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Billet de blog 25 septembre 2016

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Les grenouilles demandent un roi

Quand abolirons-nous la monarchie pour rétablir la république ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En 1958, Gaulle et Debré ont rétabli la monarchie en France. Monarchie devenue élective en 1962, mais monarchie quand même.

 La Constitution, en son article 20, dispose que « le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation ».

Ce n’est pas ce qu’il se passe.

Le président décide de tout.

Le premier ministre du reste.

Les ministres, de rien.

Les témoignages abondent.

Certains ministres démissionnent ; ou sont démissionnés.

D’autres avouent sans vergogne : « ce n’est pas moi qui ai décidé cela, c’est Matignon », c’est l’Élysée.

Ou ne sont pas au courant de ce qu’on leur fait dire. Un conseiller de la ministre du travail a lu un communiqué inattendu de son ministère dans le journal : il a interrogé sa ministre, qui n’était pas au courant.

D’un ministre qui démissionne, le président aurait dit : « il m’a trahi avec méthode ».

Propos rapporté par un journal du soir, ensuite démenti par l’Élysée : la confusion est telle que la présidence de la république, une institution publique, se fait un devoir de démentir une parole privée ; une institution publique se fait l’agence de communication d’une personne privée ; elle a été privatisée.

Qu’il l’ait dit ou pas, tout le monde trouve normal qu’il ait pu le dire.

Ce n’est pas là la parole d’un président. Un président dirait : il a manqué à l’intérêt général.

 « Il m’a trahi », c’est la parole d’un chef de bande. Il ne juge pas d’un ministre qu’il est bon ou mauvais, mais qu’il lui est fidèle ou non. Les ministres sont à son service, pas au service de la Nation.

 Tout le monde a l’air de trouver cela normal.

Y compris tous les candidats à la fonction présidentielle. Même ceux qui critiquent cette dérive monarchique et prônent une VIème république.

 Ils parlent comme s’ils connaissaient tous les problèmes des Français, et toutes les solutions. Et tout le monde feint de les prendre au sérieux.

 C’est impossible. Personne ne peut connaître tous les problèmes présents et à venir, et toutes leurs solutions. Ils éludent les questions embarrassantes ou puisent dans les fiches de leurs conseillers de campagne. Qui seront leurs ministres ; ou ne le seront pas.

Quand aurons-nous des candidats qui, au lieu d’avoir réponse à tout, fixeront seulement les grandes orientations, et nous présenteront leur futur gouvernement ? Quand on leur posera une question sur l’éducation, ils diront de la poser au futur ministre de l’éducation ; sur la défense, au futur ministre de la défense.

 Ou ils diront qu’ils ne savent pas, qu’ils n’ont pas d’avis.

 Se forcer à avoir un avis sur tout, c’est se préparer à décider de tout : c’est la dérive totalitaire.

Nous ne sommes pas des grenouilles.

Donner nos voix à ces candidats monarques, ce serait renforcer encore la monarchie.

Donnons nos voix à une équipe, à un gouvernement, pas à un roi.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.