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Billet de blog 1 novembre 2010

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Faux nez en examen

C'est d'une affligeante banalité, mais cela éclaire si bien d'une lumière frisante cette France dont le regretté Chabrol fut le contempteur ironique et cruel dans ses chroniques de la bourgeoisie provinciale: les Noces rouges, Que la bête meure, Poulet au vinaigre ou la Cérémonie.

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C'est d'une affligeante banalité, mais cela éclaire si bien d'une lumière frisante cette France dont le regretté Chabrol fut le contempteur ironique et cruel dans ses chroniques de la bourgeoisie provinciale: les Noces rouges, Que la bête meure, Poulet au vinaigre ou la Cérémonie. A Cognac, ville d'un négoce orgueilleux, celui de «l'or liquide» c'est William-Henri Coates, notable au faîte de la réussite sociale, qui s'est fait prendre la main dans le sac. Le patron du cabinet Coates Assurances, président du golf local et ancien adjoint à l'urbanisme de sa ville vient d'être mis en examen, ainsi que nous en informe la Charente Libre, pour «abus de confiance, faux et usages de faux, présentation de comptes annuels inexacts, blanchiment de fraude fiscale et escroquerie à la TVA»... Ouf !

L'abus de biens sociaux, maladie professionnelle, est comme on sait la silicose de l'affairiste! William-Henri Coates eût été parfait dans un film de Chabrol, où on l'aurait vu accueillir sur son terrain de golf ou à sa table, hautain et content de lui, ses amis membres du Rotary ou du Lion's Club et leurs dames: négociants en cognac, maîtres de chais, industriels, gros propriétaires, gérants de grandes surfaces, garagistes, patrons de cliniques privées ou courtiers en assurances comme lui. Des matois qui ne sont pas devenus riches par opération du saint-esprit.

A propos, quelle sorte d'assureur était donc naguère l'ineffable Xavier Bertrand, patron de l'UMP, et apparemment pas très «assuré» de son sort? On aimerait le savoir! Révélatrice, par parenthèse, la morphologie des membres de ce gouvernement, à commencer par leur petit génie chafouin. Quel bestiaire! Dans une fiction, sans doute n'oserait-on pas utiliser une galerie d'acteurs aussi caricaturaux, cibles rêvées pour les dessinateurs de presse: Pétillon, Willem, Cardon, Plantu, Kiro et les autres.

Prenez Woerth, au hasard, et sa mine de croque-mort constipé, Morano, au vocabulaire de marchande de poissons, Baroin, ex-gendre idéal, Hortefeux (de brousse), Alliot-Marie, impavide et solennelle avaleuse de couleuvres, Lagarde, dame patronnesse au sourire d'huître, Besson, traître de mélodrame... Qu'ils aient à ce point la tête de l'emploi, nos faux-nez, est somme toute plutôt rassurant. Les bonimenteurs ne trompent plus guère que ceux qui veulent être trompés.

Pour se donner du cœur au ventre en cet automne amer –rien de tel, allez, que le bon vieux rock'n'roll, immortel carburant de l'âme. Cette semaine, Télérama et les Inrockuptibles ravivent la flamme. Le premier donne la parole à Keith Richards, prince du riff, qui sort son autobio, le second à Bruce Springsteen que la droite américaine indigne. «Les présidents passent, soupire-t-il, les multinationales, les milieux financiers et l'armée sont en place pour toujours.»

On est sur le Titanic, c'est entendu, mais si on sombre, que ce soit au moins sur les musiques du «Boss», des Stones, de Dylan et des autres dispensateurs de bonheurs vertigineux. Consolation?

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