À l’approche d’une nuit qui a vu, au cours d’une séance miraculeuse de notre Ensemble Constituant, s’unir dans une même fraternité et le prince et le borgne, et le manant et le hobereau, et le sans-culotte et l’enrubanné, prions ! Prions le Grand Esprit pour que notre désir, qui est aussi le Sien, vienne effleurer, caresser et pénétrer jusqu’au fond de la chausse le mental demeuré obscur d’une race de potentats, d’oligarques et de ploutocrates qui n’auront bientôt plus que leurs yeux pour pleurer, leurs limousines pour s’enfuir tandis que notre volonté, qui est aussi la Sienne, nous unira pour les stopper du côté de Varennes. Et prions, mes frères, prions, mes sœurs, prions pour que le Grand Esprit de l’humanité, le Grand Esprit veillant sur l’horlogerie céleste, nous épargne l’épreuve de devoir égorger, pour cause de maltraitance de notre classe, de nobles messieurs et d’odorantes poulettes, ou encore de les bastonner et de les mettre aux fers avant de leur couper caboche. Ce sont nos frères malgré qu’ils s’en dédisent, et ce sont nos égaux malgré qu’ils nous méprisent et nous ignorent. Mais le Grand Esprit nous éclaire, qui nous adjure d’arrondir les angles, et dans le sens du poil de caresser l’ennemi, lequel reste en réalité, malgré que les médias et la rumeur l’instruisent (du moins le tentent), inconscient de l’abjection à laquelle l’ont mené ses pratiques.
Prions pour que les Bolloré, les Pinault, les Bouygues et leurs protecteurs, les Cahuzac, les Strauss-Kahn et autres Hollande soient touchés par la grâce, et qu’ils expriment par l’abolition de leurs privilèges, votée à l’unanimité de leur caste, l’immense amour qu’ils ressentent pour le peuple, et que le peuple en sa fraternité les libère de leur nuit, et que règne la Lumière !
Ô Grand Esprit, délivre l’espérance en tous lieux de la Terre et que le vingt-et-unième siècle, malgré qu’il soit mal engagé, devienne ce qu’aucun siècle n’aurait dû cesser d’être, celui du plaisir de vivre !
— Monseigneur…
— Je vous écoute.
— Pardonnez-moi, mais il me semble que ces gens, les puissants qui nous tondent, n’appartiennent pas à notre fratrie. S’ils ressemblent comme nous à des Homo sapiens, parfois même des Sapiens sapiens, ce ne sont en vérité que des brutes, des Homo capitalisticus, des Homo neanderthalensis.
— Soit, mais que proposez vous ?
— On les tond à leur tour, le pied au cul et basta !