Elevé par une des filles du pharaon dans la religion monothéiste et non circonciseuse de son père Akhenaton (Aménophis IV), Moïse avait échappé à la circoncision.
Mais, comme le content les versets suivants de la Bible interprétés à la lumière des "Secrets de l'Exode"(Sabbah M. et R. Les secrets de l'Exode. Paris : Jean-Cyrille Godefroy ; 2000.), le pharaon Aï (Adonaï ou Atonaï), après avoir imposé la circoncision à Abram (le pharaon Aménophis IV qui avait choisi de ne pas régner en faveur du grand Vizir Aï), l'a aussi imposée au fils de Moïse contre la volonté paternelle :
"Pendant ce voyage, il (Moïse) s'arrêta dans une hôtellerie ; le Seigneur l'aborda et voulut le faire mourir (s'il ne faisait pas circoncire son fils). Séphora saisit un caillou, retrancha l'excroissance de son fils et la jeta à ses pieds (ceux du Seigneur) en disant : "Est-ce donc par le sang que tu es uni à moi ?" Le Seigneur le laissa (Moïse)en repos. Elle dit alors : "Oui, tu m'es uni par le sang, grâce à la circoncision !"(Ex, 4 : 24-26)
Ces versets montrent que le pharaon Aï (Adonaï ou Atonaï – cf. "Les secrets de l'Exode") essayait d'obliger Moïse à circoncire l’enfant. Mais Moïse préférait la mort plutôt que de commettre ce crime. Comme Séphora appartenait à une tribu circonciseuse, la circoncision était pour elle une banalité. Pour sauver la vie de son mari, lors d'une scène d'une atroce cruauté, elle coupa le prépuce de l’enfant sous la menace du pharaon qui tenait Moïse enchaîné. Folle de rage d'y avoir été forcée contre la volonté de son époux, elle réconforta ses hommes en bravant le pharaon au péril de sa vie, par un geste insultant : jeter à ses pieds le prépuce coupé. Ce geste fit de Séphora une héroïne du peuple juif et scella une alliance familiale contre pharaon et la circoncision.
Le pharaon resta coi ; il savait très bien ce qu'il avait fait par ce crime et s'estimait satisfait. Consciente d’avoir contrarié son mari, Séphora lui présenta ensuite une excuse folle qui témoigne de sa profonde perturbation d’avoir dû commettre un crime pour en empêcher un autre. En ne disant rien, en la laissant répondre elle-même à sa question, Moïse a respecté son geste qu’il abominait. Quel grand amour, quel grand couple !
Sa circoncision traumatisa l'enfant. Quarante plus tard, après la mort de son père, Séthy Ier, qui avait été moqué par ses camarades intacts, réinstaura la circoncision à Gilgal (Josué, 5 : 2). Désireux d'envahir la Palestine, pour soumettre ses troupes, il ordonna le crime collectif qui préluda au génocide de Jéricho.
Une toute autre interprétation résulte de l'appellation juive du nouveau-né : "chatan" (marié). Elle donne à penser que Séphora s'adressait à son fils et que la circoncision est un mariage symbolique avec la mère.
ARTICLES LIES :
- "Les secrets de l'Exode", un livre de Messod et Roger Sabbah présenté par J-M Tasset