Vous vous interrogez sur le port du voile? Qu'à cela ne tienne. Laurence Ferrari, «la Grace Kelly de Prisunic», selon Stéphane Guillon, a tranché lundi dernier sur TF1. Face à l'épouvantail de Téhéran Ahmadinejad, elle avait la tête recouverte d'un élégant foulard blanc du meilleur effet, scoop oblige. Pour interviewer l'acteur-auteur Dennis Hopper qui est passé de l'autre côté du miroir, le 29 mai dernier, aurait-elle enfourché la mythique Harley Davidson de son «Easy Rider», road-movie de la fin des sixties? C'est dans ce film-culte que Dennis Hopper traversait l'Amérique sur sa belle bécane, et entrait du même coup dans l'histoire du cinéma. Sex, drug, rock'n'roll. Plus tard, Wenders, Coppola et Lynch lui donneront quelques-uns de ses plus beaux rôles: trafiquant de tableaux dans «l'Ami américain», photographe de guerre dans «Apocalypse Now» ou tueur psychopathe dans «Blue Velvet».
Ami de James Dean avec qui il avait débuté dans «la Fureur de vivre», Dennis Hopper, photographe «attrapant tout ce qui bouge» et peintre fasciné par Marcel Duchamp et Andy Warhol, fut de tous les combats contre la guerre du Vietnam et pour les droits civiques. Le reniement de ses engagements de jeunesse l'amènera plus tard à soutenir Ronald Reagan, puis les Bush père et fils. Hara-kiri symbolique ou transgression cynique? Le biker de jadis avait trop d'addictions à son arc...
Il disait ne pas pouvoir vivre ailleurs qu'aux Etats-Unis, mais il aimait bien la France à qui «Easy Rider» devait en partie sa popularité, et «parce que l'esprit et le jugement sont ici», comme il me l'avait dit au cours d'une interview un peu chaotique au Palace, lieu branchouille du Paris des années 80. «La France qui recueille les renégats et protège les films», avait-il soupiré.
Le «Pocket Guide to France» tel qu'il vient de paraître en traduction française (1) eût sûrement fait sourire l'ami américain. C'était le petit livre distribué aux GI's au printemps 44, en prévision du D-Day sur les plages normandes. Le vade-mecum censé les initier aux us et coutumes de notre vieux pays. On y explique aux futurs libérateurs qui sont ses habitants et comment se comporter avec eux. C'est le plus souvent d'un humour involontaire, rien de désobligeant pour autant. A titre d'exemple: «Les Français ont l'esprit vif, ils sont économes, ils ne se laissent pas facilement abuser, ils respectent la famille, la religion et la propriété. Ils sont individualistes et d'excellents cuisiniers...» Les Françaises, elles, sont «dans leur grande majorité des femmes respectables et strictes». (Ouf !) Donc, à l'image de Laurence Ferrari, voir plus haut. Au fait, comment ladite se serait-elle déguisée face à Hitler? En fermière bavaroise aux tresses couleur de blé mûr, peut-être!
(1) «Guide pratique de la France à l'usage du libérateur américain» (Payot).
Chronique parue dans la « Charente Libre » le 12 juin.