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Billet de blog 28 décembre 2009

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Comme à Vichy

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est comme une traînée de poudre, une sale rumeur sur nos villes et nos campagnes, un souffle de vent mauvais. Quelque chose qui rampe et se répand dans les consciences : un pot-pourri de nationalisme, d'obscurantisme, d'anti-égalitarisme. La pensée Pétain, la pensée Laval, tout ce qui nous abaisse. Tout ce qui nous enferme dans le pire de nous-mêmes. La haine de soi, la peur de l'autre, la lâche soumission au chef, le zèle dans la répression des hommes libres.


L'esprit de Vichy est de retour, on en a chaque jour la preuve. Petites phrases après petites phrases, ce sont nos ministres sinistres qui orchestrent la grande dérive de ce qui peut être dit. Et ils le disent, ils ne se cachent plus. Ils se lâchent, attendant l'effet produit. Leur parole s'exerce désormais dans le dérapage contrôlé. On teste la résistance d'en face, bien vacillante, on le regrette.

Un jour, c'est le petit grand chef lui-même qui vient vanter en plein air les vertus bien connues de la terre qui ne ment pas. Le lendemain, c'est Eric Besson, le noble et franc compagnon, qui lance son débat débile sur l'identité française, faisant remonter à la surface toute une saloperie qu'on eût cru définitivement enterrée. Une autre fois, c'est le boutefeu de l'Intérieur qui lâche sa plaisanterie sur les « Auvergnats », ou encore ma'me Morano qui ne veut d' Arabes que muets et couleur de muraille, ou l'ancien garde des sceaux, Pascal Clément, qui s'inquiète du jour où il y aura « plus de minarets que de clochers » dans notre douce France...

Mais, grand dieu, à quoi nous préparent-t-ils ? A quelle croisade, à quelle régression ? Et le pape, tenez, pourquoi tient-il tant à béatifier son prédécesseur ? Pie XII qui n'a pas levé le petit doigt pour condamner l'holocauste et qui a été le complice objectif d'Hitler. Souvenons-nous de la photo d'un blondinet allemand de 15 ans en uniforme de la jeunesse nazie (la Hitlerjugend). Qui ? Le futur B. 16. Il n'y a pas de fumée (papale) sans feu (de Dieu) !

Fabrice Luchini, lui, a perdu une occasion de se taire. Mais, je ne vous ne l'apprends pas, l'ancien garçon-coiffeur d'un salon d'Angoulême ne lâche pas facilement le crachoir. « Je suis réactionnaire », répond-il sans détour à notre consoeur du « Monde », Annick Cojean. On sent qu'il ne faudrait pas insister beaucoup pour qu'il se mette à tresser des couronnes à Pétain ! En attendant, c'est à son père qu'il rend hommage, car il « avait, dit-il, le goût de la famille, la passion du travail et une profonde méfiance pour les fausses idées de partage et de politique sociale. » Et il conclut : « Comme moi ! » Il dit aussi : « Je déteste l'hypocrisie de la gauche, son angélisme débile et son obligation de fraternité... »

Tous en chœur, mes frères, un chant de Noël. « Maréchal, nous voilà », peut-être ?...

Chronique parue dans la «Charente libre» du 26 décembre 2009.

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