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Billet de blog 31 mai 2010

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En arrière toute !

Je découvre dans la « Charente Libre » le portrait d'un certain Christian Grollé, alerte quinquagénaire, bien posé sur ses deux jambes. Cet ancien prof de sport et de yoga à Lyon pratique intensivement la marche à pied, mais pas n'importe laquelle: la marche en arrière, méthode chinoise ancestrale, qui sera peut-être un jour une discipline olympique, sait-on jamais.

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Je découvre dans la « Charente Libre » le portrait d'un certain Christian Grollé, alerte quinquagénaire, bien posé sur ses deux jambes. Cet ancien prof de sport et de yoga à Lyon pratique intensivement la marche à pied, mais pas n'importe laquelle: la marche en arrière, méthode chinoise ancestrale, qui sera peut-être un jour une discipline olympique, sait-on jamais. « Quand on marche en arrière, dit-il, on se rapproche de sa jeunesse. » Pour faire connaître (et partager) les bienfaits de cette discipline, il a beaucoup écrit, donné des conférences, animé des stages et organisé des courses un peu partout. Qu'on le prenne pour un dingue ne lui fait ni chaud ni froid. Pour lui, il n'est pas de meilleur sport au monde. Un sport doublé d'une philosophie dont il s'est fait le propagandiste zélé. Depuis trente ans et plus, la marche arrière lui a fait découvrir des sensations extraordinaires, le mettant « en communion avec la nature, dans un état d'extase » (sic). Rien de tel, en effet, pour muscler les jambes et les fesses, redresser la colonne vertébrale, augmenter la quantité d'air dans les poumons, et l'oxygénation de l'hémisphère droit du cerveau. Celui de l'intuition, de la musicalité... et de la sexualité.

Notre adepte aux semelles de vent déconseille vivement l'exercice en ville. Trop dangereux au milieu de la circulation. L'idéal est pour lui de pratiquer ledit « recul » chez soi chaque matin pendant cinq minutes, puis plus longuement sur les petits chemins de campagne ou sur une plage au bord de l'océan. Je vais quant à moi l'expérimenter dès ce week-end si le temps le permet !

A sa façon, Christian Grollé est synchrone avec un temps où la marche en arrière semble la règle en vigueur. Chaque jour ou presque nous met face à une nouvelle reculade dans un domaine ou dans l'autre, une nouvelle régression sociale, un nouveau renoncement. C'est toute la société qui marche à l'envers, au risque d'aller droit dans le mur. Ce qui est ainsi mis en cause, pierre à pierre, détricoté maille après maille, c'est l'héritage de la Résistance, ni plus ni moins. Denis Kessler, ex-vice-président du Medef l'avait reconnu dès 2007, l'an 1 du sarkozysme, proposant cyniquement de « défaire méthodiquement » le programme du CNR (Conseil national de la Résistance) tel qu'il avait été établi en 1944 pour jeter les bases du modèle social à venir : Sécurité sociale, retraites, services publics, liberté de la presse, droit au travail... Le texte en est aujourd'hui réédité aux éditions de La Découverte sous le (beau) titre « les Jours heureux » (1). Lisez-le, ça n'a rien de poussiéreux. En avant toute !

Chronique parue dans la « Charente Libre » le 29 mai.

(1) « Les jours heureux » publié par l'Association Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui (www.citoyens-resistants.fr).


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