynchages de Palestiniens à Gaza par les milices du Hamas en 2005, la pendaison d’opposants en Iran, la lapidation de femmes selon les lois de la charia, les salles de torture libyennes, les attentats contre des Chrétiens en Irak et en Egypte, le négationnisme dans les pays arabo-musulmans, les menacesde destruction d’Israël proférées par Mahmoud Ahmadinejad… sans parler des tueries du Darfour.
Liste non exhaustive, à laquelle il faut ajouter les massacres perpétrés par Ben Ali, Moubarak et Kadhafi…
Non, le seul sujet d’indignation impliquant un pays étranger dénoncé par
Stéphane Hessel dans son opuscule est la politique d’Israël.
Il y a là une étonnante polarisation, une partialité flagrante dont on cherche en vain la raison** Et nous posons aux lecteurs du fascicule « Indignez-vous ! » une question fondamentale.
Une simple question
Pourquoi l’un des signataires de la Déclaration universelle des droits de l’homme, droits violés depuis des décennies dans les dictatures arabes et iranienne, encourage-t- il aujourd’hui le boycott du seul pays démocratique de la région ?
Comment une telle énormité a-t-elle pu échapper aux admirateurs de l’ex- diplomate : cet ancien du « Quai d’Orsay » ne pouvait ignorer, entre autres monstrueuses vilénies, les crimes d’un Kadhafi. Il est vrai que l’aveuglement de ses fidèles trouve des excuses dans le passé héroïque de leur icône et dans un écran de fumée : les bons sentiments et les vœux pieux auxquels on ne peut qu’adhérer.
Et pendant que le colonel Mouammar Kadhafi fait mitrailler son peuple, les sympathisants de Stéphane Hessel attendent que le citoyen du monde au grand cœur rompe enfin son trop long silence sur un sujet d’indignation curieusement oublié, le règne sans partage depuis 42 ans d’un dictateur sanguinaire champion du terrorisme.