Suite aux événements du 14 octobre 2008 à Montfermeil le responsable de la SécuritéDéparementale de la Seine Saint Denis annonçait que la police allait désormais filmer toutes ses interventions. Les raisons de cette annonce étaient claires: puisqu'on nous filme nous allons filmer !
Les faits:
Le 14 octobre la police est appelée sur les lieux d'incidents qui se déroulent à Montfermeil, en Seine Saint Denis. Alors que la situation semble maîtrisée les policiers passent les lieux au peigne fin. Certains retrouvent un jeune homme dans l'entrée d'un immeuble selon les témoiganges. Comme un manifestant ne ressemble jamais autant qu'à un autre manifestant celui-ci est appréhendé. C'est à ce moment qu'un voire deux policiers, selon les images, frappent à plusieurs reprises un jeune homme à terre avec leurs "tonfas" voire avec une crosse de "flash-ball". La sournoiserie d'un habitant des lieux fait que la scène est filmée et l'instantanée cinématographique transmise immédiatement à l'IGS. Deux précautions valant mieux qu'une une copie est également envoyée à la presse. Le procureur déclenche une instruction relayée par l'IGS qui conduit son enquête. Le 22 octobre, après avoir reconnu les faits, quatre policiers sont mis en examen.
C'est alors que le 23 octobre le Directeur de la Sécurité Départemenale signifie à la presse qu' "un cameraman de la police devrait être recruté pour surprendre les violences commises contre la police, légitimer notre action et l'emploi de la force".
Quels sont les objectifs du Directeur Départemental de la Sécurité avec une telle annonce ?
Si l'objectif du Directeur de la Sécurité Départementale est de pouvoir dire "on leur a fait mal mais eux aussi nous ont fait mal", ou encore "c'est pas nous qui avons commencés", il sera interessant de voir la réaction des magistrats.
Aucun citoyen ne reprochera à la police de sa ville, de sa région voire même de son pays de maintenir l'ordre aux portes de chez lui. Chacun sait que la situation a dérivé depuis des années et que la reprise en mains est délicate. Mais c'est bien là le métier des policiers que de maintenir l'ordre en faisant en sorte de ne jamais pouvoir dire: " on a battu celui-ci car regardez comme il a été méchant avec nous !".
Si c'est là l'objectif du Directeur il est fort à parier qu'il ne créera qu'un peu plus de confusion avec les magistrats mais aussi avec nous tous, pauvres citoyens. Ce n'est pas parce que des affrontements ont eu lieu et qu'ils ont été éprouvant que les policiers doivent s'en prendre physiquement à une personne, qui plus est hors du contexte des événements.
Les magistrats ont fait leur travail, les policiers doivent faire le leur et "faire du cinéma" à propos !
Le Procureur et les magistrats ont fait leur travail et on peut penser que la diffusion du film les y a aidé un peu. Informé de la situation le Procureur a réagi rapidement. La mise en examen des deux policiers est intervenue sou 8 jours après les faits, et deux autres policiers ont également été inculpés. L'IGS semble avoir réagi également rapidement et comme pour se dédouaner on apprend par la presse que l'un des deux coupables n'est pas aussi transparent qu'il y parait.
Que le Directeur de la Sécurité Départementale nous dise qu'il souhaite que les policiers fasse du cinéma ne dérangera personne. Mais qu'il ne nous dise pas que les preuves qu'il avancera seront autant de circonstances atténuantes aux événements qui se sont déroulés. Rien dans la mission de maintien de l'ordre de la police ne justifie ce genre de déviations et la hièrarchie policière en est parfaitement consciente.
Cinéma contre cagoules ?
Puisque le cinéma même amateur peut désormais servir de preuve, le cinéma policier doit servir à identifier les "agresseurs" et uniquement à cela.
Nous risquons d'être confrontés rapidement à deux nouveaux problémes: que policiers et manifestants ne nous montrent pas la même vision des événements et que la marché de la cagoule prenne un nouvel essort.