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Billet de blog 19 juin 2015

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Abraham contre la circoncision, l'énigme des deux Alliances (Genèse 15 et Genèse 17)

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            Notre découverte que le Deuxième Commandement interdit la circoncision nous a valu l'appui du Professeur Thomas Römer, titulaire de la chaire "Milieux bibliques" du Collège de France : 

"Vous avez raison d'affirmer que Gen 17 présente une autre vision de la circoncision que Gen 15 ou le Deutéronome. Les rédacteurs "laïques" étaient apparemment moins intéressés par cette pratique voire même opposés à celle-ci. L'expression "circoncision du cœur" pourrait même contenir une position polémique contre la "circoncision de la chair."[1]

            Mis sur la voie par l'éminent exégète qui a démontré que la Bible était un livre d'histoire avant de devenir un livre religieux et instruits par les découvertes relatées dans "Les secrets de l'Exode"[2][3], que nous renforçons, nous avons pu expliquer les différences entre Genèse 15 et Genèse 17. Nous allons voir que Genèse 15 relate l'abolition de la circoncision par le jeune Abram. C'est pourquoi, en Genèse 17, elle lui fut imposée de force – non par dieu mais, selon la découverte des frères Sabbah, par un tyran.

            Nous avançons l'idée que l'exigence du tyran de la circoncision à la naissance était le seul moyen de remettre en vigueur une pratique dont les adultes ne voulaient pas pour eux-mêmes. Mais ils durent la subir, à Gilgal (Josué, 5 : 2-9), après la mort de Moïse.

            Les égyptologues Messod et Roger Sabbah ont découvert que les premiers Juifs furent une secte égyptienne localisée dans la ville d'Akhetaton (Tell el Amarna), où le jeune Abram (le pharaon Akhenaton ou Aménophis IV) fonda un monothéisme. De plus, nous allons voir qu'il abolit les mutilations sexuelles (excision et circoncision). Une pareille hérésie fut insupportable au reste du pays et, après sa mort, les dissidents et leur chef Moïse furent bannis dans une ancienne colonie à reconquérir : la Palestine. Les frères Sabbah ont montré que le "Dieu" de Genèse 17 était le régent (ou vizir) Ay (Adonaï, le Joseph de la Bible), devenu pharaon (un Dieu vivant) après la mort d'Akhenaton. Plus tard, devenu Ramsès 1er (Ra-Mesou) à la mort d'Ay, Moïse reprit le flambeau du monothéisme et fut un adversaire de la circoncision bannie de l'Alliance au Sinaï. Selon les frères Sabbah, Akhenaton-Abraham est né au palais royal de Thèbes, la capitale de l'Egypte, et non à Ur. C'est dans les prisons de Babylone que, pour obtenir leur libération en faisant croire aux Assyriens qu'ils étaient originaires d'Assyrie, les Hébreux ont inventé ce mensonge. Mais revenons aux origines, au chapitre 15 de la Genèse :

"Je suis l'Éternel, qui t'ai sorti d'Our-Kasdim, pour te faire donation(*) de ce pays. Il répondit : "Dieu-Eternel, comment saurai-je que j'en hérite?" Il dit : "Prépare moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans,

un bélier de trois ans, une tourterelle et un jeune pigeon.

Abram prit tous ces animaux, divisa chacun d'eux par le milieu et mit chaque moitié en regard

de  l'autre, mais il ne divisa point les oiseaux. Les oiseaux de proie s'abattirent sur les corps ;

Abram les mit en fuite." (Gen 15,7-11, traduction du rabbinat, Editions Colbo)

Ce passage s'interprète à la lumière des rituels judaïques qui énoncent symboliquement

la loi jusque dans les menus des repas de fêtes.

Il raconte de façon imagée, indéchiffrable par les Assyriens, la toute première "alliance"

entre le jeune Abram et son père le pharaon, Seigneur et maître du pays. La mise à part des oiseaux semble mystérieuse ; pourquoi Abram ne les coupe-t-il pas comme les autres animaux ? Mais tout simplement parce qu'il n'y a nul besoin de "couper" des êtres qui, à la différence des mammifères, n'ont pas de prépuce. Si bien que le partage des autres animaux symbolise la circoncision et que ce sacrifice animal se substitue au sacrifice humain des mutilations sexuelles (il est vraisemblable qu'en Egypte, les deux sexes subissaient la mutilation). En conséquence, ce verset de la Bible abolit les mutilations sexuelles (excision et circoncision) dans la ville concédée par le père à son fils. En prenant soin que les cadavres restent exposés à la vue du peuple, Abram exprime son

horreur de la barbarie des mutilations sexuelles. Donnant une image olfactive de la répulsion que lui inspirent ces coutumes primitives, il témoigne de l'importance qu'il accorde au respect de l'intégrité du corps humain.

            Cette première Alliance (entre Aménophis III et son fils) porte sur la terre égyptienne promise au fils par le père :

"Ce jour-là, l'Eternel conclut avec Abram un pacte, en disant : "J'ai octroyé à ta race ce territoire depuis

le torrent d'Egypte jusqu'au grand fleuve, 

le fleuve Euphrate… "(Gen15 :18)

et même sur la grande Egypte incluant l'Assyrie, tout cela en parfait accord avec la thèse des "Secrets de l'Exode" qu'Abram était le fils du pharaon Aménophis III. Mais rien sur le pays de Canaan et il n'est question ni de rallonger le nom d'Abram, ni de lui mutiler le pénis ou ceux des nouveau-nés.

Cependant, l'Alliance de Genèse 17 fait allusion à cette première alliance :

"Je maintiendrai mon alliance avec toi,… " (17 : 2),

L'Alliance de Genèse 15 est ainsi de façon certaine la toute première Alliance entre l' "Eternel" (la lignée des pharaons) et Abram.

            Selon les frères Sabbah, très religieux, Abram n'était pas intéressé à diriger l'Egypte. Il laissa le pouvoir au Régent Ay qui devint le "Seigneur" et "Dieu" du pays où il maintint les mutilations sexuelles et le polythéisme.

            Mais l'hérésie d'Abram provoquait des troubles. En Genèse17, Ay bannit Abram au pays de Canaan et lui impose de force la circoncision. Ay cède sur la dramatique excision des filles mais remet en vigueur la circoncision, à la naissance pour éviter toute résistance. Abraham et ses fidèles n'obéirent pas à l'ordre de bannissement

mais résistèrent et maintinrent le monothéisme à Akhetaton pendant le reste de sa vie, au prix du conflit qui sera résolu par l'Exode. Le peuple

résista à la circoncision des bébés ; les frères Sabbah affirment que ce fut la dixième plaie (p. 393) car, dans des conditions d’hygiène douteuse, elle provoquait de nombreux décès. Nous mettons donc fin à la fable d’une circoncision par obligation divine. Aucun Dieu n’est jamais venu remettre en question l’identité humaine, sa propre création. Seul un tyran a jamais pu imaginer pareille abomination.

            Jointe à celle concernant le Deuxième Commandement, cette découverte relativise fortement la circoncision comme l'un des fondamentaux du judaïsme, lequel s'est distingué de la religion primitive par le monothéisme bien sûr, mais aussi par l'abandon des mutilations sexuelles. Le judaïsme originel, authentique, est né en réaction aux mutilations sexuelles, réaction qui a duré jusqu’à la mort de Moïse.

            Attribuer à Dieu plutôt qu'à un tyran l'ordre de castrer les enfants de leur organe autosexuel est le plus monstrueux mensonge de l'histoire de l'humanité. Cette falsification de la Bible fut très postérieure aux événements qu'elle relate. Prêter la circoncision et le don de la terre de Canaan à un Dieu immatériel plutôt qu'au Pharaon eut un but politique : donner un fondement indiscutable à la présence des Juifs en Palestine.

ARTICLESLIES

- "Les trois Alliances et la circoncision, une polémique trimillénaire ; la Bible falsifiée, revisitée par l'exégèse moderne (Genèse 15, Genèse 17, Exode 4 : 24-26 et le Deutéronome)

- "Les secrets de l'Exode", un livre de Messod et Roger Sabbah présenté par J-M Tasset


[1] Römer T. Correspondance à l'auteur. 2010.

[2] Sabbah M. et R. Les secrets de l'Exode. Paris : Jean-Cyrille Godefroy ; 2000.

[3] cf. la première page du Figaro du 20 septembre 2000.

(*) plutôt que "donner en possession", selon des rabbins américains qui apportent ainsi un

nouvel argument à la thèse de Messod et Roger Sabbah qu'Abram était le fils du pharaon Aménophis III. Le sacrifice symbolise l'obligation

alimentaire que le pharaon demande à son fils en échange de la donation de la ville d'Akhetaton.

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