Le quatrième (et dernier) épisode de la série british «The Promise» était diffusé lundi dernier sur Canal. Auteur: Peter Kosminsky, réalisateur de remarquables fictions politiques telles que «Warriors», sur la mission des Casques bleus en Bosnie, ou «l'Affaire David Kelly», sur le suicide d'un inspecteur de l'ONU accusé d'avoir révélé des informations mettant en cause l'engagement du gouvernement travailliste aux côtés de George Bush dans la guerre en Irak.
« The Promise », récit épique et saga historique, remonte aux racines du conflit israélo-palestinien à travers l'itinéraire de deux personnages, à soixante ans de distance, que rapproche une même prise de conscience face aux événements auxquels ils sont mêlés. Erin, londonienne de 18 ans, invitée en Israël par sa meilleure amie, découvre juste avant son départ le journal intime tenu par Len, son grand-père à l'article de la mort, dans lequel celui-ci raconte au jour le jour sa douloureuse expérience de soldat britannique dans la Palestine des années 40 sous mandat de Sa Gracieuse Majesté. On pense à la jeune fille de Liverpool du « Land and Freedom » de Ken Loach ouvrant la malle aux souvenirs d'un grand-père qui avait rejoint le camp républicain espagnol en 1936. Ici, Erin va refaire le parcours du sergent Len Matthews, débarqué à Haïfa en avril 1945, peu après avoir vécu le choc de la libération du camp de Bergen-Belsen. Sa mission consiste à limiter l'afflux des immigrants rescapés de la Shoah dans leur volonté éperdue de rejoindre la Terre promise. Lui et ses camarades vont bientôt servir de cibles à l'Irgoun, organisation terroriste juive. Dès lors, le passé et le présent s'entremêlent inextricablement d'une séquence à l'autre, dans le va-et-vient entre ce que découvre la jeune fille d'aujourd'hui et ce qu'a vécu le jeune homme d'autrefois. Rien de manichéen, cependant dans cette fiction historique à double détente. Face au sort réservé aujourd'hui aux Palestiniens des territoires occupés (spoliations, humiliations, violences, enfermement), la jeune Erin retrouve les réflexes de son grand-père, le soldat au cœur pur, la même indignation, la même colère devant la plus criante des injustices. Le présent réactivant le passé, et vice-versa. Ce qui permet entre autres à Kosminsky de mettre en parallèle l'attentat aux explosifs perpétré par l'Irgoun à l'hôtel King David, quartier général de l'armée anglaise en juillet 46, et la bombe déposée sous les yeux d'Erin par le Hamas dans un café de Haïfa. Insupportable amalgame aux yeux du CRIF par la voix de son président Richard Prasquier qui appelait à une manifestation devant le siège de Canal Plus à Issy-les-Moulineaux, le 21 mars dernier, pour protester contre la diffusion d' « une série télé orientée et remplie de stéréotypes anti-israéliens et anti-juifs » (sic). Pur délire communautariste, cela va de soi.
« The Promise », film à clé (au sens littéral du terme) est à voir de toute urgence. Prière de déposer ses œillères au vestiaire ! (DVD Studio Canal).
Michel BOUJUT
Billet de blog 20 avril 2011
«The Promise», récit épique
Le quatrième (et dernier) épisode de la série british «The Promise» était diffusé lundi dernier sur Canal. Auteur: Peter Kosminsky, réalisateur de remarquables fictions politiques
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