Ne ressentez-vous pas un air empesé, pollué d’une multitude de particules que nous respirons malgré nous, d’un sexisme nouveau devenu ordinaire ?
Ce n’est pas celui qui transpire des extraits « INA » aux couleurs 70’s affadies qui nous montrent à quel point, il n’y a guère, les hommes considéraient les femmes : « ménagères émancipées au volant de la R12 familiale » ou « sautillantes en collants ».
Paquet de Craven « A » dans la poche, serré comme un parapluie pliant dans sa chemise cintrée en polyester…
Images d’archives. Sans regrets. Merci.
Aujourd’hui, c’est différent. Les images ont changé. Petit aperçu.
L’homme porte la barbe de trois jours, la chemise noire en satin jetée sur le pantalon, roule en véhicule à la gueule de plus en plus béante, débordante de plastique laqué, de lampions façon guirlandes de noël…
N’avez-vous pas remarqué à quel point les calandres des bagnoles enflent et leurs lignes deviennent anguleuses et agressives ? La réussite s’affiche « virile »…
L’homme ne fume plus des Craven « A » mais fait-du-sport ! Du foot…Non pas « du foot » mais le Dieu Foot : dream cars & call girls.
La plupart du temps ce n’est que divan, jogging et télé : le fantasme n’en est que mieux nourri.
J’en vois là-bas dans le fond qui vont me dire : vaut mieux jouer au foot que fumer ! Ok.
Mais tout ceci est du second degré, voyons…
Au rayon des animateurs télé : modèles masculins s’il en est, dans l’inconscient du téléphage, on a grosso modo trois catégories : les « beaux », les vieux (beaux) et les faux niais.
Les premiers ont la chemise noire et le costard huilé (genre Sarko à N.Y.C) accompagnés d’animatrices-relais-faire-valoir, les seconds le même costard mais cheveux gris accompagnés de dinosaures sans autre forme de talent que d’être dinosaures, les derniers, de petite taille et censés ressembler à Monsieur Tout le Monde, consensuels en diable, accompagnés de créatures blondes (souvent) et berlusconiennes et qui sourient tout le temps…
Sans oublier une célèbre marque de café…Tiens vous avez deviné ! Dingue comme « l’eternel masculin » peut être encore aussi vendeur… On devrait essayer avec des boîtes de sardines, des poignées de porte, de la colle à moquette.
La femme elle est forcément toujours jeune-belle-et-battante…Elle porte la mèche brune savamment coulée dans le cou et le nom d’un animateur de variétés, ou alors la mèche blonde et maternelle, le nom d’une marque de voiture de sport rouge.
Elles partagent la vie de gens importants ou semi-importants, font des bébés et des vraies fausses photos volées en maillot de bain.
Les médias font la promotion du physique avant tout. Aujourd’hui, la femme n’est intéressante non pas pour ce qu’elle dit mais pour son physique.
En politique : on raillera Martine pour son allure, brocardera Ségolène pour ses tailleurs blancs, épinglera Rachida pour ses talons hauts, glosera sur Fadela et son accent etc.…
Tout ce qui, n’a rien à voir avec un quelconque contenu.
Une nouvelle forme de tyrannie. L’existence de l’être humain ramenée à la présence d’un objet.
Alors on dira que bien sûr ce ne sont que des images, que la réalité sociale est bien plus diverse. Mais les images ne sont pas à prendre à la légère : elles sont symptomatiques de ce nouveau sexisme qui ramène les hommes et les femmes à des objets de consommation courante, qui lassent aussi vite que le marketing en propose d’autres.
La transposition du consommable, du jetable, du « take away », du fast-food, aux êtres humains.