On veut bien payer, mais à une seule condition : ne pas payer !
Mais non ! Le brave Axel Poniatowski n'avait pas craqué. Il s'agit bien d'une indemnisation. Ce mot – dont manifestement il ne sait plus quel sens il a –, notre brave rapporteur se plaît même à le ranger dans un grand titre en caractères gras :
"b) L’indemnisation des familles et le mécanisme du Fonds international de Benghazi."
Voici donc la grande et belle Union européenne et sa sainte Benita Ferrero-Waldner parties pour "indemniser" la Libye de Muammar Gaddhafi...
Qu'avaient donc fait de mal, dans ce pays, les braves infirmières bulgares et le cher médecin, plus tard naturalisé bulgare... mais initialement d'origine palestinienne ?
Qu'avaient-elles(il) fait pour encourir la peine de mort, puis y être condamné(e)s en première instance et en appel ? Et pour que l'Union européenne prenne cela... à sa charge ?
Qui s'agissait-il donc d'indemniser ? Les familles des enfants contaminés par le virus du sida... Pourquoi l'Europe se trouvait-elle impliquée dans cette indemnisation-là ? Qu'avait-elle à voir avec une contamination par le sida ? Quand chacun sait, en France plus particulièrement et grâce à l'illustre Montagnier, que le sida se transmet par la poussière et le ballet des seringues... sous les applaudissements de 144 prix Nobel... et pas autrement.
Mais revenons à notre Rapport...
Certes, le bon Ponia a tout lâché. Mais c'est qu'il s'est laissé troubler par la seconde partie de son titre : "Le mécanisme du Fonds international de Benghazi". Cette manoeuvre-là le fascine. Il trouve que c'est un extraordinaire coup de poker qui a parfaitement réussi. Tellement il s'enthousiasme, tellement il grimpe à cet arbre-là, qu'il en oublie de masquer ce que ses arrières manifestent aussitôt : l'"indemnisation", mon chéri !
Et pourtant, il n'a pas complètement tort, le gaillard... Il y a certainement "indemnisation". Il l'a crié haut et fort. Mais, tout à la fois, il n'y a pas indemnisation... Voici pourquoi :
"Dans le droit coranique, un crime de sang peut être compensé par un versement en argent."
C'est donc pire !...
En effet, que vient faire ici le "crime de sang", oui, "de sang" ? Où est le crime ? Où est le sang ? Qui a tué qui ? Et où donc le sang aurait-il coulé ?
Certes, nous avons vaguement entendu dire que des dizaines d'enfants été morts à l'hôpital de Benghazi... du fait de la poussière... Quant aux seringues, à part un cafouillage... Plus loin dans le temps, nous savons que du sang contaminé par le sida a été vendu par la France à la Lybie, mais ce n'est pas une affaire à confondre avec celle qui nous occupe : nos six martyrs.
Laissons tomber tout cela, et faisons un peu d'ethnologie en compagnie du camarade Ponia qui s'y connaît, à ce qu'il paraît :
"Ce concept, la Diyya, remonte aux temps de l’Orient préislamique mais a été intégré dans le Coran qui en donne plusieurs cas d’application. En vigueur dans plusieurs pays musulmans, la Diyya est d’une grande souplesse puisqu’elle prévoit que l’auteur du dommage et la famille dont un membre a été tué négocient librement le montant de la compensation."
"Tué " !... Où ça ? Quand ça ? En Libye ? Dans quel siècle lointain ?
N'empêche, nous sommes bien équipés... Avec sur les bras quelques "tués"... Pas par la maladie... puisqu'il y a un "auteur du dommage "...
C'est sûr, sans le savoir, nous avons complètement changé de film. Celui-ci a pour titre "Le montant de la compensation". C'est du grand cinéma et qui s'inscrit dans la série très connue : "Le mécanisme du Fonds international de Benghazi ".
L'intrigue principale est donc celle-ci : dans cette affaire, il n'y a pas indemnisation. Il y a Diyya. C'est-à-dire une coutume locale... Quelque chose de tout simplement tribal... Du folklore.
En Occident, on argumente sur la poussière. En Libye, on a la Diyya... Et tout le monde est content.
Ensuite, ce n'est plus qu'une affaire de marchands de tapis, ce qui n'est certes pas le côté le plus désagréable de ce grand film du réalisateur Axel Poniatowski :
"En l’espèce, chaque famille libyenne a finalement accepté 1 million de dollars, ce qui établissait la compensation de l’ensemble des familles à 460 millions de dollars. Ce résultat est le fruit de longues négociations car les familles exigeaient bien davantage, comme le déclare M. Philippe Douste-Blazy, lors de son audition : « lorsqu’on demandait aux familles combien elles voulaient, on parvenait au final à une somme colossale, impossible à atteindre sauf à reconnaître que nous étions coupables nous-mêmes. Il fallait donc revenir dans des eaux plus normales, et c'est Mme Ferrero-Waldner qui a essentiellement travaillé sur ce sujet : par son intermédiaire, la Commission européenne s’est en effet beaucoup impliquée dans le dossier »."
On le voit, jusqu'à un million par enfant, l'Union européenne n'est pas coupable. C'est après que cela se gâte. On aurait pu croire que, dès le premier centime d'indemnisation - appelons cela de la Diyya si l'on veut -, il y a comme une petite culpabilité qui pointe le bout du nez. Mais, arrivés à un million, on ne compte plus, ni les sous, ni les responsabilités : on s'effondre en larmes, tout en demandant pardon à Dieu et aux hommes... Pas quand on est l'Union européenne, apparemment.
Non, ces gens-là n'ont décidément aucun sens de l'honneur... Et, comme on est véritablement salopards, autant l'être jusqu'au bout. Ce à quoi le Rapport de la Commission d'enquête sur les conditions de libération des infirmières et du médecin bulgares détenus en Libye et sur les récents accords franco-libyens et son rapporteur Axel Poniatowski ne se refusent pas une seule seconde :
"L’indemnisation des familles a été admise par l’Union européenne, à la condition de ne pas avoir elle-même à l’acquitter."
C'est ce qu'on appelle... les "droits de l'homme" bourgeois qui sait très bien ne pas payer ce qu'il doit. Et pourquoi donc ? Mais parce que, pour lui, un sou reste un sou.
La maladie de centaines d'enfants libyens... La mort de quelques dizaines d'entre eux... D'accord, d'accord... La Diyya... D'accord, d'accord... On a tué... On va indemniser... D'accord, d'accord... Mais pas un sou ! Ah ça, jamais !...
C'est beau, l'Europe. C'est beau, la France. Et c'est donc notre avenir ! Ainsi est-elle décidément bien bonne, cette mascarade signée Poniatowski !...
Et pourtant nous n'en connaissons pas même le dixième, au point où nous en somme venu(e)s... , c'est-à-dire après ces 41 premiers billets.