Le coq gaulois monte sur ses ergots.
Il a occupé l’Afghanistan.
il bombarde l’Irak et la Syrie ; civils ou militaires, il ne sait pas faire la différence.
Il patrouille[1] à grands frais en Afrique[2].
Il prend des sanctions contre la Russie, qui coûtent cher à nos agriculteurs.
Il prétend organiser la paix au Proche-Orient[3].
En réalité, il ne mène aucune guerre, faute de moyens techniques et financiers.
il n’est que le supplétif dérisoire des Américains.
Le coq chante à l’aube, tout fier d’avoir fait lever le soleil[4]. Mais le soleil peut se passer de lui, comme il l’a fait en Irak. Et quand le coq menace de bombarder Damas et ses armes chimiques, Obama dit non et le coq range son petit matériel.
Les crédits militaires diminuent. Les matériels sont usés. Les troupes fourbues. Nos gars meurent pour rien.
Les missiles du plateau d’Albion, obsolètes, ont été démantelés en 1996-1998, en même temps qu’on mettait fin au service militaire. La chose militaire est devenue exclusivement une affaire de professionnels qu’il faut recruter, former, équiper, entraîner à grands frais, protéger, loger, nourrir, rémunérer.
Notre unique porte-avion nucléaire est en cale sèche six mois sur douze pour radoub.
Nous dépendons de satellites américains pour lire nos théâtres d’opération.
Nous n’avons pas de drones sérieux.
Une cyberattaque russe paralyserait nos centres de commandement et nos centrales nucléaires, plongeant notre pays dans le chaos et l’impuissance, sans parler du ridicule ; et sans avoir à tirer un seul coup de fusil. Il est vrai que nos grands amis américains pourraient nous faire la même farce, juste pendant une heure, pour nous montrer qui est le chef…
Les rêveurs qui ont abandonné la grandeur de la France[5] pour la grandeur de l’Europe exhaltent les programmes franco-anglais, franco-allemands, franco-européens…
En franco-anglais, notre dernier et piteux exploit a été en 1956 l’invasion de l’Égypte après la nationalisation du canal de Suez : un coup de sifflet bref des grandes puissances a vite mis fin à cette pitoyable équipée. 1956-1962 : fin de notre grandeur ; fin remontant à 1815.
En franco-allemand, nous pouvons exhiber fièrement notre bataillon commun, si seyant pendant les défilés. Si le Luxembourg nous attaque, il nous défendra vaillamment…
En matière européenne, on pourrait parler del'Eurofighter Typhoon, européen mais pas français, ou de l'Airbus A400M, « victime des égoïsmes européens », très en retard, et causant de lourdes pertes à l’avionneur. Il faudrait que l’Europe soit une nation : on en est loin. C’est comme si la Basse Saxe et le Poitou Charente avaient chacun sa propre armée…
Nous somme membres de l’OTAN, qui comporte des alliances et des obligations très dangereuses.
Ainsi, cela fait de nous des alliés obligés de la Hongrie, qui rêve à haute voix de grande Hongrie, octroyant sa nationalité et ses passeports à des magyars indûment colonisés par la Roumanie, la Serbie, la Croatie, la Slovénie, la Slovaquie, accentuant autour d’elle des communautarismes dont ces pays n’avaient nullement besoin…
De la Turquie, qui le 12 mai dernier a fêté en grande pompe la conquête de Constantinople sur les Européens. Et qui commence à dire que Raqqa, Erbil et Mossoul devraient revenir à la grande Turquie[6]. Elle y envoie déjà ses troupes. Allons-nous aider notre allié dictateur à combattre la Syrie et l’Irak ? Et pourquoi pas à massacrer les Kurdes, pendant qu’on y est[7] ?
Et l’obligation de défendre nos alliés de l’Est contre l’irrédentisme grand-russe : sommes-nous prêts à déclarer la guerre à la Russie[8] ? À les affronter sur le terrain ?
Obama avait commencé à nous prévenir : les Européens doivent assumer eux-mêmes leur défense, et ne plus compter sur le parapluie américain.
Avec Trump, le signal va être FORT[9] et CLAIR (Charlie, Lawrence, Alpha, Iraq, Ronald) : nous devons l’entendre cinq sur cinq.
Tout cela coûte très cher et ne sert à rien.
Si, en fait, cela sert exclusivement à faire vendre nos matériels militaires[10], une de nos principales industries d’exportation, grâce à l’étiquette marketing collée dessus : « testés sur le terrain ». Avec l’aide de nos présidents de la république successifs, simples VRP, obligés pour cela à faire des courbettes à divers tyrans, et à baiser les babouches des pétromonarchies qui financent chez nous des attentats.
Si vis pacem, para bellum. Si tu veux faire la paix, prépare la guerre. La seule guerre vraiment nécessaire : la guerre défensive.
Cessons de nous ruiner en vaines guérillas lointaines, avec des matériels trop chers pour nous, pour défendre une grandeur disparue depuis longtemps. Quittons l’OTAN. Et augmentons nos crédits militaires et nos capacités de nous défendre sur notre territoire[11], ce qui impose des choix techniques, notamment informatiques[12], d’une tout autre nature.
En commençant par réorganiser notre défense territoriale, en y associant les citoyens. Et en enseignant aux élèves des écoles les réflexes élémentaires de vigilance, de sécurité et de secourisme (et sans paranoïa). En cas d’attentat, ça pourrait servir.
[1] « le plus beau jour de sa vie » a dit Hollande : quel jour grandiose en effet ! Notre général sur place a déclaré ouvertement vouloir « détruire l’ennemi » ; nous sommes redevenus une nation de tueurs, au mépris des lois de la guerre et de la Convention de Genève ; aussi barbares que nos adversaires. Pas de prisonniers ! Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens.
[2] Il s’agit bien sûr de protéger les « intérêts français en Afrique » ; en clair, les intérêts des hommes d’affaires…
[3] C’était déjà la quatrième des 110 propositions du candidat Mitterrand en 1981 : les Israéliens en rient encore…
[4] Chantecler, d’Edmond Rostand.
[5] Gaulle, qui n’avait que ce mot-là à la bouche, l’a rapetissée un grand coup en 1960 en lâchant l’empire africain et malgache et encore un petit coup en 1962 en lâchant les trois départements algériens : il avait compris qu’il ne pouvait pas faire autrement. Mais il a déployé l’arme nucléaire, commencée par ses prédécesseurs : est-elle encore assez à jour, sur nos sous-marins, pour dissuader les Russes ?
[6] Qui n’a jamais existé. Il s’agit de l’empire ottoman ; l’étape suivante devrait donc être de reprendre la Grèce et la Bulgarie ; et le reste de Chypre, naturellement.
[7] Des alliances qu’on n’a pas la volonté ou les moyens d’honorer, ce sont des alliances qu’il faut rompre.
[8] Après des années de baisse de nos crédits militaires, nous avons déclaré la guerre à l’Allemagne parce qu’elle avait envahi notre alliée, la Pologne : on a vu le résultat.
[9] Officialisation à retardement de la fin du P3, soi-disant relation spéciale entre Washington, Londres et Paris.
[10] Matériels dont certains composants essentiels sont américains, ce qui nous rend entièrement dépendants.
[11] Sans refaire l’erreur de la ligne Maginot, si possible…
[12] Notre ministère de la Défense utilise Windows, Internet Explorer, Word, Skype sur ses 200000 ordinateurs.