E. Plenel publie dans Mediapart du 04/05/2020 un article intitulé « le président destitué » dans lequel il pointe l'impréparation, l'incompétence, les mensonges de nos gouvernants, et du Président de la République au premier chef, dans l'actuelle crise sanitaire. Tout cela, très bien documenté, est bel et bon, mais rien que nous ne sachions si on veut bien s'informer de façon critique au lieu d'écouter la voix de son maître. En fait, M. Plenel rejoint les critiques de ces scandales déjà faites par bon nombre de concitoyens. Et d'évoquer une destitution, bien improbable, de notre Président. Tiens ?
Toutefois, on voudra bien se souvenir de l'article de Mediapart du 1er mai 2017 du même E. Plenel « Dire non au désastre » dans lequel il déclarait « Contre Le Pen, nous voterons Macron le 7 mai » et, plus loin, « Tel est l’enjeu du 7 mai, face auquel nous n’avons pas d’autre choix que de voter Emmanuel Macron. », sans que cela soit un choix positif de Macron certes, justification bien dérisoire et inquiétante intellectuellement et moralement. Cette position était très tendance, comme fut en 2002 l'énorme manipulation enjoignant de voter Chirac pour faire barrage au FN (le père Le Pen alors). La même rengaine (ou antienne, pour faire chic) donc. Non, on n'était pas obligé de voter Chirac ou Macron. Depuis quand une démocratie vous oblige-t-elle à voter pour tel candidat ? Et, surtout, si un tel choix entre la peste et le choléra apparaît, qui ne voit qu'il a été amené par les politiques non-sociales précédentes - réactionnaires, droite et gauche confondues, afin de construire un ennemi faisant à peu près consensus. Les vrais problèmes, obnubilés par la peur construite et mise en scène, passaient alors à la trappe pour un bout de temps : toujours ça de gagné. Depuis quand vote-t-on par peur, et non par espoir, dans une démocratie ? Il me paraît impossible qu'un journaliste professionnel n'ait pas fait cette analyse. Les positions de M. Plenel en 2017, comme en 2020, ne relèveraient-elles pas de l'opportunisme, pour ne pas dire plus ? La démocratie n'y gagne pas, non plus que la clarté des idées et des opinions.
Épilogue : une expression se répand : « on n'a pas le choix » ; dans le domaine politique et social, cette expression peut enfermer dans une résignation délétère, déshumanisante, aux possibles conséquences liberticides et stérilisant la pensée. C'est comme un virus mental, d'allure néo-libérale. Que l'on pense au fameux TINA (There Is No Alternative) de Mme Thatcher. Sommes-nous contaminés mentalement?