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Billet de blog 10 juin 2015

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Les inconvénients de la circoncision pour les femmes (le prépuce, un tapis rouge)

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            Il est connu depuis l'antiquité que le prépuce contribue au plaisir féminin :

"La femme qui s'est livrée à l'amour avec un incirconcis peut difficilement se séparer de lui."[1] 

             Quatre enquêtes ont confirmé cette observation empirique. Les deux premières portent l'une[2] sur 139 femmes, l'autre[3] sur 35 femmes ayant eu des rapports avec des intacts et des circoncis. Portant sur un grand nombre de sujets, 5 550, et leurs épouses, la troisième[4] est particulièrement crédible. La quatrième[5] est intéressante parce qu'elle a été menée à long terme (hommes mariés avec la même épouse pendant plus de cinquante ans). Les résultats sont identiques : les intacts satisfont mieux leurs partenaires qui relèvent chez eux moins de conclusions prématurées, ils leur apportent davantage d'orgasmes et moins d'irritation. Goldman confirme en suggérant que les circoncis divorcent davantage[6].

            Les deux premières études expliquent que le prépuce limite les frottements irritant le vagin, pour cinq raisons : (1) les entiers n'ont besoin que de trois minutes pour parvenir à l'orgasme et peuvent prolonger cette durée au besoin, (2) ils recherchent les sensations douces procurées par l'exquise sensibilité érogène et de toucher fin du prépuce (celle du gland est purement érogène) par des mouvements d'amplitude modérée, dans un acte moins gymnastique, plus lent, doux et tendre (le bang-bang de Jack Nicholson ne peut être comparé à la douceur aérienne des scènes d'amour de Michelangelo Antonioni), (3) n'étant plus une muqueuse, le gland circoncis, devenu une peau calleuse, dix fois plus épaisse[7], a perdu sa délicatesse et son moelleux, (4) le prépuce coulisse sur la hampe si bien que les frictions contre le vagin sont réduites, (5) par sa mobilité et ses replis, il joue un rôle semblable à celui des segments d'un piston et limite l'évacuation des sécrétions vaginales par la couronne du gland. La plus grande sensibilité des intacts est donc contrebalancée par une meilleure lubrification, ce qui est particulièrement apprécié par nos compagnes âgées.

            A l'inverse, Hammond[8] signale : "une extraordinaire stimulation nécessaire à l'orgasme". Pour compenser leur perte de sensibilité, les circoncis ont besoin d'une grande amplitude de mouvement qui, par massage profond du gland, leur permet une simulation suffisante d'un organe devenu relativement insensible. Mais cela frotte rudement la muqueuse vaginale. Selon l'étude de Frisch, leurs partenaires ont d'une part des difficultés plus fréquentes pour parvenir à l'orgasme, d'autre part, quatre fois plus souvent (12% versus 3%), des douleurs dans les rapports (dyspareunie). Le comble est atteint avec les monstrueuses pratiques de l'excision et du "dry sex". En supprimant la lubrification naturelle, elles raccourcissent la durée de leurs laborieux efforts. C'est au prix d'irriter le vagin et même, très souvent, de douleur pour la femme mais il arrive que certains de ces messieurs résistent lorsque leur partenaire excisée veut utiliser un lubrifiant pour la diminuer[9]. En conséquence, comme confirmé par les rapports 2004 et 2006 d'ONUSIDA qui ont révélé la contamination de 13 femmes pour 10 hommesen Afrique, la circoncision aggrave la transmissibilité du SIDA aux femmes. En Afrique subsaharienne,les femmes représentent 59% des contaminés et 75% des séropositifs de 15 à 24 ans. Une étude[10] a montré que le risque de contracter l'épidémie est de 55% plus élevé pour les compagnes de circoncis séropositifs dans les deux années suivant la circoncision de leur compagnon (cette dernière, inutile, est effectuée pour que ces derniers ne soient pas "discriminés" !). Si le risque est diminué de 50% à 60% pour les hommes mais augmenté d'autant pour les femmes, alors les éventuels fœtus, non-inclus dans la statistique, devraient faire la décision contre la circoncision.

            L'intégrité préputiale offre un autre avantage lors du coït : un prépuce non rétracté, se déroulant graduellement, facilite l'intromission[11], [12], [13].

             La nature a prévu l'amour muqueuse contre muqueuse (certains y voient une promesse d'échanges subtils) et non peau contre muqueuse : ce n'est pas un exercice de gymnastique ou de massage mais une démonstration de tendresse.


[1] Midrash rabbah. Genèse, LXXX : 11.

[2] O'Hara J., O'Hara K. The effect of male circumcision on the sexual enjoyment of the female partner. BJU int 1999 ; 83 (suppl. 1) : 79-84.

[3]Bensley G., Boyle G. Effects of male circumcision on female arousal and orgasm. N Z med j 2003 ; 116 (1181) : 595-6.

[4]Frisch M, Lindholm M, Grønbæk M. Male circumcision and sexual function in men and women: a survey-based, cross-sectional study in Denmark,Int J Epidemiol, 2011, 1-15.

[5] Hughes G. Circumcision : another look. Ohio medicine 1990 ; 86 (2) : 92.

[6] Goldman R. Circumcision : the hidden trauma. Boston : Vanguard publications ; 1997.

[7] Foley J. The unkindest cut of all. Fact magazine 1966 ; 3 (4) : 2-9.

[8] Hammond T. A preliminary poll of men circumcised in infancy or childhood. BJU 1999 (83) suppl. 1: 85–92.

https://www.academia.edu/9993250/Preliminary_Poll_of_Men_Circumcised_in_Infancy_or_Childhood_1999_

[9] Piet E. Séminaire I.N.E.D. Paris, 10 décembre 2009.

[10] Wawer M., Makumbi F., Kigozi G., Serwadda D., Watya S., Nalugoda F. and others. Circumcision in HIV-infected men and its effect on HIV transmission to female partners in Rakai, Uganda : a randomised controlled trial. Lancet 2009 (374-9685) : 229-237.

[11] Whiddon D. The Widdicombe file. Lancet 1953 ; (15 Aug) : 337-338.

http://cirp.org/library/general/widdicombe

[12] Morgan W. The rape of the phallus. JAMA 1965 ; 193 : 123-4. http://cirp.org/library/general/morgan/

[13] Taves D. The intromission function of the foreskin. Med hypotheses 2002 ; 59 (2) : 180.

http://cirp.org/library/anatomy/taves1

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