Un choix politique, notamment à l'occasion d'élections présidentielles, implique une connaissance des candidats, surtout de leurs programmes. C'est vrai pour la France, ça l'est de même pour les États-Unis.
Évidemment, le programme est le plus important. Mais qui, à part quelques électeurs adultes, s'en soucie réellement ? Pas le citoyen Lambda, tout juste extrait de son canapé pour s'en aller glisser dans l'urne le bulletin que lui aura désigné… non pas sa raison, mais le parti politique duquel il se sent le plus proche, parti souvent sponsorisé par les lobbies, leur fric et leurs panneaux publicitaires. Mais un programme est bien souvent trompeur, comme le fut en 2012 celui du président dont nous avons hérité. A priori, nul en effet ne pouvait deviner que le premier secrétaire le brandissait dans le seul but se faire élire par les honnêtes gens et que, sitôt parvenu à la fonction suprême, il le jetterait au rebut. "Mon ennemi est la finance", nous avait assuré le grand homme avant son intronisation. Déclaration qui devrait lui rester en travers de la gorge et que nul Français n'oubliera, pas même les godillots du Parti socialiste.
Il est donc essentiel de s'intéresser également à la personne du candidat, à son curriculum, à sa vie familiale, à ses antécédents, à ses prises de position sur les sujets d'importance, à ses tic, ses toc et ses actions passées. En ce qui concerne Hollande, Jean-Luc Mélenchon nous avait prévenus : Flamby n'était qu'un capitaine de pédalo… Que ne l'avons-nous écouté ! Et qu'est-il allé, lui, au lieu de faire barrage au PS lors des législatives, ferrailler à Hénin-Beaumont contre Marine Le Pen ? Quoi qu'il en soit, laissons notre pays à ses errances, franchissons l'Atlantique…
Là-bas, dans la patrie de Picsou, de McDo et des casinos, la campagne électorale avait correctement démarré : majorettes, flonflons, nombre de postulants côté Répubicains, un couple de rivaux du côté démocrates — et pas des rivaux pour la frime : une candidate conservatrice et bien pensante face à un "socialiste" qui remettait en question la société états-unienne, son égoïsme, son mépris d'autrui et son attrait pour le joyeux western qui fut à l'origine de sa nation.
Après coup, on se dit que Bernie Sanders avait eu toutes les chances de renverser la table et que, quand bien même Hillary l'avait-elle vaincu aux primaires, il aurait pu se maintenir en tant que candidat indépendant, faire appel à la générosité publique pour le financement de de sa campagne, finallement l'emporter face aux lobbies financiers, aux marchands de canons russophobes, aux destructeurs du Moyen-Orient, aux chantres de la morale et aux faucons du Pentagone.
A-t-il manqué de courage ? A-t-il subi des pressions et menaces (genre accident de diligence ou coup de chassepot par derrière) l'ayant poussé à jeter l'éponge ? Il a abandonné, il a baissé son bénard devant JP Morgan et Goldman Sachs, rallié la merveilleuse Folamour et assisté comme nous, atterré mais riant pour ne pas en pleurer, à la victoire inattendue du pitre, du milliardaire ébouriffé qui sut, contrairement à lui, se faire entendre des méprisés, des rancuniers et des aventureux préférant le tortueux, l'inconnu, peut-être une promesse d'Eldorado, à la ligne droite préfabriquée menant le monde à l'étouffement qui se précise ou la déflagration qui nous achèvera tous.
Le grand vaincu des élections américaines n'est ni Bernie Sanders, ni Hillary Clinton, mais le peuple américain qui va bientôt, lui aussi, s'apercevoir qu'il est mortel.
Quant au vainqueur du jour, sous l'apparence du pitre coloré qui va bientôt rentrer dans le rang, c'est la statue d'une Liberté dont le vêtement, déjà, prend la couleur du deuil.
Billet de blog 11 novembre 2016
Les électeurs américains ont-ils eu le choix ?
Sans pousser le bouchon trop loin, un parallèle possible entre les présidentielles américaines et les nôtres.
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