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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 5 décembre 2014

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Faussaires de l'économie - 46 : Ou comment fonder des lois sur n'importe quoi

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le cas du "capital immatériel" étant particulièrement criant, Thomas Piketty n'hésite pas à reconnaître les à-peu-près que son évaluation par le marché comporte. Ce qu'il n'oublie pas non plus de nous dire, c'est qu'il en va de même pour l'ensemble de ce que dont on croirait pouvoir établir la valeur économique sur le seul prix de marché à un moment donné et en un lieu précis. Est-ce à dire, pour autant, qu'il saurait très bien que, par ce biais, nous n'atteignons que la figure, toujours changeante, plaquée par la loi de l'offre et de la demande sur la quantité de travail mise en oeuvre par-delà le seul échange marchand ?

Pas sûr... Mais laissons-le nous en dire plus :

"Il y a certes un côté largement arbitraire et incertain dans le prix que les marchés financiers mettent à un instant donné sur le capital immatériel d'une société particulière, voire d'un secteur tout entier, comme l'attestent l'éclatement de la bulle Internet de 2000, la crise financière en cours depuis 2007-2008 et plus généralement l'énorme volatilité boursière." (pages 87-88)

Voilà pour le "capital immatériel". Passons à la suite :

"Mais il est important de réaliser dès à présent qu'il s'agit d'une caractéristique commune à toutes les formes de capital et pas seulement au capital immatériel. Qu'il s'agisse d'un immeuble ou d'une entreprise, d'une société industrielle ou de services, il est toujours très difficile de mettre un prix sur le capital." (page 88)

C'est ici que ça dérape d'un bout à l'autre, et que Thomas Piketty s'engouffre dans les décors de ce "capital" auquel, il faut bien finir par le dire, il n'a encore rien compris.

En réalité, il est très facile pour tout capital de se soumettre à une comptabilité précise : tout simplement parce que, en dehors de celle-ci, il n'est strictement plus rien... Du moment où il est capital-argent, à celui où il se trouve transformé en moyens de production, en matières premières, en biens intermédiaires et en main-d'oeuvre, tous éléments à mettre en fonction avec un maximum d'efficacité et d'économie, et à celui, enfin, où il se voit ressortir en marchandises qui vont courir leur chance sur ce marché qui leur donne leur nom, tout est mesuré jusque dans le détail, et doit absolument l'être...

Evidemment, Thomas Piketty va s'en tirer une nouvelle fois en voyant double... Prétendant parler du capital, en réalité terra incognata pour lui, il s'avère qu'il ne nous parlait, encore et toujours, que du patrimoine :

"Et pourtant nous verrons que le niveau global du patrimoine national, au niveau d'un pays pris dans son ensemble et non de tel ou tel actif particulier, suit un certain nombre de lois et de régularités." (page 88)

Laissons-lui sa fierté d'Artaban devant l'effort réalisé et devant la suite des manoeuvres qu'il pense pouvoir conduire pour nous :

"Maintenant que nous avons défini les concepts de revenu et de capital, nous pouvons présenter la première loi élémentaire reliant ces deux notions. Commençons par définir le rapport capital/revenu." (page 89)

Gare à la casse !

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