La preuve institutionnalisée de la culpabilité occidentale dans l'affaire de l'hôpital de Benghazi
Reprenons les derniers mots d'Axel Poniatowski :
"L’indemnisation des familles a été admise par l’Union européenne, à la condition de ne pas avoir elle-même à l’acquitter."
L'indemnisation étant admise, une faute est donc reconnue... Mais non, justement pas, puisque l'Union européenne ne paiera pas. Et pourquoi, après avoir indirectement admis la faute, l'Union européenne ne paiera-t-elle pas ? Pour le savoir, il suffit de lire la phrase qui suit celle que je viens de rapporter :
"Si l’Union européenne, la Bulgarie ou tout autre Etat avaient accepté de la payer, cela aurait valu explicitement reconnaissance de la culpabilité des infirmières et du médecin."
On ne paie pas... pour ne pas reconnaître la faute des infirmières et du médecin..., mais on admet l'indemnisation d'une... faute. Comment sortir de ce dilemne ? Par exemple, en admettant que ces personnes n'ont pas commis une faute que pourtant elles ont commise... Autrement dit : qu'elles ont agi sur ordre. De qui, et dans quel cadre ? Toute cette affaire ne serait-elle pas tout simplement une manoeuvre d'exfiltration d'agents d'exécution des services secrets... bulgares ?... agissant pour le compte de...
Ce n'est peut-être pas au beau milieu du rapport rédigé par Axel Poniatowski dans le cadre des travaux de la Commission d'enquête du Sénat qu'il faut aller chercher cela. Mais nous pouvons d'ores et déjà y penser.
Cependant que le brave Axel réalise un fameux coup d'épaule qui retourne l'ensemble du dossier comme une crêpe. Étudions-le au ralenti pour en mieux apprécier la technique :
"De son côté, l’État libyen ne pouvait officiellement déclarer qu’il indemniserait les familles, sauf à admettre ses carences. Il fallait donc mettre en place un mécanisme par lequel l’Union européenne restait fidèle à ses principes sans que l’Etat libyen perde la face. Tel a été le rôle du Fonds international de Benghazi dans le règlement de cette affaire."
C'est pourtant bien le même rapporteur qui avait affirmé précédemment :
"Ainsi M. Pierini a-t-il estimé entre 50 et 60 millions de dollars les sommes dépensées par les autorités pour apaiser la colère des familles."
En admettant qu'il s'agissait d'une indemnisation, c'est-à-dire de la couverture d'une faute... d'une couverture de la faute, et que cette indemnisation ne faisait que couvrir la faute sans la reconnaître, d'où vient que l'Union européenne éprouve le besoin d'indemniser à son tour cette faute dans laquelle elle n'est pour rien... puisque l'indemnisation libyenne démontrerait la faute libyenne ?...
Ainsi, pourquoi "fallait-il donc mettre en place un mécanisme... sans que l'État libyen perde la face", alors qu'il s'agit, selon le sieur Poniatowski, d'une affaire désormais entendue puisque, déjà, la Libye a versé des indemnisations à n'en plus finir ?...
Continuons à dérouler l'écheveau... Mais à notre façon, cette fois-ci.
Selon ce que nous pouvons en pressentir : le Fonds international de Benghazi va se présenter comme un mécanisme destiné à éviter à l'Union européenne de perdre la face, et aux services secrets d'avoir à avouer leurs activités criminelles en Libye.
Ainsi l'Union européenne ne peut-elle que faire profil bas dans la manipulation de ce machin-là :
"Sa mise en place a été relativement rapide, mais difficile, compte tenu des inquiétudes des familles des victimes et d’exigences politiques du gouvernement libyen."
Car, dans l'affaire, le gouvernement de la Libye pouvait exiger... À quel titre donc ?
Ceci dit, il ne s'agissait pas d'une toute petite affaire. C'est le moins qu'on puisse en dire, puisque c'est l'essentiel des intérêts occidentaux qui vient y tremper le petit doigt, tandis que le ministère britannique des Affaires étrangères tient la plume... Lisons l'Axel :
"Après l’annonce de l’initiative britannique, un groupe intergouvernemental de négociation, réunissant dans un premier temps le Royaume-Uni, la Bulgarie, les Etats-Unis et la Libye, puis élargi ultérieurement à la Commission européenne, a travaillé sur les statuts du Fonds (rédigés par le Foreign Office britannique) jusqu’en décembre 2005."
Le crime occidental à recouvrir par cette manoeuvre particulièrement charitable n'était donc pas qu'une peccadille... pas qu'un peu de poussière... pas que quelques seringues en folie... Et tout ce beau monde le savait pertinemment.
Enfin, ce fut fait et bien fait, nous dit Axel :
"Le Fonds international de Benghazi (FIB) a été officiellement créé le 19 janvier 2006, à Tripoli."
Vraiment, s'il avait été possible de n'incriminer que le mauvais état du système hospitalier de la Libye, n'y aurait-il pas eu un vrai délire à procéder à une indemnisation sans indemnisation à travers un appareil d'une telle ampleur et d'une telle sophistication ? Car, ne nous y trompons pas :
"Juridiquement, le FIB est une organisation non gouvernementale de droit libyen, dont les statuts ont été déposés devant le conseil supérieur du peuple (Parlement libyen). Son conseil d’administration comprend cinq membres : le Croissant rouge libyen, une organisation non gouvernementale bulgare, le Centre de Benghazi pour les maladies infectieuses, le collège médical Baylor de Houston, spécialisé dans la coopération internationale en matière de sida et le Plan d’action de l’Union européenne pour Benghazi, qui émane de la Commission européenne."
Mais, bien sûr, quand on aime, on ne compte pas... Qu'y avait-il donc de si aimable dans la Libye de Muammar Gaddhafi ? La question se pose, quand on voit maintenant à quoi ce pays de cocagne a été ramené. Car c'était effectivement un pays de cocagne...
Cf. "La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011)" de Françoise Petitdemange :
http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr