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Billet de blog 18 novembre 2010

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Contradictions : cherche à qui profite le Sarkozysme ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En prenant un peu de recul, après trois ans de Sarkozysme, force est de constater qu'il n'y a pas que dans les vitrines et les pub à la télé que le vintage s'installe.

Le France sarkozyste c'est un formidable retour en arrière : une regression lancinante et envahissante. J'ai 46 ans et de mémoire, connu le système scolaire laïque et républicain post soixante-huitard, la fac. mitterandienne, le marché du travail chiraquien. Tout ceci présentait de graves imperfections : mais en filigrane il restait une idée qu'il fallait progresser, s'elever, apprendre, critiquer.

Toute l'ombre portée par les courants progressistes des années 50 et 60, paroxistiques dans les années 70, avec les mouvements d'extrême gauche, préservait cette fraîcheur de pensée parmi les gens contre le passéisme ridicule d'une droite post gaullienne : qui se targuait d'être aussi ringard ?

Aujourd'hui tout ce que mes enseignants au lycée et mes profs à la fac me désignaient, à juste titre, comme sans grande valeur : la télé spectacle, les magazines à sensation, la variété sirupeuse, le sport-bière-lavage-de-cerveau, la consommation aveugle dérivatif de frustrations ; tout ceci est érigé en modèle à suivre.

Et c'est bien ce qui se passe. Au fond, le conducteur de Clio intérimaire envie le conducteur d'Audi ou de BMW cadre de la banlieue ouest, l'acheteuse de C & A envie la vie clinquante des peoples sur papier à 2 euros. Mais çà va encore plus loin : la jeune femme voilée de noir de la tête aux pieds toise sourdement celles qui n'en pensent pas moins dans la file de la cantine d'entreprise, chacune son plateau gris jaune dans les mains.

Le "seigneur est si bon" répondent en choeur les cathos plein de petits marmots à tête blonde qui sortent de la messe acheter leur gâteau du dimanche chez le boulanger, pardon le pâtissier du centre ville préservé-heureusement-des-logements-sociaux.

La dernière intervention du Président est symptômatique : de l'affect, de l'opinion, du parti pris démagogique. Sarkozy c'est le prêt à penser made in pays pauvres : çà sort à 5 euros et c'est revendu à 90 ! Parce qu'il y a une marque dessus...

La gauche, au delà d'un programme de mesures concrètes et clairement fondées sur un financement non seulement économiquement fiable pais aussi politiquement engagé, se devra d'infléchir cette régression, redonner aux gens le goût du savoir, le sens critique.

Ce ne sera pas facile, après 5 ans de sarkozysme il faudra bien redescendre du manège, sortir du parc d'attractions : beaucoup regretteront d'en être sorti, non pas parce que la vie était facile, mais parce que le confort que procure l'indigence d'esprit et de raison, est surtout accoutûmant.

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