Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

279 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 janvier 2015

Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

De Gaulle et le gaullisme "historique" : ce cancer qui nous ronge (XIII)

Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

    Quand Charles de Gaulle attaque

    Fort de résultats qui ne lui doivent pratiquement rien, le Général décide de tenter enfin un gros coup, celui dont il rêve depuis qu’à quinze ans il se voyait déjà, pour ses quarante ans, à la tête de deux armées françaises occupées à écraser l’Allemagne sous les yeux admiratifs de l’Europe entière.

    Il n’est encore que chef d’un peu plus de 10 000 Français libres, il n’a guère d’armements, mais il a Winston Churchill dans sa manche, un Winston Churchill déjà bien prévenu contre lui, mais qui n’a pas encore tout compris de la pauvreté d’esprit et de cœur de celui qu’il a recueilli au pire d’une catastrophe partagée.

    Le 31 août 1940, De Gaulle s’embarque sur le Westernland pour une opération franco-britannique qui, si tout va bien, devrait déboucher sur le ralliement à la France Libre des territoires de l’Afrique occidentale française. Il s’agit d’obtenir que le port de Dakar s’ouvre devant De Gaulle et ses hommes, en laissant planer la menace d’une intervention musclée de la marine de guerre britannique qui est là et bien là. Quinze jours plus tard, Churchill, resté à Londres, fait savoir à De Gaulle qu’en raison de l’arrivée de navires envoyés par Vichy l’affaire est devenue impossible. Sûr de son fait, le Général opte pour la position inverse, et le dit par un télégramme du 17 septembre 1940 ainsi libellé :
    "Ayant été informé de la décision nouvelle et négative prise par le gouvernement britannique concernant l’opération « Menace », je désire insister personnellement et formellement auprès de vous pour que le plan visant à la reconstitution de l’Afrique française par Dakar soit maintenu et exécuté."

    C’est la première et la dernière action directe de Charles de Gaulle dans un contexte de guerre. Plus jamais les Anglo-Saxons ne le laisseront intervenir où que cela soit.

    Observons d’abord comment il se comporte… avec des Britanniques qui s’offrent ici en gentlemen puisqu’ils vont lui laisser la bride sur le cou jusqu’au-delà du raisonnablement possible.

    C’est qu’il a son plan :
    "Pour le moins, au cas où le gouvernement britannique maintiendrait sa décision nouvelle et négative concernant l’action directe sur Dakar par mer, je demande la coopération immédiate des forces britanniques aériennes et navales ici présentes, pour soutenir et couvrir une opération que je conduirai personnellement avec mes propres troupes contre Dakar, de l’intérieur, en partant de Kaolack, via Thiès." (Lettres, page 115)

    Et le voici à la manœuvre... en particulier pour la coordination avec la manœuvre... terrestre dont il est le promoteur…

    Le 20 septembre, il télégraphie à l’amiral Cunningham :
    "Ce qui s’est passé pour les croiseurs de Vichy donne à penser que nous pouvons trouver à Dakar un état moral favorable. Dès lors, l’importance de la mission Boislambert devient tout à fait capitale. Mais Boislambert a besoin de trois jours. Je demande donc que l’opération soit exécutée le lundi 23 septembre." (Idem, pages 117-118)

    En attendant, nous retenons notre souffle.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.