Une météorite est tombée le matin du 15 février dans la région de la ville russe de Tcheliabinsk , à 1500 km à l’est de Moscou, produisant un éclair lumineux éblouissant et une explosion dans l’atmosphère.
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L’objet devait mesurer 17 mètres de diamètre et peser 10.000 tonnes, selon les dernières estimations publiées par la Nasa. La météorite est entrée dans l’atmosphère et s’est désintégrée à 3 h 20 en temps universel coordonné (UTC). L’onde de choc a brisé les vitres de nombreux immeubles. Plus de 1000 personnes ont été blessées et plus d’une centaine ont dû être hospitalisées, d’après les autorités russes. Ce bilan élevé est dû au fait que la météorite est tombée dans une région habitée, alors que le plus souvent de tels objets tombent dans des zones désertiques ou très peu peuplées.
Il s’agit d’un événement exceptionnel : une chute de météorite de cette ampleur se produit une fois par siècle, selon Paul Chodas, de la Nasa. En 1908, une météorite trois fois plus grosse est tombée dans la région de la Tungunska en Sibérie, dans une zone de forêts. Elle aurait tué deux chasseurs, des centaines de rennes et des chiens. Fort heureusement, cette météorite n’était pas tombée dans une zone peuplée, contrairement à celle du 15 février 2013.
Cette dernière est la plus grosse chute observée depuis l’événement de la Tungunska. L’Académie des sciences russes avait initialement estimé la taille de l’objet à quelques mètres de diamètre et son poids à une dizaine de tonnes, mais les informations données par un réseau mondial de capteurs ont conduit à revoir ces chiffres à la hausse. Les nouvelles données ont été fournies notamment par cinq stations infrasons réparties en différents points de la planète.
Ce réseau, conçu pour détecter les explosions nucléaires, est géré par le CTBO (Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires). Il détecte les météorites car elles produisent aussi des infrasons lorsqu’elles pénètrent dans l’atmosphère. La chute de la météorite du 15 février a été détectée notamment par deux stations en Russie et par une autre en Alaska, à 6500 kilomètres de Tcheliabinsk.
Les données infrasons indiquent que l’événement a duré 32,5 secondes, entre l’entrée de la météorite dans l’atmosphère et sa désintégration. D’après les calculs, l’énergie libérée par l’explosion et la chute de la météorite est l’équivalent de l’explosion de 300 à 500 kilotonnes de TNT.
Pour voir une vidéo de la chute de la météorite cliquer ce lien:
http://www.youtube.com/watch?v=c07WBmFcC4o
Selon la revue britannique Nature, cette explosion a été beaucoup plus puissante que celle du récent essai nucléaire coréen, également détecté par le réseau du CTBO. La météorite est apparue dans la région de Tcheliabinsk à 9 h 20 (heure locale), près de l’Oural, produisant une lueur aveuglante qui a ébloui des conducteurs, puis une explosions qui a endommagé des centaines d’immeubles.
Malgré sa taille conséquente, cette météorite était beaucoup trop petite pour être observée à l’avance. Il existe un réseau de télescopes qui surveillent les astéroïdes susceptibles de percuter la Terre, mais il est calibré pour des objets d’une taille allant de 100 m à 1 kilomètre de diamètre.
L’astronome Margaret Campbell-Brown, professeur à l’université de Western-Ontario (Canada), a exposé au magazine Scientific American les principaux éléments rassemblés par les scientifiques sur l’événement du 15 février.
« L’objet se déplaçait à environ 18 kilomètres par seconde, soit 65.000 kilomètres/heure, ce qui est une vitesse typique pour un astéroïde, précise Campbell-Brown. Le fait que cet objet a explosé dans l’atmosphère implique que c’est probablement une météorite rocheuse, de type chondrite (le type le plus courant de météorites), car les objet contenant du fer sont plus solides et explosent seulement au sol ».
Selon l’astronome, le maximum de l’énergie s’est dissipé à 15 ou 20 kilomètres d’altitude, lors de l’explosion dans l’atmosphère, mais l’éclair a probablement débuté beaucoup plus haut, à une cinquantaine de kilomètres.
L’hypothèse la plus probable quant à l’origine de cette météorite est celle d’une chondrite, une roche issue d'un corps céleste évoluant dans la ceinture d'astéroïdes qui se trouve entre les orbites de Mars et Jupiter. Les analyses des fragments recueillis au sol permettront de préciser le type exact de météorite dont il s’agit.
La Nasa indique aussi que cet événement est sans rapport avec le passage à proximité de la Terre, quelques heures plus tard, de l’astéroïde 2012 DA14. ,
Ce dernier, d’un diamètre de 45 mètres et d’une masse de quelque 120.000 tonnes, a « frôlé » notre planète à une distance de 34.000 km.
La succession des deux événements en un bref laps de temps est une pure coïncidence, car les trajectoires des deux objets sont très différentes et ils ne peuvent donc pas être issus d’un même corps parent.