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Billet de blog 19 novembre 2010

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LCR et NPA : contenu et contenant

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ligue Communiste Révolutionnaire : voilà une dénomination qui contient l'idée de groupe actif, progressiste et idéologiquement, empreint d'une conviction sur une forme sociétale fondée sur le bonheur du peuple mettant spontanément en commun les ressources supérieures de l'humain et naturelles du sol.

On pourrait encore ajouter des éléments "ouverts" à cette dénomination.

Nouveau Parti Anticapitaliste : la "nouveauté" n'exprime en l'espèce qu'un "aggiornamento" médiatique, un emballage avec de nouvelles couleurs, de nouvelles formes de lettres : un paquet de lessive. Le mot "parti" est un minimum vague exprimant un groupe comme un autre sans mission, sans action portée vers autrui. "Anticapitaliste" : plus interessant, à priori, mais aucunement porteur d'une alternative progressiste.

Les mots sont éloquent en s'y attardant. Finalement le "NPA" est conforme à ce qu'est son leader, un bon garçon qui n'effarouche personne, surfant sur le désarroi plus ou moins entretenu d'une jeune génération sans cohésion, fragmentée à outrance par la société de consommation, mais pouvant être une assiette electorale suffisante pour faire sa petite place dans les talk-shows.

Il serait abusif de dire que le NPA n'a pas de programme, ni membres intelligents et sincères. Leur programme c'est comme une recette de cuisine : simple à lire, apparemment facile à exécuter, assorti d'une jolie photo, mais on s'aperçoit que la plupart des ingrédients ne se trouvent pas sur le marché, alors on ne la fait pas.

La sincèrité des membres ne dépasse pas l'affect, si elle le dépasse alors on s'approche des rives de l'ego, lequel se gère, bien sur, avec assez d'intelligence pour ne pas faire apparaître ces contradictions qui feraient douter les sympathisants potentiels.

Alors qu'il y a tant à faire à gauche pour apporter une alternative crédible au pouvoir actuellement en place. La sociale démocratie incarnée par le PS a besoin de faire de la politique pas seulement de l'économie régulée : ce besoin ne peut être satisfait qu'en puisant dans le reservoir de la gauche politique, idéologique. La droite, elle, ne s'en prive pas.

Cet aiguillon est nécessaire pour animer les sociétés : non pas pour les manipuler, mais pour avancer, une sorte de carburant. Voilà en quoi il n'est pas incompatible que la gauche soit élargie le plus possible : du centre droit à la gauche radicale. C'est un vaste mouvement social qui doit fonder le nouveau pouvoir : le "contrat social" n'est-il pas animé, au sens propre, par cette volonté commune et progressiste ?

Oublions le marketing et l'occupation des espaces, des niches de l'opininon : laissons les compétences s'exprimer, se conjuguer ! N'anesthésions pas le réveil du peuple, perçu lors des derniers mouvements sociaux avec la vanité de clivages centrés sur l'égo des uns et des autres, qui s'étalent quotidiennement dans les médias.

Ce feuilleton n'interesse pas grand monde. Est-il si difficile d'oublier la raison, de formaliser un programme substantiel, convaincant, chiffré : les compétences sont là. Le plus grand piège du sarkozysme est en train de se refermer sur la gauche : la people-isation, la politique spectacle. "Ensemble tout devient possible" , quel slogan porteur du message subliminal : "ensemble" c'est la projection du moi, individualiste, seul et capable du tout. La négation de l'autre, la négation du corps social : j'existe seul et la société n'est qu'un moyen de me réaliser, pas une entité dans laquelle je participe au bonheur du tout.

Ce slogan résume le poison instillé dans la société française depuis presque quatre ans. La gauche doit apporter l'antidote.

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