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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 5 mars 2015

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De Gaulle et le gaullisme "historique" : ce cancer qui nous ronge (LIII)

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    Marchand de vent

    Aux Libanais, Charles De Gaulle déclare :
    "Nous considérons qu’il est équitable et qu’il est utile d’établir la souveraineté et l’indépendance réelle de l’État du Liban, non seulement pour le Liban lui-même qui trouvera dans cette indépendance et dans cette souveraineté les meilleures conditions de son développement national, mais pour la France elle-même qui, dans ce régime nouveau, aura, j’en suis convaincu, les meilleures garanties possibles de ses intérêts séculaires et présents sur votre sol." (Lettres, III, page 23)

    Comme on s’en doute, l’élaboration du traité qui devra organiser ces garanties ne va pas être une promenade de santé pour les Libanais… Ce n’est pas ce qui suit qui pourra les rassurer, tant cela annonce des délais évidemment sans fin :
    "Messieurs, dans cette guerre mondiale et morale, notre présence parmi vous signifie que la France continuera à contribuer avec vous à défendre vos libertés contre ceux qui les menacent." (Lettres III, page 23)

    Car, à nouveau, De Gaulle sera, bien sûr, le juge suprême de la qualité de ces libertés et des menaces qui paraîtraient risquer de les mettre en cause…

    Le discours devant les Français de Beyrouth permet à De Gaulle de renouveler les habituelles fantasmagories centrées sur la sinistre croix de Lorraine qui n’est rien que son double :
    "Mais nous savons aussi ce que l’on pense et ce que l’on dit dans toutes nos villes et dans tous nos villages. Nous savons vers qui se tourne la pensée des foules françaises, nous savons quelles sont les inscriptions qu’on étale là-bas sur les murs, nous savons quels sont les insignes qu’on porte en secret sur les cœurs, et nous savons, quant à nous, que, jour après jour, nous n’avons cessé, depuis un an, de grandir en nombre, en force et en résolution." (Lettres, III, pages 26-27)

    Après le Liban, la Syrie. Le 29 juillet 1941, à Damas, De Gaulle s’adresse aux Français :
    "Nous savons d’ailleurs qu’en chemin nous sommes suivis ardemment par la pensée d’une immense majorité nationale. Nous avons mille renseignements sur ce qui se passe et sur ce qui se pense chez nous. Nous connaissons ce que l’on dit et écrit dans toutes nos villes et nos villages. Nous savons quelles sont les inscriptions qui s’étalent sur les murs et les insignes que l’on porte en secret sur son cœur. Nous savons quelle est la radio que l’on écoute avec passion." (Lettres, III, page 30)

    Après quoi, Charles De Gaulle peut tirer, dans son télégramme du 1er août 1941 pour Cassin à Londres, les conclusions qui lui conviennent quant à "l’état d’esprit général" en Syrie et au Liban :
    "Primo : les Syriens et Libanais désirent que la France reste présente au Levant et qu’elle demeure l’alliée et l’arbitre désignés,
   
secundo : les Syriens et les Libanais ne font aucune difficulté à reconnaître que la France Libre est la France,
   
tertio : les territoires du Levant se remettent de leur émotion et acceptent de travailler sous notre autorité pour la grande majorité." (Lettres, III, page 34)

    Plus question du traité, plus question de l’indépendance à laquelle il devait ouvrir la voie. Quant au mandat… la Société des Nations est décidément très loin.

    Et la dictature militaire persiste et signe (télégramme à Cassin, du 2 août 1941) :
    "Ma présence est actuellement nécessaire ici jusqu’à ce que nous soyons établis dans le Levant d’une manière solide, politiquement et militairement." (Lettres, III, page 35)

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