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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 2 décembre 2014

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Faussaires de l'économie - 43 : De l'art de mélanger les torchons avec les serviettes

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Thomas Piketty ne redoute pas les formules à caractère universel qui permettent d'affirmer tout et n'importe quoi avant de fournir le moindre commencement d'explication, tant il est vrai que, sans qu'il soit nécessaire d'y réfléchir deux secondes, tous les chemins mènent à Rome. En voici une qui vaut, non seulement partout, mais toujours :

"Toutes les formes de capital ont toujours joué un double rôle, d'une part comme réserve de valeur et d'autre part comme facteur de production. Il nous est donc apparu plus simple de ne pas imposer de distinction rigide entre le concept de patrimoine et celui de capital." (page 85)

 Ainsi, de ce qu'il arrive que tous les feux rouges passent au vert, il ne devrait pas y avoir de grave préjudice à mélanger, selon les convenances de tout un chacun, autorisation et interdiction de passer...

La suite est d'une tonalité tout aussi anarchique, où les guillemets entament une curieuse danse du ventre :

"De même, il nous semblerait peu pertinent d'exclure l'immobilier d'habitation de la définition du « capital », au motif que ces biens immobiliers seraient « non productifs », à la différence du « capital productif » utilisé par les entreprises et les administrations : bâtiments à usage professionnel, bureaux, machines, équipements, etc. En vérité, toutes ces formes de patrimoine sont utiles et productives et correspondent aux deux grandes fonctions économiques du capital." (page 85)

Redisons quelles sont ces "deux grandes fonctions économiques" telles qu'elles nous ont été indiquées précédemment : "réserve de valeur" et "facteur de production", et amusons-nous un peu... en perdant la mémoire, rien que pour voir ce que cela donne en termes sans doute très scientifiques :

"Si l'on oublie un instant son rôle comme réserve de valeur, le capital est utile d'une part pour se loger (c'est-à-dire produire des « services de logement », dont la valeur est mesurée par la valeur locative des habitations), et d'autre part comme facteur de production pour les entreprises et administrations produisant d'autres biens et services (et qui ont besoin de bâtiments, bureaux, machines, équipements, etc., pour réaliser ces productions)." (page 85)

Ben, en voilà, de la production... Avec en particulier, quand vous êtes propriétaire de votre habitation, ce "capital" qui "est utile [...] pour se loger"... puisqu'il peut "produire des « services de logement »", et il va le faire à lui tout seul, sans aucun travail nulle part, en vous reversant sous la forme de ces "services de logement" une rémunération dont on pourra établir la valeur vénale "locative"... en faisant comme si cette habitation se trouvait effectivement sur le marché locatif... D'où il résulte que votre habitation équivaut aux bâtiments qui sont, par exemple, la propriété des multinationales qui, elles aussi - comme c'est bizarre - sont dans le cycle du... capital : votre habitation fait de l'argent, mais, elle, c'est vraiment sans le moindre chichi.

Et l'un dans l'autre, tout cela se vaut même quantitativement (car le monde économique est décidément bien fait) :

"Nous verrons plus loin que ces deux grandes fonctions représentent chacune approximativement la moitié du stock de capital des pays développés en ce début de XXIème siècle." (pages 85-86)

Comme c'est bizarre, n'est-ce pas ?...

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