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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 4 février 2015

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De Gaulle et le gaullisme "historique" : ce cancer qui nous ronge (XXXIV)

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   Une fraternité d’armes réelle pour des buts différents

    Quoi qu’en dise De Gaulle, il ne lui sera pas possible, par la suite, de faire fi des intérêts britanniques au Levant, puisque dans la Déclaration qu’il a transmise au général Catroux, ils sont présents pour une part essentielle dans l’offre qu’il fait aux Syriens et aux Libanais pour obtenir qu’ils lui ouvrent leur porte :
    "Si, répondant à mon appel, vous vous ralliez à nous, vous devez savoir que le gouvernement britannique, d’accord avec la France Libre, s’est engagé à vous consentir tous les avantages dont jouissent les pays libres qui leur sont associés. C’est ainsi que vous obtiendrez sur-le-champ votre entrée dans le bloc de la livre sterling, ce qui ouvrira les plus larges possibilités à votre commerce d’importation et d’exportation. Vos achats et vos ventes avec tous les pays libres se feront librement." (Lettres, page 341)

    Insistons-y : la part qui concerne les Britanniques sera mise en œuvre "sur-le-champ" et non pas aux calendes grecques…

    Dans la conclusion, De Gaulle a d’ailleurs complètement disparu, et la déclaration d’indépendance se trouve mise en perspective dans une systématique qui paraît exclure un retour à la domination coloniale directe.

    C’est sans doute pourquoi, six jours plus, il éprouve le besoin de donner à MM. Muselier, Cassin et D’Argenlieu à Londres, un aperçu sur le dessous des cartes ainsi qu’il les voit (télégramme, Le Caire, 3 juin 1941) :
    "Je veille à maintenir les droits spéciaux ainsi que les intérêts séculaires de la France au Levant dans l’attente du régime nouveau que nous pensons avoir à introduire." (Lettres, page 348)

    Et encore :
    "Tout en proclamant le principe de l’indépendance, nous entendons que le régime du mandat ne soit remplacé que progressivement par le régime qui sera défini entre nous, d’une part, la Syrie et le Liban, d’autre part." (Lettres, page 348)

    Le 7 juin 1941, les troupes franco-britanniques font leur entrée en Syrie. Le 8, des dizaines de milliers de tracts portant la proclamation de Catroux sont lancés par avion sur les populations libanaise et syrienne. Les affrontements qui dureront jusqu’au 12 juillet 1941 auraient fait 3 300 tués ou blessés du côté britannique, 1 066 tués et 5 400 blessés dans les troupes de Vichy, 156 tués et 471 blessés dans celles de la France Libre.

    Mais, dès le 26 juin 1941, dans Damas prise, Charles De Gaulle confirme cet engagement qu’il n’a pourtant pas la moindre intention de tenir :
    "La France Libre a proclamé l’indépendance de la Syrie. Il s’agit que cette indépendance devienne, au plus tôt, une réalité." (Lettres, page 369)

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